Du 23 au 27 avril 2024, Camille Paré-Poirier débarque sur les planches du théâtre Duceppe pour jouer «Je viendrais moins souvent». Sa pièce, qui s’inspire des conversations qu’elle a eues avec sa grand-mère entre 2016 et 2020, est une fenêtre sur le deuil, les soins prodigués à l’autre, et le souvenir.

Source : théâtre Duceppe

 

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La pièce de Camille Paré-Poirier connaît sa genèse dans un balado, «Quelqu’une d’immortelle» enregistré de 2016 à 2020 et sorti en 2021 sur Transistor. Dans cette œuvre auditive singulière, Camille parle à Pauline, sa grand-mère. Elles conversent de tout et de rien : la plus jeune pense à son futur, à ce que lui réserve l’avenir tout en posant des questions sur son passé à son ancêtre. Un échange intergénérationnel éclot entre ces deux femmes qui, en plus d’un amour inconditionnel envers l’autre, ont du temps. L’une parce qu’elle est retraitée et l’autre parce qu’elle manque de travail.

Quand elle a commencé à enregistrer sa Pauline, Camille venait d’arriver à Montréal et sa carrière de comédienne ne décollait pas comme elle l’avait espéré. Avec la pandémie, les théâtres ont fermé, alors Camille Paré-Poirier s’est décidée de faire un balado avec Transistor. Au début, ce devait être une fiction, mais elle a essayé « d’offrir des alternatives théâtrales alors que les théâtres étaient fermés […] d’autant plus qu’eux [Transistor] étaient beaucoup plus dans une démarche documentaire. »

 

Passer sur scène

Malgré le fait que le balado ait été bien accueilli par le public, Camille Paré-Poirier sentait qu’il lui restait des choses à dire. Que les enregistrements de sa grand-mère avaient encore des choses à offrir. D’autant plus qu’elle a eu l’impression d’avoir «menti» par moment dans sa première création.

L’un des enjeux majeurs a été éthique pour Camille Paré-Poirier: « Raconter une histoire très intime sur une personne qui perd contact avec la réalité. […] Je me suis rendu compte en écoutant les enregistrements que parfois je perdais patience très rapidement, c’est quelque chose que j’ai voulu inclure dans la pièce pour rectifier certaines choses du balado, pour ne pas me dépeindre comme une sainte.»

Cette pièce, et donc Pauline, ont permis à Camille Paré-Poirier d’atteindre la reconnaissance artistique. Elle en est parfaitement consciente et elle en remarque l’ironie : j’ai commencé ce projet en parlant de mon manque de travail et finalement c’est ce projet-là qui m’a apporté beaucoup de nouvelles collaborations». Elle remarque aussi d’autres contradictions qui habitent l’humain, comme le fait qu’aider quelqu’un puisse être un acte égoïste. Elle se rend compte qu’elle a pris soin de sa grand-mère mais que sa grand-mère lui a permis de vivre de son métier. Elle veut cette pièce comme une conversation presque philosophique sur la mort, son deuil mais aussi la proche-aidance et non pas comme une thérapie.

 

Les Rappels au théâtre Duceppe

La série «En Rappel» au théâtre Duceppe est une initiative qui réserve deux fois par année une partie du calendrier du théâtre pour l’offrir aux meilleures pièces de la saison une opportunité de se produire à nouveau. Cela permet aux créateurs d’atteindre un public plus varié et large.

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Échos Montréal

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