L’hécatombe des journaux se poursuit et chacun cherche le moyen de parvenir à rester en vie alors que l’information est de plus en plus centralisée, fragilisant ainsi nos démocraties. On assiste de fait à une disparition du papier au profit des géants de l’informatique, plus communément nommés GAFA (Goggle, Amazone, Facebook et Apple), qui s’arrogent à eux seuls plus de 75 % du marché publicitaire. Les derniers journaux en difficulté sont Le Soleil, La Voix de l’Est, Le Nouvelliste, Le Quotidien, La Tribune et Le Droit, du groupe Capital Médias, que le président démissionnaire Martin Cauchon avait lui-même racheté en 2015 à Power Corporation de l’homme d’affaires André Desmarais.
Il faut rappeler que ces journaux régionaux constituent un apport important d’information locale et que s’ils venaient à disparaître, il ne resterait alors que quatre quotidiens à savoir le Journal de Montréal, celui de Québec, Le Devoir ainsi que l’édition numérique de La Presse. Cela a incité le gouvernement à injecter cinq millions de dollars dans l’espoir que par la suite, un groupe solide reprenne la barre et redresse le lourd bilan d’endettement actuel qui est de 26 millions de dollars.
Mais sans des mesures concrètes des deux paliers gouvernementaux, l’hémorragie va s’aggraver. Il devient ainsi urgent de limiter le pouvoir du GAFA en leur faisant payer leur juste part d’impôts en plus de s’acquitter des droits d’auteurs des journaux alors que leurs contenus nourrissent les sites de ces multinationales.
De plus, le gouvernement doit imposer un quota publicitaire aux différents ministères et organismes qui pour le moment effectuent la majorité de leurs placements publicitaires auprès de ces géants du numérique. C’est le cas pour la SAQ qui a par ailleurs diminué en un an de 36 % sa publicité dans les journaux imprimés. Hydro-Québec a fait pire encore, avec une baisse de 41 % entre 2017 et 2018, privant ainsi les journaux du Québec d’un apport financier important.
Comme l’a mentionné à de multiples reprises la Ministre de la Culture Nathalie Roy, les journaux locaux sont très importants pour informer les citoyens et faire vivre la démocratie. Il faudrait que son propre gouvernement impose des règles aux différents ministères. L’AMECQ, qui regroupe plus de 80 journaux et magazines dans toutes les régions du Québec demande qu’on aide les médias écrits communautaires en mettant en application le décret que Madame la Ministre trouve pertinent, inscrit en 1995 sous l’ère Parizeau, prônant un minimum de 4 % en publicité gouvernementale. On attend toujours en 2019 qu’il soit appliqué alors que les différents organismes gouvernementaux semblent l’ignorer. Le gouvernement Legault, qui a exprimé sa sensibilité à cette crise des médias écrits, doit maintenant agir rapidement avant qu’il ne soit trop tard et que les effets de l’inaction impacteraient lourdement la démocratie que nous connaissons.