Cette question qui peut faire peur devient néanmoins de plus en plus pertinente à se poser dans le climat sociopolitique explosif qui prévaut actuellement.
C’est en effet un débat à venir qui se profile non seulement pour l’Europe, aux prises avec les dossiers doubles de l’affrontement militaire dans la Bande de Gaza et de la guerre prolongée de l’Ukraine face à l’envahisseur belligérant russe du dictateur Poutine, mais aussi pour le Canada avec en filigrane bien sûr le déclin moral de l’Amérique trumpienne, dont les États-Unis ne peuvent plus être considérés comme le «leader du Free World», mais plutôt comme une autocratie oligarchique en devenir.
Et dans ce contexte, l’idée d’une résurgence du service militaire n’est plus aussi invraisemblable qu’elle pouvait l’être depuis le début du 2e millénaire, une réalité parfaitement bien illustrée par l’excellent discours du Président Emmanuel Macron dans sa récente allocution à la Nation. Y compris, pour le Canada donc, qui est au plus fort d’une guerre commerciale contre Trump et son administration républicaine servile et fanatique, et même si c’est un triste constat à faire alors que nous avons été les plus proches alliés – au propre comme au figuré – et le meilleur ami politique du Gouvernement américain depuis plus 100 ans, avec les Première et Seconde Grandes guerres mondiales.
Mais hélas, il semble que ce ne soit plus le cas aujourd’hui, ou en tout cas pas sous l’administration fantasque, capricieuse et égotique de Donald Trump, dont non seulement les tendances totalitaires et intimidatrices sont bien connues, mais qui enligne même carrément sa politique étrangère sur une volonté d’amitié avec tous les dictateurs possibles. En témoigne son admiration pour le dictateur russe Vladimir Poutine mais également ses nombreux compliments à l’égard du dirigeant nord-coréen Kim Jong-un.
C’est loin d’être une simple blague quand Donald Trump déclare vouloir annexer le Canada comme 51e état américain, ou quand il affirme vouloir rapatrier le Canal de Panama ou acheter/revendiquer le Groënland auprès du Danemark. Trump aime le fric, c’est là sa principale motivation. Or, les territoires convoités offrent des possibilités économiques grandioses, attisant d’autant sa jalousie et son envie. Particulièrement dans le cas du Canada, qui est un des pays les plus riches au monde en possibilités, peut-être même LE pays avec le plus grand potentiel en ressources naturelles et en richesses minières.
Et il dispose maintenant d’une gouvernance républicaine pour l’instant sans frein démocrate en contrepartie, pour assouvir ses visées autocratiques, et avec pour ce faire tout le pouvoir économique, d’influence, et même militaire des USA. D’où cette guerre commerciale absurde pour commencer, qui ne vise qu’à intimider les autres pays, y compris leurs plus proches alliés historiques, et en perturber l’économie. Il n’a que peu de préoccupations pour ses propres citoyens et du sort de ceux-ci, si en chemin il fout l’économie à terre. Il l’avait carrément d’ailleurs dit on ne peut plus clairement à ses partisans pendant la campagne électorale: «je n’en ai rien à faire de vous, ce que je veux ce sont vos votes». Et beaucoup trop de monde ont fait l’erreur de croire qu’il s’agissait simplement d’une étrange pointe d’humour.
Trump est un sociopathe narcissique. Et ce serait une autre grossière erreur que d’oublier de réagir avec tout le sérieux nécessaire. Malgré la courte période depuis son arrivée, les paradigmes mondiaux ont déjà changé et nous sommes entrés dans une nouvelle ère, un réalignement forcé de l’Ordre mondial. Par le passé, et plus spécifiquement après la 2e Grande Guerre mondiale, l’Europe imposait le service militaire obligatoire. Initialement pendant trois ans, une durée qui fut ensuite réduite à un an et demi. Cette mesure était nécessaire après ce conflit planétaire qui avait fait plus de vingt millions de morts et mené presque à l’extinction du peuple juif par les nazis d’Hitler, un autre dictateur dont Trump et son acolyte non-élu Elon Musk ont fait l’aberrante apologie à quelques reprises.
Mais accorder justement de l’importance concrète et accrue envers l’aspect militaire de leurs gouvernances respectives a permis d’installer conjointement un système de sécurité global et de pacifier l’ordre mondial. Aujourd’hui, nous devons à nouveau faire face aux visées belliqueuses de deux pays aux comportements autocratiques, la Russie et les États-Unis, qui semblent même vouloir devenir alliés, si on en juge par les déclarations du Président américain et aussi fou que cela puisse être. C’est une chose qui aurait été absolument inconcevable par le passé, alors que pays de l’Oncle Sam avait toujours manifesté une saine méfiance et une attitude toujours stricte et ferme envers la Russie (autrefois l’UR.S.S.), et ce, depuis même bien avant la Guerre froide. Les anciens présidents américains encore en vie – particulièrement les Républicains! – doivent légitiment être furieux à l’heure actuelle, et les autres se retourner dans leurs tombes.
Ce n’est plus l’Allemagne nazie, mais plutôt la Russie… et apparemment potentiellement les États-Unis qui menacent. Pour l’instant la confrontation envers ces derniers demeure économique et diplomatique, mais il est primordial de ne pas prendre les choses à la légère et de ne pas sous-estimer l’explosivité potentielle du contexte actuel, tant que sera au pouvoir ce Président américain aux capacités cognitives en déclin mais à l’égo plus capricieux et hypertrophié que jamais. Heureusement, l’OTAN, constituée d’une trentaine de pays et menée par l’Union européenne et la France du Président Macron, demeure lucide, fait face à ce danger sans fléchir, avec fermeté et détermination et elle s’organise rapidement, malgré le retrait des USA et les velléités agressives du Président américain.
Tant mieux, car c’est une nécessité incontournable pour tenir en laisse les nouveaux Napoléon modernes, n’en déplaise à ceux qui préfère vivre dans le déni, se bercer d’illusions jovialistes ou se cacher la tête dans le sable.