Il est à la mode de parler de pauvreté comme si cela était un gage de qualité humaine, comme si être un laissé-pour-compte sans argent était en soi une glorification. Mais si l’on creuse plus loin, quels sont les critères faisant en sorte que l’on puisse être considéré comme faisant partie de cette tranche de citoyen? Car certaines questions se posent.

Par exemple, la personne en santé qui choisit consciemment de vivre en marge de la société et de ne pas se trouver d’emploi peut-elle être légitimement considérée comme pauvre quand elle a pris la décision de ne pas travailler dans une société résolument capitaliste, puisqu’en près de trois millénaires cela demeure le système le plus efficace pour départager les êtres et les avoirs ?

Et à l’inverse, qu’en est-il de celui qui vit au contraire en pleine symbiose avec un mode de consommation effrénée, et qui n’a de cesse de se procurer le téléphone intelligent dernier cri ou les gadgets les plus récents, mais qui ensuite n’a plus les moyens de se nourrir ? Ou celui qui, même si ses revenus d’emploi ne le lui permettent pas, tient mordicus à habiter dans un logement dispendieux au centre-ville par exemple ? Ces gens peuvent-ils être considérés comme des pauvres, de par leurs choix de vie ? Le reste de la société devrait-il ainsi payer plus pour eux, pour les entretenir ?

Beaucoup de citoyens se disent opprimés par le système de taxation, ce qui est effectivement le cas alors que la classe moyenne n’a jamais été plus étranglée financièrement qu’en cette époque. Mais il faut aussi préciser que collectivement, on exige toujours plus des gouvernements : plus de services gratuits ; des meilleurs salaires, de meilleures retraites ; plus de semaines de vacances payées ; des semaines de travail qui seraient limitées à 32 ou 35 heures, comme en France ; une totale gratuité scolaire ; la gratuité des frais de garderie ; des congés parentaux mieux financés et plus longs ; et alouette… Tout cela bien sûr en payant beaucoup moins d’impôts.

L’État-providence quoi. Ce gouvernement idéalisé qui règle à la perfection et à notre place toutes les strates de notre vie, sans qu’on ait à y mettre d’efforts ou d’argent. On oublie pendant ce temps que l’âge théorique de la retraite est demeuré à 60 ans même si l’espérance de vie a allongé exponentiellement depuis plusieurs décennies.

Mais aucune inquiétude, plusieurs ont déjà trouvé la solution!

Faisons payer les riches, il suffit de demander!

Sauf que s’il est vrai qu’il faudrait songer à une taxation plus poussée sur la richesse, notamment en premier lieu pour ce qui a trait aux évasions fiscales et aux avantages souvent indus octroyés aux dirigeants dont la gourmandise est toujours plus indécente, il ne faut pas cependant pénaliser à outrance ceux qui ont orienté sciemment leurs vies dans l’optique de faire de l’argent, parfois au détriment de leur développement émotionnel, spirituel ou social. Tout comme il ne faut pas punir arbitrairement les faiseurs d’emplois, eux qui en cette ère de mondialisation pourraient tout aussi bien décider de s’installer ailleurs, créant un chômage que l’on se ferait un plaisir de dénoncer avec véhémence.

Autre contradiction ironique dont cette gauche sociale a le secret, dans le lot des revendicateurs, on en trouve plusieurs qui rêveraient d’une justice sociale à la Vladimir Poutine, ce qui est pour le moins paradoxal quand on constate que bon nombre d’entre eux vivent justement au crochet de la société, ne se sont jamais échinés au travail et saluent avec admiration l’exemple de dirigeants tels que Marine Le Pen, qui elle est heureuse de verser dans le populisme démagogique et de serrer les mains de dictateurs comme Poutine justement, ou de professer son admiration pour des menteurs et profiteurs aux visées idéologiques comme Donald Trump.

Enfin, n’oublions pas nos rêveurs de Québec Solidaire, drapés de leur vertu autoproclamée. Ils se font fort de réclamer l’égalité et un meilleur partage de la richesse pour tout un chacun, mais sont bien contents de toucher leurs salaires sans partage. Ils feraient mieux de se regarder dans le miroir ou de s’attarder à penser aux gens,  se levant tôt chaque matin afin de trimer pour avoir de quoi nourrir leurs familles et qui ne cracheraient certainement pas – à l’inverse de certains Français blasés – sur un 100 euros mensuel de plus à ajouter au salaire minimum.

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Échos Montréal

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