En janvier 2023, une nouvelle loi canadienne est entrée en vigueur, interdisant l’achat de propriétés résidentielles par les étrangers. Ces acheteurs peuvent toujours effectuer des transactions sur des biens commerciaux, mais les maisons, condos et multiplex de trois logements ou moins ne leurs sont plus accessibles. L’objectif de cette loi était de fournir un outil supplémentaire, en plus du contrôle des taux d’intérêt, pour stabiliser voire réduire les prix des propriétés au Canada. À long terme, cela visait à résoudre le problème d’accessibilité au logement pour la population canadienne. Il convient de noter que plusieurs exceptions s’appliquent, bien qu’elles ne soient pas détaillées ici.

Sur le terrain, nous avons observé plusieurs tendances avant et après l’entrée en vigueur de cette loi. Tout d’abord, de nombreux vendeurs ont adopté une stratégie en fixant des prix élevés pour leurs propriétés quelques mois avant janvier 2023. Ils pensaient ainsi attirer une ruée d’acheteurs étrangers désireux d’acquérir une propriété juste avant l’interdiction. Cependant, il était important de souligner à nos vendeurs que la plupart des acheteurs étrangers n’étaient pas au courant de l’imminence de cette interdiction. À moins d’avoir déjà entamé des démarches, ils ne représentaient qu’un aspect de l’équation, la demande n’étant pas consciente de cette opportunité. Ainsi, ces vendeurs ont été déçus par le manque d’offres.

Début 2023, nous avons commencé à recevoir des appels de personnes extérieures intéressées par des visites ou des offres. Dans un contexte où la xénophobie et le racisme systémique sont préoccupants, la position des courtiers est devenue délicate. Il était difficile de distinguer ceux qui possédaient la résidence canadienne ou la citoyenneté, ce qui nécessitait souvent de poser des questions. Cependant, même lorsque ces questions étaient posées à tous, certains pouvaient se sentir offensés. C’était un défi supplémentaire découlant de la nouvelle loi.

En outre, de nombreux clients nous ont demandé comment contourner la loi. Cependant, non seulement cela est illégal avec des sanctions sévères, mais cela compromettrait également notre réputation et notre permis professionnel, donc il en était hors de question. Malgré cela, ces demandes étaient fréquentes.

Tout au long de l’année, les prix immobiliers se sont stabilisés et le nombre de transactions a chuté. Cependant, il est difficile de dire si les propriétés sont réellement devenues plus abordables. Il est important de comprendre que les acheteurs étrangers se concentrent principalement sur certains marchés tels que le centre-ville, Griffintown ou le Vieux-Montréal, qui ne sont pas nécessairement ceux recherchés par une famille typique de 4 qui veut un jardin et qui va probablement acheter à Laval ou à Terrebonne. Il est certain que oui, ça a un impact quand même, puisque si le nombre de condos diminue dans le centre-ville. Les jeunes professionnels, qui eux veulent ce type de bien, iront peut-être s’établir ailleurs et avec le temps, le nombre de logements disponibles diminue puisqu’il y a une plus grande demande. De plus, les étrangers ont un pouvoir d’achat supérieur aux Canadiens. Le dollar américain ou l’euro achète plus ici qu’à la maison, il est certain. Il reste à voir si la baisse de prix anticipée se matérialisera pour le désarroi des vendeurs.

Je vous partage ce résumé, car la loi vient d’être prolongée encore pour 2 ans supplémentaires. La loi initiale devait durer jusqu’en décembre 2024, mais le gouvernement a décidé de prolonger jusqu’en décembre 2026. Notre équipe sera à l’affut pour voir si cela continuera de faire baisser les prix. Il est certain que ça aura un impact sur le marché immobilier du Vieux-Montréal. Il faudra donc s’ajuster en conséquence. Et le moment fatidique sera en janvier 2027, car tous les courtiers qui ont des acheteurs étrangers en attente se feront un plaisir de les contacter dès que la loi sera levée. De quoi aura l’air le marché à ce moment-là, nul ne sait.

À propos de l'auteur

Échos Montréal

Laissez un commentaire