Comme l’ont démontré les plus récents coups de sonde, dont le sondage sommaire publié dans notre journal en mars 2024 à l’occasion de notre concours de langue française dans les écoles secondaires de l’arrondissement Ville-Marie, le déclin de la langue française semble être en accélération partout au Québec, particulièrement sur le territoire de l’Île de Montréal.

Le fait est que la cause francophone est en perte d’identité depuis de nombreuses années et, malheureusement, cette triste erre d’aller ne semble pas en voie de se résorber. 

Plusieurs facteurs se conjuguent de pair pour expliquer ce dépérissement, dont l’immigration croissante avec la venue de milliers d’immigrants dont les langues maternelles ne sont pas le français et dont l’apprentissage d’une langue seconde s’est majoritairement orienté vers la langue de Shakespeare plutôt que celle de Molière; l’océan démographique majoritairement anglophone ceinturant le Québec de toutes parts, et le désintéressement progressif des nouvelles générations accrocs au réseau sociaux et au «Web» et qui trouvent plus cool et plus pratique de parler anglais, notamment pour communiquer via TikTok, Instagram, YouTube et Twitch, et toutes ces autres «gugusses» virtuelles/numériques qui contribuent à l’anglicisation de notre culture. C’est un triste constat mais beaucoup de jeunes Québécois ne semblent pas avoir de fierté identitaire, au contraire de la jeunesse d’autres pays comme par exemple en Ukraine, où très majoritairement les jeunes se battent pour conserver leur identité, on dirait qu’au Québec on collabore plutôt avec plaisir pour la perdre. 

À travers cette spirale descendante, le Ministre fédéral de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté du Canada, Marc Miller, a l’indécence de s’auto-glorifier d’augmenter d’un famélique 6% l’immigration à orientation francophone, alors que tous les experts linguistiques indiquent qu’un seuil de 20% serait nécessaire pour préserver la langue et la culture française, et que cela devrait s’accompagner de la collaboration des autres provinces. Ce qui bien sûr n’est absolument pas le cas présentement – et ne le sera jamais -, alors que toutes les provinces anglophones à l’Ouest n’en ont que pour l’anglais et n’affichent aucune préoccupation à l’égard des communautés minoritaires francophones, qui sont incapables d’obtenir des services en français dans ce pays qui est pourtant officiellement celui «des deux langues». Cela inclut même de l’ostracisation économique, comme par exemple à Sudbury en Ontario, qui refuse catégoriquement de financer l’institution bancaire québécoise La Laurentienne.!. 

Il n’y a que des pseudo-analystes politiques biaisés comme ceux de The Gazette ou du Globe and Mail qui refusent d’avouer ce que tout le monde sait, c’est-à-dire que le supposé bilinguisme canadien n’est qu’un mirage partout ailleurs…. Sauf bien sûr au Québec, seule province où justement on a dénombré 89 municipalités faisant un effort constant pour accommoder les communautés anglophones et offrir du service en anglais à ceux en ayant besoin. Ce qui n’empêche jamais néanmoins les anglophones les plus vocaux de se plaindre ponctuellement d’être maltraités et de pathétiquement se poser en pauvres victimes. Comme hypocrisie déconnectée de la réalité, on ne fait pas mieux! 

En vérité, les Francophones du Canada sont constamment traités comme une sous-catégorie démographique, qu’il est aisé de piétiner sans vergogne et dont les légitimes préoccupations sont cavalièrement balayées sous le tapis. On n’a qu’à regarder ce qui se passe au Nouveau-Brunswick pour s’en convaincre et réaliser toute la menace de cette lente érosion de notre langue au sein même de notre propre nation. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si on peut constater une remontée aussi spectaculaire du Parti Québécois dans les sondages. Les raisons en sont multiples, mais la défense du français et de la spécificité québécoise siège en tête de liste. 

D’un parti qui semblait apathique et presque moribond, avec en parallèle une option nationaliste en dormance depuis les échecs référendaires de René-Lévesque en 1981 et de Jacques Parizeau en 1995, le parti du populaire (et talentueux) Paul St-Pierre Plamondon trône maintenant au sommet des sondages en 2024, au grand dam de tous les autres partis, incluant la CAQ, dont les bourdes à répétition alimentent un 2e mandat cauchemardesque. Entre autres, on reproche justement au parti de François Legault sa mollesse face au fédéral et son manque de fermeté dans la défense du français et en Éducation. 

Les Caquistes doivent agir tous azimuts et frapper le nœud du problème en amont, partout où cela est nécessaire. Dans les commerces où la prédominance de l’unilinguisme anglophone sévit malheureusement impunément. Dans les cégeps où le français est plus malmené que jamais, dans les écoles secondaires, où l’on massacre l’orthographe et la grammaire et où l’on dirait que ce sont maintenant surtout les étudiants provenant de familles issues de l’immigration francophone – à ne pas confondre avec l’immigration totale, qui hélas est globalement anglophone – qui sont devenus les porte-étendards de la langue francophone, pendant que les jeunes Québécois s’américanisent toujours un peu plus.  

La cause est pourtant loin d’être sans espoir. Bien au contraire, plusieurs solutions existent, mais il faut pour cela faire preuve d’une réelle et disciplinée détermination sociopolitique. Par exemple, obliger les nouveaux arrivants immigrants qui veulent obtenir de l’aide sociale à s’intégrer activement dans la communauté francophone qui les accueille. Veiller à ce que le français soit prédominant pour l’affichage et la langue parlée dans les commerces, ou qu’à tout le moins le bilinguisme y soit réellement présent, en respectant en tous points la présence primordiale de la communication francophone. 

En Éducation également, où le Ministre Bernard Drainville doit cesser de patiner en rond dans une perpétuelle réflexion mièvre versus des actions trop timides, et se résoudre à enfin agir concrètement. À commencer par interdire pour de bon l’usage du cellulaire pendant les cours, comme c’est le cas en France. Et au niveau pédagogique, il faut revenir à la base en étant plus exigeant et en cessant de vouloir perpétuellement dorloter nos petits princes et princesses dans la ouate, et en remettant à l’ordre du jour des standards acceptables dans l’enseignement de l’Histoire, des Mathématiques, du Français et d’autres matières laissées de côté sous la pression de certains professeurs & parents «wokes». 

Car nonobstant la possibilité d’un référendum au cours de la prochaine décennie, il est essentiel d’être beaucoup plus réactif et optimal pour la défense de la langue et de la culture francophones, au sein d’un Canada où les deux solitudes n’auront jamais été plus mises en évidence depuis les débuts de la confédération. 

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Vincent Di Candido

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