Environ 400 journalistes, issus de 70 pays incluant le Canada, se sont mobilisés pour éplucher plus 12 millions de documents cachés au cabinet d’avocat Mossack Fonseca, du Panama. Celui-ci sert de point de transit pour des clients souhaitant la discrétion totale par l’intermédiaire de prête-noms transigeant via différents pays. En plus du Panama, on a ainsi découvert plusieurs autres destinations où placer l’argent, des paradis fiscaux tels Honk Kong, les Îles Britanniques vierges, les Seychelles. Au passage, ces immenses sommes transitent par des bureaux d’avocats logés au Luxembourg, Belgique, etc… Ce système incroyablement vaste garantissait l’anonymat, en plus de ne payer qu’un pourcentage de 2% – 3 %, au lieu de 50% comme c’est le cas pour la majorité de citoyens.

Dans les méandres labyrinthiques de ces liasses compactes de documents, se retrouvent les noms de chefs d’états, de dictateurs, de sportifs, de grandes compagnies et même un notoire bailleur de fonds de groupements terroristes qui y plaçait les avoirs d’industries pétrolifères. Ce « scandale du siècle » d’une vastitude effarante, a jusqu’à présent entrainé directement la démission du Premier Ministre islandais, et placé le Premier Ministre de Grande Bretagne, David Cameron, dans une position inconfortable, avouant avoir placé de l’argent chez cette firme d’avocats Mossack Fonseca via son père. La France ne fait pas exception avec une mise en cause des proches de Marine Le Pen, la présidente du Front National, parti politique d’extrême droite. Son père ferait même partie des personnes soupçonnées. Soulignons de plus que le nom du fonds d’investissement LSK figure sur certains documents; fonds qui a été dirigé par le passé par Dominique Strauss-Kahn. On parle également d’implications probables des proches de Vladimir Poutine, du 1er Ministre chinois Xi Jinping, de l’Argentin Mauricio Macri, etc…

Il est allégué qu’on y retrouverait même des personnalités connues du milieu sportif, dont notamment Michel Platini, le Président de la FIFA Gianni Infantino, et le Ballon d’or Lionel Messi ainsi que millionnaires de ce milieu. Sans oublier bien sûr les dictateurs tels le Président de la Syrie Bachar Al-Assad, Nwar Sharif au Pakistan, ainsi que le Président fou de la Corée du Nord, Kim Jong-Un.

Ce système international de corruption, appelé Panama Papers et mis en place à gigantesque échelle, exigeait la collaboration de fiscalistes, de bureaux d’avocats, de politiciens, de chefs d’entreprises. Le tout avec la complicité de pays peu scrupuleux servant de points de transition pour les avoirs des clients et de prête-noms. Et c’est ainsi que, au quotidien, voyagent anonymement – et impunément – plusieurs milliards de dollars, enregistrés sous des compagnies fictives et transitant via le Luxembourg, la Suisse, la Belgique, avant d’arriver à destination du Cabinet d’avocats Mossack Fonseca, qui à son tour les redistribuent à ses clients via des milliers de prête-noms fictifs.

Plus proche de nous, on ne peut que se désoler d’y trouver un Québec bien représenté, avec une centaine de noms dont notamment l’ancien dirigeant du CHUM (et ami de Porter) Yanaï Elbaz, qui serait par ailleurs également complice de pots-de-vin impliquant la firme SNC-Lavalin ; McKesson Canada, qui a comme clients quelque 1350 hôpitaux et 7100 pharmacies ; Annette Laroche, ex-employée de deux grands bureaux d’avocats qui avaient plus de 150 entreprises pour lesquelles transiger ; Louise Blouin, millionnaire et sœur d’Hélène Desmarais, de Power Corporation, et qui prétend ne pas connaître les placements de ses avoirs.

Bref, nous nous retrouvons devant un organigramme de corruption généralisée aux proportions hallucinantes, le plus grand scandale du siècle qui s’exprime à l’échelle planétaire, et dont heureusement nous entendons enfin parler grâce à la vigilance et au courage de journalistes.
Mais la frustration, la rage même, peut être de plus en plus palpable au sein de la population. Surtout quand, malgré une richesse déjà très mal répartie – avec l’appropriation par les 2% les plus riches de 98 % des richesses mondiales, qui ne laisse donc que des miettes à la quasi-totalité de la population dont une bonne partie ne dispose même pas de quoi se nourrir tous les jours – on constate que les plus riches, toujours plus avides et rapaces, continuent de tricher pour en avoir toujours plus. C’est un constat absolument révoltant, qui ne pourra un jour que conduire à l’anarchie, quand la population en aura marre de se faire exploiter et mépriser.

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Vincent Di Candido

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