Notre rédacteur François Di Candido l’a souligné dans son analyse sur Montréal dans l’édition du mois passé, et comme pour faire échos plusieurs journalistes ont d’ailleurs tenu des propos similaires depuis: Montréal souffre d’une pléthore de sérieux problèmes.

© Stéphan Poulin – Tourisme Montréal

On fait ainsi état de la  malpropreté de ses rues  d’un niveau d’itinérance devenu endémique, qui se conjugue en trame de fond avec une crise de logements abordables et une nette carence de loyers à prix modiques; d’une collecte des déchets nettement déficiente; d’une piètre qualité du déneigement, du délabrement avancé de plusieurs rues et trottoirs de la métropole. Sans compter une prolifération des cônes orange et de nombreux nids-de-poule et, parfois si profonds qu’on aurait presque l’impression de pouvoir y rejoindre l’hémisphère sud. D’ailleurs le nouveau sport des automobilistes est de compter les milliers de trous dans les rues de montréal. Aussi on compte une recrudescence de la présence de drogues et d’armes en feu sur le territoire montréalais, avec en filigrane une montée exponentielle des incidents de violence depuis quelques années. 

Et, à travers tout ça, on a aussi un contexte économique plutôt difficile, en phase avec des économies mondiales majoritairement inflationnistes. Cela se transpose également à l’échelle de Montréal, les solides difficultés commerciales et la multiplication des locaux vides en sont des exemples probants. Dans ce dernier cas, on ne peut cependant s’empêcher  de penser que ce problème spécifique pourrait en fait aider à en résoudre un autre. En effet, d’après la firme Avison & Young, il suffirait de faire la conversion vers une vocation résidentielle de 20% des espaces commerciaux vides ainsi que de certains hôtels abandonnés et églises désertées pour essentiellement régler la crise du logement. En effet ce sont quelque 21 millions de pieds carrés qui sont ainsi disponibles présentement et qui sinon pourraient bien demeurer non comblés pendant des décennies. Sauf que toutes idées de dérogations et de conversions, de même que les coûts de transformation proprement dits, nécessiteront impérativement l’apport des trois niveaux de gouvernements. 

Dans l’intervalle, la mairesse Valérie Plante mentionnait dans une entrevue avec Paul Laroque à TVA, qu’elle souhaitait s’attaquer au problème de la Crise du Logement et davantage aider les commerçants dans le cadre d’un troisième mandat, pour lequel elle mentionne déjà être intéressée à se présenter. 

Euh… pardon.!.?. Alors déjà, d’emblée, Projet Montréal et l’administration Plante sont solidement embarqués dans un 2e mandat et en sont à leur 7e année au pouvoir. Ça fait des années que la crise du logement et les difficultés socioéconomiques plombent la métropole. Comme se fait-il qu’elle ne s’en soit pas mieux occupée avant?  

On le constate au quotidien, le capital de sympathie et d’indulgence envers cette administration a énormément diminué – d’aucuns diraient même presque disparu, avec les plus récents sondages soulignant 53% des gens comme étant insatisfaits, contre seulement 35% qui lui donneraient encore peut-être un timide appui.  

Pour l’instant, on semble se contenter de petites mesurettes, mais à grands renforts de conférences de presse, marque de commerce de l’administration Plante. On parle ainsi d’investir 1 milliard $… en 10 ans pour régler les problèmes du centre-ville. Alors, d’une part, 1 milliard $ sur une décennie, ça a l’air bien quand on le dit vite, mais au final cela ne représente que 100 millions $ par année. C’est trop peu. D’autre part, 10 longues années, c’est encore une fois faire preuve de paresse et laisser aller les choses pendant beaucoup trop longtemps. C’est se contenter d’un statu quo et s’auto-accorder une indulgence beaucoup trop élastique. 

Même constat face à des petites idées de projets comme une piétonisation minimale pour tenter d’attirer de la clientèle du Carrefour Laval, ou s’imaginer qu’on va ainsi donner un outil efficace à des quartiers comme le Centre-ville ou le Vieux-Montréal pour combattre efficacement des surfaces géantes comme le Quartier 10×30, qui offre de grandes surfaces de stationnement et tout le confort du magasinage moderne sans avoir à se préoccuper de son véhicule ou de l’accès automobile. Dans un ordre d’idée corollaire, déclarer comme l’a fait la mairesse Plante, vouloir laisser de côté les grands projets d’envergure pour Montréal, constitue en soi un flagrant aveu d’échec. Et on ne se compare pas simplement avec de grandes mégalopoles comme Paris ou Manhattan, mais même si on le fait avec des villes à l’échelle similaire, plus modestes, comme Lyon, Sidney, ou Boston – ou même chez nous par rapport à la Ville de Québec-, Montréal fait piètre figure depuis plusieurs années. 

Enfin, on ne peut passer sous silence ses propos irresponsables dénonçant les mesures du gouvernement qui souhaite hausser de 3000$ le montant payé par les étudiants étrangers venant étudier l’anglais à Concordia et mcGill, que pour l’instant tous les québécois doivent assumer, sous prétexte qu’il s’agit de l’ADN de la métropole. Il convient de noter qu’après leurs études, les étudiants incluant ceux des autres provinces, s’en vont. Ainsi, ces montants prélevés serviront à faire diminuer le montant actuel aux écoles francophones. De plus, aucune province n’est aussi généreuse que la province du Québec. Bref, Valérie Plante aura un long chemin de Damas à parcourir pour parvenir à convaincre les Montréalais. D’aucuns doutent même que cela soit possible. Il faut se souvenir que déjà, en novembre 2020, une proportion majoritaire de 51% des sondés montréalais se déclaraient insatisfaits de son travail. 

Une des seules raisons qui expliquent que Projet Montréal puisse encore espérer avoir quelques chances de conserver l’hôtel de ville, se résume au manque de personnalités connues s’étant pour l’instant présentées pour relever ce défi, conjugué à la mollesse léthargique d’une opposition mièvre et décevante. 

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Vincent Di Candido

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