L’intelligence artificielle et le traitement de données massives génèrent des possibilités innombrables, avec l’attrait économique qui va avec. C’est ainsi que très tôt, Montréal, forte de ses quatre universités et comptant dans ses rangs de réels précurseurs dans le domaine, à l’image du chercheur mondialement connu Yoshua Bengio, est devenue un pôle en intelligence artificielle.

Tout naturellement et dans cette logique, la Ville de Montréal a lancé des projets afin que ce pôle en intelligence artificielle soit, comme l’on s’y attend, situé dans une ville elle-même intelligente. On peut constater, sur un site internet dédié (villeintelligente.montreal.ca) que pas moins de 70 projets existent, « visant à développer Montréal en misant sur l’innovation collaborative, la technologie de pointe, l’audace et la créativité montréalaise ». Parmi ces projets, certains semblent très prometteurs, comme la synchronisation des feux rouges ou encore la collecte de données de mobilité.

Cependant, si le nombre de 70 projets impressionne, certains sont en fait très similaires, notamment en ce qui concerne le Wi-Fi gratuit qui ne représente pas un, mais plusieurs petits projets comme « Déploiement du Wi-Fi public dans le Vieux-Montréal », « Déploiement du Wi-Fi public au Quartier de l’innovation » ou encore « Déploiement du Wi-Fi public sur des artères commerciales ». Et si Montréal figurait il y a quelques années en tête de peloton parmi les villes les plus intelligentes du monde, force est de constater que d’autres villes de par le monde l’ont dépassée.

 

Classements internationaux : d’autres villes sont passées devant 

Certains organismes sont devenus des références pour ce qui est de déterminer les villes les plus intelligentes du monde. L’Intelligent Community Forum (ICF) en fait partie.

Montréal fut reconnue à plusieurs reprises par l’ICF en tant que ville intelligente pionnière. En 2014 elle se classait au Smart21, regroupant les 21 villes les plus intelligentes du monde. L’année 2016 fût celle de tous les records, la métropole ayant gravi la totalité des échelons du palmarès, figurant tour à tour dans le Smart21, puis dans le classement Top7 pour être finalement nommée Intelligent Community of the Year, soit la ville la plus intelligente du monde.

Fort malheureusement, ces 3 dernières années, le poumon économique du Québec s’est fait dépasser par d’autres villes du globe. Ainsi, Montréal n’a figuré dans aucun classement de l’ICF, pas même le Smart21.Pas plus que dans l’étude exhaustive menée sur le sujet par Intel, commanditée par Juniper Research, qui a dressé la liste des 20 villes les plus intelligentes du monde.Sur le podium, on retrouve Singapour, suivi de Londres et New York. En plus de la capitale britannique, l’Europe fait bonne figure, avec Barcelone qui décroche la neuvième position et Nice la treizième. Là encore, la métropole n’est pas présente dans le classement.

 

Améliorer et généraliser les infrastructures intelligentes

© Olivier Fergusson-Taylor

La Ville de Montréal a entrepris des chantiers intéressants et tout à fait louables dans le domaine de l’intelligence artificielle, surfant sur la vague alimentée par l’excellence des chercheurs et organismes qui foisonnent sur son territoire. Mais un coup d’accélérateur semble s’imposer.

Encore trop de cas de policiers au salaire horaire enviable sont réquisitionnés pour actionner les lumières des feux de circulation. Cette situation, en plus d’être probablement grandement ennuyante pour les agents du SPVM, s’avère très coûteuse. Un système de caméras mobiles intelligentes pourrait par exemple les remplacer et leur permettre d’être réaffectés à des tâches plus essentielles, comme le maintien de la paix.

L’accent devrait aussi être mis sur la réactivité face aux conditions météorologiques de plus en plus extrêmes et changeantes, afin de parer rapidement et efficacement aux nuisances engendrées par ces dérèglements climatiques.

 

Faire davantage participer les Montréalais

À ce propos, une des pistes pour améliorer le temps de réaction de la Ville face aux effets néfastes causés par mère Nature, comme les trottoirs glacés, les artères enneigées, les nids-de-poule ou les rues sales et poussiéreuses une fois l’hiver passé, serait de faire davantage participer les citoyens au travers d’une application mobile conviviale et complète dans laquelle, pour chacune de ces nuisances, les résidents pourraient, simplement en se géolocalisant à l’endroit problématique et en sélectionnant le type de nuisance parmi une liste, alerter la Ville. Ainsi, Montréal aurait la possibilité de mieux réallouer ses ressources humaines pour de meilleurs résultats.

Dans cette course au développement de villes toujours plus intelligentes, la Ville de Montréal, bien qu’ayant été devancée sur la scène mondiale par bon nombre d’autres villes, peut rattraper la situation et exploiter pleinement son potentiel, l’Île de Montréal étant justement un pôle international en intelligence artificielle.

 

Crédit photo bannière : Eva Blue

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Échos Montréal

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