Nous constatons dans plusieurs grandes villes dans le monde, la déficience civile pour maintenir un état de salubrité et de propreté un tant soit peu acceptable. Par exemple, c’est notoirement le cas de Montréal, métropole du Québec, dont les rues sont sales et souillées d’immondices, et dont les poubelles débordent tous azimuts. On a d’ailleurs, à nombreuses reprises dans les pages du journal, dénoncé cet état de fait et sévèrement critiqué l’administration Plante à cet effet.

Néanmoins, il y un bémol à ajouter : c’est bien de critiquer – avec raison et fort justement – la Ville de Montréal, et les citoyens peuvent légitimement se plaindre du déclin de la propreté à Montréal, sauf qu’ils le font sans se questionner si en parallèle eux-mêmes ne feraient pas partie du problème. Ainsi, sous le fameux prétexte « qu’on paie des taxes » pour ces services que les élus doivent assumer, on se dédouane de toute responsabilité, alors qu’en fait l’intervention citoyenne serait justement salutaire, voire même nécessaire. Alors bien qu’ils aient en grande partie tout à fait raison, les citoyens montréalais doivent aussi assumer une part de responsabilités, car sinon ils se font indirectement complices de ce problème irritant majeur.

Par exemple, qui n’a jamais remarqué le grand nombre de mégots de cigarettes qui jonchent les rues de la ville ? C’est crotté et malpoli, et encore là, nous en avons parlé à de nombreuses reprises dans les pages d’Échos Montréal, il n’y a aucun justificatif civique à faire preuve d’un tel manque de politesse. C’est une attitude héritée de la lointaine époque révolue des années 1950-60, alors qu’il semblait chic et « cool » de jeter cavalièrement son mégot d’une pichenette des doigts. Sauf qu’en 2024, ça n’a plus sa raison d’être, et il est plus que temps de cesser ce comportement primitif et grossier. D’ailleurs, pour refaire le même parallèle qu’on a écrit à moult reprises : voyez-vous souvent des gens se moucher en marchant dans la rue, puis cavalièrement jeter leur mouchoir par terre, sans le moindre savoir-vivre ? Or, ce geste auquel on n’assiste jamais serait pourtant à la rigueur moins dommageable que les mégots de cigarettes. Car un mouchoir est biodégradable. Tandis que le mégot, lui, ne l’est pas.

Même chose pour les résidents dont apparemment l’horaire est trop important pour le commun des citoyens, et qui pense acceptable de sortir leurs vidanges à n’importe quel moment, même si c’est largement dépassé les horaires de collecte des déchets. Ou ceux qui, voyant qu’une poubelle municipale est pleine y jettent quand même cavalièrement par terre leurs gobelets en carton, leurs emballages-papier ou autres, parce qu’il estimerait trop fatigant de chercher une autre poubelle. Ou tous ces enfants-rois (et je désigne ici des gens de tous âges et non pas une tranche démographique spécifique), qui s’autorisent à laisser traîner leurs canettes, leurs bouteilles, leurs rebus n’importe où, s’estimant trop précieux pour être dérangés par de telles « broutilles ».

© Syndicat des Cols bleus regroupés de Montréal

Une des choses qui manquent assurément dans une ville comme Montréal, qui ne dispose d’une politique de ramassage journalière, ça serait peut-être effectivement une conscientisation citoyenne plus générale, et surtout plus proactive. C’est quelque chose que l’on voit d’ailleurs dans d’autres grandes villes du monde. Les citoyens ont pris les choses en main et ont décidé collectivement de faire leur part. Des métropoles comme Paris, Rome, Madrid ou Berlin par exemple. Où les commerçants n’hésitent pas à mettre la main à la pâte et à balayer/nettoyer leurs devantures de commerces. Plusieurs s’efforcent également d’embellir avec des fleurs. Nous avions d’ailleurs un programme similaire à Montréal autrefois, qui s’appelait Fleurir Montréal. Cela avait connu un grand succès.

Cela se conjuguait en parallèle avec le une autre mesure appelée Programme P.O.C., qui visait à offrir une aide financière pour la rénovation des bâtiments commerciaux.

Mais pour en revenir à l’idée de participation citoyenne, c’est quelque chose qui est très répandu en Europe, qui semble faire partie de la culture même des gens. Les commerçants s’affairent à ce que la présentation de leur commerce et l’accès à celui-ci soit inspirant et attractif. De même, il n’est pas rare, dans les quartiers résidentiels de voir également les habitants faire leur part pour s’assurer que les rues de leurs quartiers soient belles et exemptes de détritus. Et c’est absolument quelque chose dont nous devrions collectivement nous inspirer. Comme le dit le proverbe : « sois toi-même le changement auquel tu veux assister ».

On revient souvent là-dessus dans nos écrits, mais il ne s’agit pas ici de radoter par plaisir. Les personnes plus âgées, disons la cinquantaine et plus, peuvent témoigner du fait que les mœurs étaient différentes autrefois, les gens semblaient accorder une plus grande importance à la conscience citoyenne, à la participation de tous. En somme, une adaptation du vieil adage « ne te demandes pas ce que ton pays peut faire pour toi, demandes-toi ce que tu peux faire pour ton pays ». Mais on dirait que c’est une manière sociétale de penser qui s’est tarie au fil du temps. Qu’on se comprenne, on ne critique personne, ce n’est pas le but. La réalité moderne est devenue plus dure, dans un contexte souvent difficile, où on est constamment confronté aux aléas du quotidien, que ce soit les difficultés d’une économie inflationniste ou l’augmentation galopante du coût de la vie, en passant par les affres d’une pandémie dont les effets socioéconomiques se font encore sentir. On comprend donc parfaitement les gens de vouloir se concentrer sur eux-mêmes.

Cela dit, il faut s’affranchir d’un mode de pensée trop égotique, qui vient niveler par le bas tissu social. La courtoisie altruiste et la pensée d’aider son prochain doivent revenir au goût du jour. Par exemple, le criage intempestif ou le cellulaire à plein volume dans des lieux publics, ou encore l’automobiliste qui vient vous couper de manière illégitime simplement parce qu’il s’estimait trop important pour faire la file comme les autres. Les gens qui, se sachant enrhumés, n’ont malgré tout pas la moindre considération pour les autres, et qui à défaut d’un masque n’ont même la plus élémentaire politesse de mettre la main ou le coude devant la bouche avant de tousser. Les cyclistes qui ne s’arrêtent jamais aux Stop, et qui vous font le doigt d’honneur si vous avez l’audace de leur faire savoir après qu’ils aient manqué de peu de vous percuter.

Bref, le savoir-vivre et l’abnégation sociale sont des valeurs dont l’importance devrait être évidente plus que jamais. Mais cette éducation de l’humain doit se commencer avec les parents, puis cimentée à l’école.

Chronique de Mercedes.

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Échos Montréal

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