Depuis plusieurs années, notre société est lourdement affectée par la crise des médias face aux géants numériques américains qui engrangent la vaste majorité des profits publicitaires. Les journaux communautaires contribuent grandement à faire vivre la démocratie localement. À ce sujet, Brigitte Roussy, attachée de presse au cabinet de la ministre de la Culture et des Communications Nathalie Roy, répond aux questions d’Échos Montréal.

 

Le rôle essentiel des médias communautaires

Pour ce qui est de l’importance des médias communautaires au sein de notre société, Madame Roussy assure, outre le fait que ces médias génèrent des centaines d’emplois, que « dans un contexte de concentration des médias, ils contribuent à la diversité des voix dans notre société. L’offre d’une information québécoise de qualité et diversifiée demeure essentielle pour la vitalité de la vie démocratique québécoise. » À ce titre elle précise : « Nous sommes très sensibles à la vocation de ces médias de proximité pour l’économie locale et pour les valeurs sociales…Dans un contexte de concentration des médias, ils contribuent à la diversité des voix dans notre société ». Elle justifie de plus leurs importances du fait de « la production d’un contenu de qualité complémentaire aux médias publics et privés ».

 

Un placement publicitaire minimum de 4%

En 1995, un décret gouvernemental incitait les ministères et organismes gouvernementaux à réserver au moins 4% de leur budget publicitaire aux médias communautaires. Malheureusement c’est loin d’être le cas. À cet effet, Madame Roussy nous affirme : « Nous portons une attention toute particulière à notre capacité d’effectuer du placement publicitaire dans les médias communautaires. À cet égard, nous avons sensibilisé tous les ministères, organismes et sociétés d’état à l’importance du respect de la politique du 4 % en matière de placement publicitaire dans les médias communautaires. » Elle précise aussi que dans ce domaine, son ministère fait bonne figure : « Dans l’exercice 2018-2019, le pourcentage total des dépenses publicitaires du Ministère de la Culture et des Communications dans les médias communautaires s’est élevé à près de 15 %. » Mais elle reconnaît que « la somme totale d’investissement de l’ensemble des ministères et organismes pour l’année financière 2018-2019 était de beaucoup moindre. Notre travail de sensibilisation se poursuit pour atteindre des investissements plus importants. Des actions sont d’ailleurs en cours de préparation à cet égard. »

 

Une hausse et une facilité d’accès nécessaires des aides gouvernementales

Nathalie Roy, Ministre de la Culture et des Communications

En ce qui concerne les aides de financement aux médias communautaires, Madame Roussy précise que l’enveloppe du Programme d’aide au fonctionnement des médias communautaires (PAMEC)a été bonifiée en 2017 de 4,8 millions de dollars sur 5 ans. Elle ajoute :« L’année suivante, le programme soutenait 156 médias imprimés, télévisions ou radios avec une enveloppe annuelle de 5,5 M$ ». Toutefois, le Ministère est conscient que le PAMEC devra être amélioré : « Il est primordial que nos programmes répondent spécifiquement aux besoins exprimés par les médias communautaires. Nous prenons donc les moyens nécessaires pour réévaluer nos programmes. À cet effet, le PAMEC sera révisé pour son application 2020-2021. »

Actuellement, les journaux imprimés, malgré la crise de médias, doivent payer des contributions très importantes à RecycleMédias, pour la collecte des matières recyclables. Madame Roussy nous informe : « Depuis notre arrivée en poste, nous avons été sensibilisés et interpellés par la difficulté des journaux imprimés de s’acquitter de leurs obligations à l’égard de la contribution monétaire qui leur est exigée pour les coûts liés à la collecte sélective des matières recyclables. Nous avons répondu présents ! Le premier budget du gouvernement prévoit une contribution du Ministère de l’Environnement de 3M$. À cet égard, nos deux ministères poursuivent leur discussion pour trouver une solution pérenne à cet enjeu. »

Aussi, Brigitte Roussy aborde les autres dispositions qui sont prises : « Plus largement, nous nous sommes immédiatement saisis du chantier concernant l’avenir de l’information au Québec avec l’annonce de la création d’une commission parlementaire sur l’avenir de l’information au Québec. Nous agissons afin d’obtenir une vision d’ensemble de la réalité de l’information partout au Québec et pour trouver, en collaboration avec les divers intervenants concernés, les solutions pour faire face aux profondes transformations que vit ce secteur. Un comité interministériel a aussi été mis en place afin d’évaluer les possibilités de mesures pouvant soutenir le secteur de la presse écrite. »

La situation de plusieurs journaux communautaires étant très fragile, il est à espérer que ces mesures soient mises en place rapidement et permettent de faciliter l’accès à des ressources financières conséquentes afin de garantir leur pérennité.

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Échos Montréal

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