Plusieurs commentateurs ont fait état de la déclaration du Ministre Pierre Fitzgibbon indiquant qu’il faudrait réduire de moitié le parc automobile d’ici 2050. Cette opinion pourtant sensée a été l’occasion pour certains d’y aller d’attaques purement démagogues à l’endroit du ministre caquiste, rabaissant le débat, embourbant les conversations dans un marasme superflu et s’écartant ultimement du sujet.

Le Ministre Pierre Fitzgibbon © Facebook

Celui-ci devrait pourtant faire consensus puisqu’à la base on parle ici d’une nécessité écologique, celle de réduire les gaz à effets de serre et d’atteindre la carboneutralité au cours des 27 prochaines années, ce qui est en outre loin d’être contraignant comme échéancier. Les désastres écologiques se constatent à l’échelle mondiale, sur une planète dont le climat global semble être ponctuellement en proie à la folie.  De nombreuses régions du monde sont victimes de sécheresses et les incendies y ravagent des forêts entières, tandis que d’autres subissent des inondations qui aurait été considérées aberrantes et improbables il y a quelques décennies.  La météo est déréglée tous azimuts et la Terre souffre. Ce n’est pas une fabulation wokiste, c’est une réalité scientifique, à laquelle adhère l’écrasante majorité des pays de la planète, et de leurs populations. 

Seulement voilà, certains analystes qui semblent surtout vouloir faire parler d’eux en cherchant constamment la controverse et le complotisme n’ont apparemment aucune vergogne à utiliser la démagogie et les sophismes pour attaquer le ministre. On lui reproche ainsi ses déplacements, pourtant d’une importance capitale dans son rôle de chef d’un des plus importants ministères qui soit, à titre de Ministre de l’Économie, de l’Innovation, de l’Énergie et du Développement économique. 

Par exemple, son trajet à Davos, en Égypte pour une importance conférence des Nations-unies sur le climat. Ou encore en critiquant  ses déplacements avec chauffeur malgré ses propos sur l’importance de parc automobile québécois, alors que nous avons au Québec un parc automobile gargantuesque se chiffrant à plus de 6 millions, avec des familles qui ont jusqu’à 4 voitures, incluant à Montréal où l’on compte pourtant sur un système de transport tout à fait adéquat et en omettant par ailleurs complètement de tenir compte de l’importance de la fonction de monsieur Fitzgibbon. 

Cela est vraiment de la démagogie crasse et indécente de marché aux puces de la part d’un, d’une, de journaliste(s) que nous ne ferons pas le plaisir de nommer. À quoi s’attend-on? À ce que le Ministre se téléporte? Qu’il fasse de l’auto-stop? Qu’il voyage en scooter en se trimbalant ordi et documents dans un sac à dos de chez Walmart? Ou tiens, pourquoi pas, à ce qu’il voyage en montgolfière, jusqu’à ce que les vents l’amènent, s’il est chanceux, au-dessus de sa destination pour qu’il puisse sauter en parachute? 

Un tel manque de rigueur dans le commentaire ne contribue en rien à élever le débat ou à amener des solutions à ces enjeux. Par chance, d’autres journalistes ont des opinions plus nuancées et mieux construites. Le consensus général s’accorde à reconnaître la nécessité urgente de trouver des solutions concrètes et pérennes dans les prochaines années. Le transport en commun, la voiture électrique et les crédits d’impôts à l’achat d’un tel véhicule, ou les subventions industrielles écologiques pour aider à financer la modernisation «verte» des entreprises sont parmi les solutions étudiées, que l’on pense aux petits barrages hydro-électriques, aux panneaux solaires ou au recours à l’hydrogène. 

Il faut aussi considérer les différences logistiques à concilier entre le transport en ville et celui en banlieues ou dans des zones rurales. 

Ce n’est pas une problématique unique à l’Amérique du Nord, beaucoup de pays sont à la recherche de solutions. Par exemple en France, comme à Paris, où l’on fait alternance des plaques d’immatriculation pour circuler dans la ville, ou encore comme Grenoble qui interdit tout simplement de circuler en voiture au centre-ville. Ça peut sembler austère pour le confort de vie citoyenne mais il faut prendre conscience que notre modernisme s’accompagne aussi d’une volontaire «myopie sociale» quant à l’urgence de la situation. On n’a qu’à penser à toutes ces personnes dont la langueur sédentaire (paresse) devient si systémique qu’elles préfèrent prendre quotidiennement leur auto pour aller chercher une simple pinte de lait. Ou encore aux fumeurs qui continuent de jeter malproprement leurs mégots de cigarettes par terre, comme si l’espace public était leur cendrier ou leur poubelle privée. Il ne leur viendrait pourtant pas à l’esprit de jeter aussi cavalièrement un mouchoir sur le sol, même si paradoxalement le papier du mouchoir, lui est biodégradable contrairement aux mégots de cigarettes qui perdurent et polluent pendant des années. 

En tant que société, nous refusons de changer nos habitudes mais n’hésitons pas ensuite à chercher d’autres coupables à accuser pour la détérioration du climat. 

S’en prendre au ministre, et en utilisant des argument aussi piètres et sophistes alors que monsieur Fitzgibbon ne fait que souligner du factuel, c’est faire preuve de malhonnêteté intellectuelle et se fermer les yeux sur une réalité on ne peut plus concrète et actuelle, celle d’une catastrophe climatique irrémédiable et d’une empreinte écologique négative de l’Humain à l’échelle mondiale. Et n’en déplaise à ses détracteurs, malgré une certaine maladresse dans leur expression, les commentaires du Ministre sont justifiés.

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Échos Montréal

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