Philippe Hélie, l’un des propriétaires du Jep Pains & Fromages, côtoie bien malgré lui les travaux de la rue Saint-Denis qui nuisent à l’achalandage de son nouveau restaurant.

Philippe Hélie, l’un des propriétaires du Jep Pains & Fromages, côtoie bien malgré lui les travaux de la rue Saint-Denis qui nuisent à l’achalandage de son nouveau restaurant. Credit photo : Eve-Line Montagne



La situation d’une portion de la rue Saint-Denis a de quoi surprendre. Côté est, depuis la rue Duluth jusqu’à la rue Marie-Anne – soit sur un peu plus de 500 mètres dans l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal – des travaux ont changé, ces dernières semaines, le quotidien des commerçants, des passants, des cyclistes et des automobilistes.
Ce chantier majeur qui bloque une majeure partie de l’espace, y compris la route, vise à la «reconstruction de conduites d’égout et d’eau potable, de la chaussée, des trottoirs», explique la Ville de Montréal sur son site internet. La plus grande partie des opérations a été lancée en avril 2016 (après des premiers travaux visant les infrastructures électriques souterraines).

Depuis, le simple fait de marcher relève presque du défi. Sur plusieurs mètres, le trottoir disparaît parfois momentanément, tel que «Échos Montréal» l’a constaté au coin Rachel à la mi-mai. Pendant plusieurs jours, on a pu voir des passants se frayer un chemin sur les gravats, au milieu des travaux.
Certains magasins paraissent impossibles d’accès alors qu’ils sont pourtant ouverts. Plusieurs ont même dû installer des affiches rappelant leur existence. «Depuis quelques semaines, ils ont mis des barrières rouges devant le restaurant, ce qui fait qu’on nous ne voit plus», confirme Philippe Hélie, l’un des propriétaires du Jep Pains & Fromages, situé en grande partie en sous-sol.

Son restaurant est une nouveauté sur la rue Saint-Denis. «Évidemment, ça a été une ouverture très tranquille à cause des travaux», précise-t-il, attablé avec son associé dans la salle de l’établissement, un mercredi, en fin d’après-midi, sans aucun client à servir. Sa récente arrivée l’empêche de pouvoir faire une comparaison en termes de fréquentation, mais il affirme qu’un commerce voisin, bien implanté, lui a parlé d’une «diminution de 50 % de sa clientèle».

Bientôt fini… ou presque

La gérante du bar à ongles Rouge, Yeannie Andrade, parle elle d’une perte financière encore plus importante, bien que les fidèles viennent toujours. «C’est vraiment difficile. Habituellement, à cette période, c’est la haute saison, donc j’engage du personnel. Mais cette année, c’est le contraire, j’ai dû couper des heures», constate-t-elle. Parmi les problèmes créés par le chantier, elle évoque également l’absence de stationnements, des clients qui arrivent en retard ou mécontents.
Le responsable de la boutique de vêtements Néon confirme ce constat. «Même le staff a eu parfois du mal à rentrer dans le magasin», raconte Rajesh Kumar.
Le commerçant dit ne pas avoir été surpris par cette situation: «J’avais vu les conséquences des travaux sur le boulevard Saint-Joseph il y a quelques mois. Je savais que ça allait être la même chose ici». L’équipe de Néon semble prendre néanmoins les choses avec humour, comme en témoigne l’oreiller orné d’une inscription «Travaux en cours» mis de l’avant dans la vitrine.

D’autres magasins en revanche affichent une mine triste. Les panneaux «À louer» ne se font pas rares. Le propriétaire de La Scarpa, magasin de chaussures connu sur cette rue, a fait une sortie remarquée dans les médias, en avril, affirmant que les travaux portaient la responsabilité de la fermeture prochaine de son commerce.

Difficile toutefois de savoir à quel point le chantier est directement responsable de toutes les difficultés. «Plusieurs magasins avaient déjà fermé avant même le début des travaux. La rue Saint-Denis connaît une période difficile depuis longtemps», rappelle de son côté Rajesh Kumar.

Ce dernier se réjouit de voir les travaux bientôt achever. «Les ouvriers sont même en avance. On parlait de juillet, ce sera finalement fin juin». Petit bémol, toutefois: le chantier se termine côté est de l’artère… pour se déplacer ensuite côté ouest jusqu’en novembre.

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Échos Montréal

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