Utilisée à tous crins, l’expression nul n’est prophète en son pays témoigne parfois de perceptions tronquées ; elle prend la forme de raccourcis ou de béquille dans un propos un peu brouillon. Pourtant, celle-ci tombe encore sous le sens au moment d’envisager la reconnaissance d’une œuvre artistique. Et les exemples sont nombreux. Rafael Lozano-Hemmer, dont les créations éclectiques et étendues investissent les grandes capitales du monde et qui possède depuis 2003 son atelier d’art visuel à Montréal, est ainsi pour une première fois consacré dans sa ville d’adoption (bien qu’il ait participé ici à quelques expositions d’envergure par le passé).

Rafael Lozano-Hemmer, Vicious Circular Breathing, 2013 Vue de l’exposition Rafael Lozano-Hemmer : Pseudomatismos, MUAC, Mexico, Mexique, 2015 Prisme de verre scellé monté sur une porte coulissante automatique, soufflets motorisés, bloc de vannes électromagnétiques, 61 sacs de papier brun, système de circulation adapté, tubulure de respiration, capteurs, ordinateur. ©avec l’aimable permission du MUAC, Mexico

Rafael Lozano-Hemmer, Sphere Packing, Subsculpture 15, 2013 Vue de l’exposition Rafael Lozano-Hemmer: Pseudomatismos, MUAC, Mexico, Mexique, 2015 Richard Wagner – Impression 3D de porcelaine émaillée, 110 canaux de son, diamètre de 13 cm, environ 3 kg (2013). ©Oliver Santana

De mai à septembre, le Musée d’art contemporain accueillera le jeune cinquantenaire au cursus hétéroclite (il détient un baccalauréat en chimie physique et une mineure en histoire de l’art !). Diversifiée, touffue, l’exposition regroupera plusieurs ouvrages réalisés au cours des dix dernières années. Parmi ceux-ci, notons Vicious Circular Breathing (2013), Pan-Anthem (2014) et Zoom Pavilion, avec Krzysztof Wodiczko (2015), des installations uniques toutes déployées dans la ville de México. Parce que oui, Lozano-Hemmer fait dans le déploiement, le grand, happant le public d’assemblages audiovisuels éclatés, futuristes. L’artiste joue délibérément sur les prémisses de l’interprétation de l’œuvre en faisant intervenir divers médiums technologiques : avec l’ajout d’éléments de robotique, de capteurs sensoriels ou de dispositifs sonores, Lozano-Hemmer cherche à renouveler la relation entre l’art et le spectateur. Mais ne dites pas de ses créations qu’elles sont « interactives ». Rébarbatif à ce vocable qui qualifie rapidement toute œuvre dynamique impliquant le public, Rafael Lozano-Hammer préfère le terme « architecture relationnelle ». Un concept certes plus complexe, mais saisissant mieux une démarche transcendante dont Lozano-Hemmer nous propose d’apprécier l’épaisseur, en son pays.

Rafael Lozano-Hemmer. Du 24 mai au 9 septembre 2018, au Musée d’art contemporain de Montréal.

 

Photo bannière : Rafael Lozano-Hemmer, ©Antimodular Research

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Échos Montréal

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