Nous avons assisté à une parodie de front commun de diverses organisations syndicales qui – grâce à l’effet conjugué d’une communication efficace et la complaisance de plusieurs médias qui en profitèrent pour recogner sur l’administration Legault -, ont même réussi à obtenir l’appui global d’un bon pourcentage des Québécois, en particulier dans les domaines respectifs de l’Éducation et de la Santé. Les premier étant sous la férule syndicale de la FAE (Fédération Autonome des Enseignant.e.s) et de la Présidente Mélanie Hubert, et le second sous le joug de Magalie Picard, Présidente de la FTQ.
Malheureusement, le Gouvernement Legault, empêtré dans ses gaffes à répétition, ses problèmes de communication et des sondages catastrophiques, et ne voulant descendre encore plus bas dans l’appui populaire – surtout avec la menace d’un Parti Québécois en plein essor – a choisi de craquer sous la pression et de concéder un montant faramineux de 11,5 milliards pour répondre aux diverses syndicales, plutôt que le 4,6 milliards $ qui était initialement prévu dans ses calculs budgétaires. En somme, pour acheter la paix et en position de faiblesse populaire, on s’est résolus à l’idée d’un déficit de 7 milliards dans les finances.
On ne lance pas la pierre au Gouvernement caquiste, celui-ci n’avait pas le choix. Il fallait mettre fin à la tourmente sociale, d’autant plus en Éducation qui a toujours été prônée comme prioritaire par François Legault. Mais en attendant, pour subvenir à la gourmandise de syndicats qui ne représentent qu’une partie minoritaire de la population, ce sont tous les Québécois qui vont en pâtir, et c’est l’essor économique qui en sera embourbé, avec l’inévitable mise au rancard de nombreux projets d’avenir, faute d’avoir les sous nécessaires à leur mise en œuvre. Beaucoup d’entre eux n’auront cependant qu’eux-mêmes à blâmer, de par leur appui inconditionnel aux grévistes en plein cœur d’une poussée inflationniste qui touche le monde entier.
Comprenons-nous bien, il ne s’agit pas ici de justifier ou pas, ni de critiquer ou pas les demandes salariales déjà très avantageuses dont bénéficient les travailleurs syndiqués de ces corps de métiers professionnels, comme les professeurs, tout comme les maçons, les soudeurs, les électriciens, etc… C’est un dur labeur, et il n’y aucune honte ou aucun mal à vouloir bénéficier de la meilleure rémunération possible, ou à profiter d’excellentes conditions de travail lorsque celles-ci s’offrent à nous. Sauf qu’en période d’austérité, quand tout coûte de plus en plus cher, que de nombreux commerces ferment et que l’on effectue depuis un an des coupes de personnel massives dans plusieurs sphères commerciales, il faut aussi avoir une certaine conscience sociale.
En société, on ne peut s’attendre à n’avoir que des droits ou des exigences tous azimuts, mais sans devoir assumer en contrepartie la moindre forme de responsabilités. Il est devenu évident, depuis plusieurs décennies, que les syndicats ne travaillent plus au bien de toute la société mais plutôt de leurs propres intérêts, dans une chambre d’échos entièrement repliée sur elle-même et qui ne souffre d’aucune contestation si ce n’est celle de leur propre nombril narcissique. Et il est tout aussi clair que les syndicats ont acquis beaucoup trop de pouvoir. Dont celui de paralyser la société.
Il convient de rappeler que même dans des pays revendicateurs comme la France, championne mondiale de la contestation syndicale, plusieurs services sont considérés comme essentiels, comme justement les services scolaires en Éducation, ou les services en Santé, incluant opérations, urgences, etc… Et conséquemment, la grève y est simplement interdite. Au Québec, il serait peut-être temps d’étudier la situation, dans un contexte où les syndicats, dont les membres ne représentent ultimement que 10% de la population, sont malgré tout capables de paralyser le tissu social et d’imposer leur bon vouloir à toute la population.
Car sinon ce sont les autres citoyens qui en souffrent. Les autres corps de métiers non syndiqués, les nombreux parents dont le quotidien a été chamboulé, certains devant même manquer des journées de travail. Ou tous ces patients hospitaliers dont les opérations – qui prennent déjà des plombes à être planifiées – ont été reportées indéfiniment.
Ultimement cependant, il s’agit surtout de la lutte de pouvoir d’organisations syndicales dont la voracité perpétuelle ne pourra que finir par leur nuire, un peu comme le serpent qui finit par mordre sa propre queue. De même, on peut raisonnablement anticiper l’unité de façade dont elles ont fait preuve à l’automne ne pourra que s’effriter, pour muter en guerres fratricides, chacun tentant de s’accaparer de la plus grosse pointe de tarte. D’ailleurs, on peut déjà écouter leurs jérémiades quant à la nouvelle réglementation composée par le Ministre de la Santé Christian Dubé. Cette réforme va grandement diminuer le nombre de cellules syndicales, qui passeront d’une centaine actuellement à seulement 6, regroupées en un seul organisme, mettant ainsi fin à la cacophonie dans les hôpitaux.
Par ailleurs, il serait également plus que temps de poser un regard plus incisif sur les finances en apparence parfois louches et kafkaïennes des principales organisations syndicales. Par exemple, on note les dernières révélations du Journal de Montréal concernant le règne de Jocelyn Dupuis, l’ancien Président de la FTQ qui, via la SOLIM tel que s’appelait à l’époque la branche immobilière du Fonds de solidarité FTQ, a régulièrement investi dans des projets immobiliers douteux ou en lien avec le crime organisé. Rappelons que ce sont quand même les économies de quelque 770 000 épargnants qui sont gérées par le Fonds de solidarité, gérant un actif énorme évalué à près de 19 milliards $.
Les enquêtes policières toujours en cours sur certains de ces projets immobiliers sont comme une épée de Damoclès menaçant les dirigeants actuels de la FTQ, alors qu’historiquement, il a à maintes reprises été démontré que l’organisation syndicale a placé des sommes d’argent considérables dans des républiques dictatoriales et des paradis fiscaux, et donc exemptés de l’impôt québécois. Ces manières de fonctionner dénuées d’éthique sont lointaines de celles du regretté Louis Laberge, qui a dirigé la FTQ avec probité et intégrité pendant 27 ans. Il a même fait de la prison pour défendre les intérêts du Québec pendant la Loi sur les mesures de guerre imposées sous le régime de Trudeau le père.