Nous vivons dans un monde complexe, où chaque organisme, chaque humain, chaque organisation sont interreliés. Souvent, les décisions que l’on prend n’affectent pas seulement nous mais également les autres, que ce soit directement ou indirectement.

Idéalement, on devrait donc garder cela à l’esprit lorsque l’on est un grand décideur, que ce soit pour une grosse compagnie, pour le gouvernement ou pour un des nombreux importants syndicats. 

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Malheureusement, on est aussi en corollaire dans l’ère du je, me, moi et des médias sociaux, où tout le monde ne prêche que pour sa propre paroisse et chacun paraît penser que son opinion est de l’or de barre et la seule Vérité absolue, semblant désormais se croire redresseur de torts, analyste politique & expert économique, indiquant avec condescendance ce qui est bon ou non pour le citoyen. Et ainsi une floppée de journalistes et de syndicats commentent – et surtout critiquent – le récent budget du gouvernement Legault, qui a notamment respecté sa promesse électorale de baisser les taxes au Québec, la province la plus taxée au Canada.  

Tous y vont d’un savant commentaire (la boîte-courriel du journal a reçu un nombre record de courriels à propos du budget caquiste cette année), et de leur fine analyse, pleine de suggestions «intelligentes», comme par exemple qu’il est mal avisé de baisser les taxes alors qu’il serait plus pertinent d’investir (encore) du nouvel argent en Santé. Alors d’une part, soulignons que la baisse des taxes obtient la faveur ultra-majoritaire des Québécois tous azimuts, et que par ailleurs, il y en a plus qu’assez d’investir toujours plus en Santé qui récolte déjà la part du lion. Surtout alors qu’une part importante des fonds investis y est gaspillée, et que les problèmes du Réseau sont différents de simples problèmes d’argent, allant de la bureaucratie pesante à des problèmes d’attirance/rétention de personnel, en passant par la gestion indisciplinée et bordélique de plusieurs établissements hospitaliers. 

D’autres font état du délabrement des écoles et blâment ce qu’ils considèrent comme de l’inaction gouvernementale, tout en reconnaissant que le système est en pleine réforme. On s’offusque aussi d’un manque d’investissements pour la mise en chantier de logement sociaux», s’appuyant sur les statistiques récentes indiquant une carence de quelque 30 000 logements à loyers modiques pour les personnes à plus faibles revenus. Dans ce domaine cependant, on ne peut éluder la complexité du problème, une crise du logement dont les sources sont multiples. 

Bien sûr, d’emblée, la mairesse de Montréal Valérie Plante et le Maire de la Ville de Québec Bruno Marchand, se plaignent d’un manque d’argent, décriant ce dernier budget qui ne semble pas indiquer d’investissement futur majeur dans ce domaine. Ces critiques ont choqué la Ministre de la Sécurité sociale, Chantal Rouleau, qui rétorque en soulignant l’appétit toujours plus vorace de la Mairesse de Montréal. Remarquez cependant que c’est là justement un des rôles les plus importants lorsque l’on est à la tête d’une ville, s’assurer que les citoyens que l’on représente obtiennent le maximum des gouvernements provincial et fédéral. C’est d’ailleurs le même processus auquel s’affaire ponctuellement le Gouvernement du Québec lorsqu’il réclame plus d’argent à Ottawa. 

En corollaire, il faut aussi analyser la véritable causalité du manque de logements à Montréal. Surtout alors que la situation a incité plusieurs propriétaires moins scrupuleux sur l’éthique et plus obsédés par des motifs pécuniers à effectuer des surenchères illégales pour leurs appartements, en prétextant des rénovations-bidon pour gonfler de plusieurs centaines de dollars les prix de leurs loyers. Ce faisant, ils ont une influence directe sur la raréfaction des logements abordables dans la métropole, en plus de contribuer par ricochet à l’engrenage inflationniste, qui sévit déjà sur le prix des aliments et permet aux géants manufacturiers de s’en mettre plein les poches en arguant hypocritement de suivre simplement le cours de l’inflation. 

Enfin, on ne peut oublier le scandale très actuel des logements Airbnb qu’a récemment révélé une enquête du Journal de Montréal. Ainsi, des milliers de gens sans scrupules profitent d’un certain laxisme dans les méandres administratifs de l’appareil gouvernemental et à la Régie du logement, pour transformer un nombre effarant de logements en sous-locations illégales vouées aux touristes. Le phénomène a pris une telle ampleur au Québec que l’on estime maintenant que près 80% des quelque 30 000 locations affichées sur le site Airbnb, seraient illégales et non-enregistrées. Et nulle part cette situation préoccupante n’est plus cristallisée qu’à Montréal, qui souffre en outre d’un manque de recours juridiques pour pouvoir se donner plus de mordant, tandis que bon nombre de ces logements, outre leur illégalité, seraient également non-sécuritaires et représenteraient même un danger immédiat pour leurs occupants. 

Et cela a malheureusement été mis on ne peut plus dramatiquement en évidence lors de l’incendie au Vieux-Montréal, ayant fait plusieurs morts dans ces logements, qui n’avaient aucune légalité d’être en place puisque c’est interdit sur le territoire du Vieux-Montréal, et qui ne respectaient pas des consignes de sécurité les plus élémentaires. Pas d’avertisseurs de fumée, ni de gicleurs ou de sorties  de secours, et de rares fenêtres soit inaccessibles, soit impossibles à ouvrir. Et on se ramasse donc avec une catastrophe humaine, avec en filigrane une entreprise Airbnb multimilliardaire et sans éthique qui n’a aucune préoccupation autre que le profit quant au respect des lois en vigueur au Québec, et des propriétaires peu scrupuleux (souvent des compagnies à numéros) qui ne sont au final que rarement pénalisés en cas de dommages ou de culpabilité prouvée. 

Il est plus que temps que les différents paliers gouvernementaux, en particulier le provincial et le municipal, se donnent plus d’outils réellement efficaces pour faire appliquer et respecter les lois, et faire payer beaucoup plus sévèrement les contrevenants, tant par des amendes salées que par des accusations criminelles passibles d’emprisonnement. Qu’il y ait une réelle imputabilité, sévère et mieux encadrée. Et que les forces juridiques et policières et des municipalités puissent intervenir beaucoup plus rapidement, sans devoir tout le temps s’embourber dans des procédures bureaucratiques qui permettent essentiellement aux gourmands propriétaires criminels d’étirer le processus et de ne jamais se conformer à la loi. En corollaire, toute cette saga nous fait aussi réaliser qu’une partie importante de la Crise du logement à Montréal est en fait tributaire de cette multiplication des logements «touristiques». 

Quant à la baisse de taxes, promise et appliquée par la CAQ, n’en déplaise aux autres partis provinciaux, qui continuent de stagner dans l’appréciation électorale populaire, il s’agit d’une bonne décision, que les Québécois souhaitaient majoritairement et qui fera un peu de bien aux portefeuilles des contribuables de La Belle Province, déjà les plus taxés au Canada. 

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Francois Di Candido

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