Collaboration spéciale – Michelle Taormina

Le 8 avril dernier, en Amérique du Nord, on a eu la chance d’assister à un événement relativement rare, soit une éclipse totale du soleil, la prochaine n’étant prévue que dans 82 ans… à moins de se déplacer ailleurs dans le monde, comme l’ont fait justement des milliers de touristes qui ont investi les hôtels de la métropole pour observer ce phénomène naturel qui ne dure ultimement que quelques courtes minutes.

Malheureusement, comme cela est devenu l’habitude depuis les affres économiques de la pandémie, l’exploitation mercantile de cette occurrence astronomique a pris le dessus sur l’événementiel. Tout le monde y est allé de la plus grande voracité commerciale possible, jouant sur la surenchère médiatique des divers médias, télévisions radios, journaux et autres plateformes, tous soulignant à grands renforts d’explétifs dithyrambiques et d‘hyperboles émotionnelles le caractère « exceptionnel » de l’éclipse. Pour peu, on se serait crus en communion avec nos lointains ancêtres, qui ne manquait jamais de voir dans ces évènements – ultimement banals à l’échelle cosmique – une manifestation divine ou le symbole annonciateur d’une fin du monde très prochaine. Il semblerait que les choses n’aient finalement pas beaucoup changé pendant quelques 50 siècles.

Pour en revenir au mercantilisme abusif (et un peu crasse) dont nous parlions, celui-ci allait des hôtels aux tarifs prohibitifs et nettement exagérés – chez certains c’était même carrément de l’arnaque, alors qu’ils ont avoué avoir spécifiquement décuplé leurs tarifs avec des augmentations pouvant se chiffrer entre 150 $ jusqu’ même à 700 $ ! -, à certains restaurateurs qui ont pour l’occasion composé des « menus éclipse spéciaux » (et à forts prix bien sûr), en passant par les nombreux vendeurs de lunettes spéciales, accompagnées de toute la flopée d’objets dérivés, des T-Shirts aux pendentifs.

On ne peut s’empêcher de penser que tout cela fait décidément bien cher, pour un petit moment d’extase spatiale, et pour la simple constatation que, oui, notre planète est bien toujours en rotation autour du soleil, et la lune toujours en rotation avec la Terre. Quant à ceux qui ont dépensé des tonnes de fric pour y assister et voir le tout en direct, on trouve un peu triste qu’ils/elles n’aient pas fait preuve de la simple débrouillardise dont nous usions avant l’avènement du modernisme, alors qu’une simple vitre noire de soudure aurait suffi, voire même une simple boîte de chaussure en carton minutieusement bricolée (un paquet de vidéos YouTube peuvent être regardées à cet effet).

Mais bon, à défaut d’un peu d’imagination débrouillarde, on pourra garder en mémoire la jolie pénombre d’une centaine de secondes ayant assombri les rues de Montréal en ce printemps 2024.

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Échos Montréal

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