Dans la saga teintée de fanatisme du triste personnage Donald Trump et ses intentions de reprendre la présidence de la Maison Blanche, il convient de faire l’analyse des intentions du peuple américain dans la votation de novembre prochain, qui est très dichotomique comparée au Canada ou au reste du monde occidental, dont les divergences politiques sont généralement plus nuancées.

D’une part, comme le soulignait avec justesse l’analyste politique Normand Lester, les victoires embryonnaires de Trump pour briguer de nouveau l’investiture du Parti républicain doivent être prises avec un grain de sel, car elles sont surtout tributaires de la présence assidue de ses supporters Maga Trumpers et de leur caractère sectaire. Mais la réalité factuelle indique plutôt beaucoup de mécontents envers Trump, tout autant dans l‘électorat républicain qu’au sein même du parti, comme c’est le cas dans l’Iowa. Ce n’est pas pour rien que malgré ses courtes victoires, il passe son temps depuis à vociférer et pestiférer contre la seule adversaire qui demeure dans les troupes républicaines, Nikki Haley. D’ailleurs, 43% des partisans et des alliés de son opposante ont déclaré qu’ils/elles préféreraient voter pour Biden, ou soit même carrément quitter le parti advenant une confirmation de Donald Trump pour la chefferie républicaine.

Tout le contraire de Joe Biden qui a été de nouveau été plébiscité pour l’investiture de la chefferie démocrate dans une plus hautes proportions de l’histoire du parti, soit plus de 96%. Et pendant dans ce temps, d’après un sondage Gallup, même les indépendants – et soulignons au passage que leurs votes risquent de compter plus que jamais cette année alors qu’une proportion étonnante de presque 49% des Américains se déclarent politiquement indépendantsappuieraient beaucoup plus substantiellement Biden, à 50%, que Trump, à 38%. Mais là où le bât blesse probablement le plus douloureusement pour Trump, c’est quant à l’évaluation éthique des candidats, alors que 15% de l’électorat global (ce qui inclut donc beaucoup de républicains) considèrent que Joe Biden est beaucoup plus honnête et digne de confiance que Trump.

Bien sûr, ce ne sont pour l’instant que des extrapolations techniquement éclairées mais qui se basent de simples résultats partiels. Cela dit, une tendance claire se dégage, le candidat à la peau orangée est de moins en moins apprécié de l’électorat et ce, au sein même du bassin électoral républicain et de ses propres troupes. On en a marre de ses mensonges à répétition ; de la corruption de tous ses proches ; de ses scandales récurrents ; des 4 poursuites majeures auxquelles il fait face devant les tribunaux. Et d’une manière plus globale, il demeure aussi plombé par les résultats catastrophiques de son seul et unique mandat, où plus d’un million d’Américains sont morts de la Covid, notamment en raison de sa gestion désastreuse de la pandémie ; où pour les 1ère fois depuis des décennies le nombre d’emplois avait diminué ; où les inégalités entre riches et pauvres ont augmenté plus que jamais ; où les classes moyennes et moins fortunées ont souffert d’une énième diminution dans l’accès aux services fédéraux ; et où l’image des États-Unis s’est énormément dégradée à travers le monde.

Or, en corollaire, Joe Biden surfe depuis le début 2024 sur des résultats tous plus spectaculaires les uns que les autres. Pendant que les autres économies mondiales souffrent d’austérité, voire de récession dans plusieurs cas, au pays de l’Oncle Sam la récession appréhendée ne s’est finalement jamais présentée. Au contraire, tout est au beau fixe. L’économie ronronne et rutile, plus d’Américains que jamais ont accès au Médicaid, et le taux de chômage est historiquement bas. En fait les données économiques sont si bonnes qu’elles dépassent les prédictions les plus optimistes, au point où même Fox News média biaisé et entièrement pro-Trump est obligé de le reconnaître et souligner cette belle performance.

Néanmoins, il serait mal avisé de calculer trop rapidement, dans un cas comme dans l’autre. Par exemple, les taux d’approbation généraux des deux candidats demeurent très bas, y compris pour Joe Biden dont l’approbation générale n’atteint que 33%, ce qui est le pire résultat depuis George Bush fils avant l’élection d’Obama, et un taux plus bas même que le pire niveau de Trump (36%) quand celui-ci était président. De même leur popularité auprès de l’électorat féminin a continué de chuter drastiquement, bien que les résultats Biden soient nettement supérieurs à ceux de Trump quant aux votes des femmes. Autre constatation désolante : une proportion accrue des électeurs remet en question et estime en déclin l’acuité mentale des deux candidats, soit une baisse de 4 points pour Biden et de 7 points pour Trump.

Et finalement, une autre statistique qu’on ne peut passer sous silence dans les deux camps est le manque d’enthousiasme généralisé des électeurs américains pour cette nouvelle joute électorale entre deux candidats que l’on considère tous deux trop vieux. Une majorité de la population au pays de l’Oncle Sam est d’avis qu’il serait temps de laisser la place aux nouvelles générations, comme Gavin Newsom, le Gouverneur de la Californie. Sans oublier un nom qui, à défaut d’être signe de renouveau ou de jeunesse, évoque toute la puissance du passé, Robert F. Kennedy jr., qui obtiendrait déjà un surprenant 22% d’appuis. Bref, comme pour chacune  des élections américaines, toujours passionnantes, une saga à suivre…

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Vincent Di Candido

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