Michèle Bouchard
Collaboration spéciale

Elodie Bouchard
Collaboration spéciale

 

Pour nos lecteurs assidus, vous avez dû remarquer que notre article de janvier portait sur l’immobilier d’une perspective complètement différente. Pour annoncer le printemps qui se fait sentir par les journées plus longues et moins froides, voici une deuxième partie pour mettre la table à la saison des amours. Au menu, des architectes dans la nature.

Dans le désert du Kalahari, nous pouvons retrouver un architecte et charpentier qui coûte sûrement moins cher que les contracteurs d’aujourd’hui. C’est un passereau de 30g et 14cm de long appelé républicain social. Il choisit en général un arbre appelé acacia à girafe de 16 mètres de haut. C’est sur ses branches que seront construites des structures aériennes en paille qui vont abriter la colonie.

Ces espèces de HLM végétaux peuvent accueillir jusqu’à 500 copropriétaires. Les toits des «bâtiments» sont construits sur les branches de l’arbre et assurent la solidité de la construction. Les républicains sociaux construisent alors, sous les branches, de haut en bas, les nids qui viennent s’ancrer sur le toit qui servira de structure porteuse. Pour repartir le poids, la colonie construit plusieurs «bâtiments». De 7m de long et 4m de haut ils peuvent peser plusieurs tonnes même s’ils sont construits en paille. Ils peuvent dater de plusieurs siècles et servent à plusieurs générations de républicains sociaux. À ne pas confondre avec les hommes politiques de nos voisins du Sud. 

Ces oiseaux construisent et entretiennent ensemble cet habitat. Chaque année une partie de la colonie ne se reproduit pas et veille à l’entretien des parties communes tout en facilitant l’approvisionnement des oisillons des couples reproducteurs. Les couples reproducteurs aménagent les parties privatives en assurant le confort des nids pour recevoir les oisillons. L’année suivante il y aura une rotation entre reproducteurs et constructeurs.

Notre animal préféré canadien, le castor, est un charpentier et un ingénieur en hydraulique. Cet animal construit, proche de la berge, sa maison de telle façon que les entrées se trouvent sous l’eau afin de se protéger contre les prédateurs. Afin que les entrées soient bien immergées, le castor a besoin d’une eau profonde d’environ 60 cm, au minimum. Si l’eau n’est pas assez profonde, il construit donc des barrages, afin d’inonder les zones boisées et de réguler la hauteur de l’eau entourant sa maison. Par la suite il va entretenir les barrages, car il a besoin d’un niveau d’eau haut et constant. Les incisives du castor sont tranchantes comme des haches et leur émail contient du fer. Le plus grand barrage du monde construit est au pays et mesure 850 m de long. Le chantier de sa maison commence par un amas de branches positionnées les unes sur les autres jusqu’à former un tas à fleur d’eau. Ensuite le castor creuse en général deux entrées, une entrée étant une sortie de secours si un prédateur réussit à rentrer dans la maison. Ces entrées sont creusées dans la berge pour atteindre l’édifice. Il creuse ensuite deux pièces distinctes qui deviendront les chambres et une entrée sur une plateforme construite de 10 cm au-dessus de l’eau. Le reste des pièces resteront sèches. Agrémenté d’une cheminée d’aération pour amener l’air frais, l’édifice est calfeutré avec de la boue et des feuilles pour une parfaite étanchéité. 

Sa maison, dans laquelle il va vivre pendant plusieurs années, le protège des prédateurs et surtout du froid, la boue de sa maison gelant en hiver : la température à l’intérieur est entre 18 degrés et 12 degrés Celsius alors que dehors il fait -30 degrés. La maison du castor reçoit parfois des «invités». Il partage en effet sa maison temporairement et en parfaite harmonie avec des rats musqués. Ce partage est possible, car le castor est nocturne alors que le rat musqué est diurne.

Une maison est aussi importante pour les animaux que pour les humains et pour les amoureux de l’immobilier et de l’architecture, il est facile d’apprécier l’ingénuité des animaux dans la construction de leur chez-soi.

Contact: [email protected]    [email protected] • mbouchard.ca

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Michèle Bouchard

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