Vous rappelez-vous du temps où Bombardier était encore considérée comme un joyau de l’entrepreneuriat québécois et un fleuron de l’industrie aéronautique ?  Cette époque est révolue depuis longtemps et il y a lieu de rager lorsque l’on constate à quel point notre entreprise multinationale n’est plus que le pâle reflet de ce qu’elle a déjà été, alors que la valeur de son titre a ponctuellement chuté et que sa dette accumulée a atteint un niveau stratosphérique pendant que son volume d’affaires lui s’est réduit lamentablement.

Avec pour résultat, comme on l’apprenait récemment dans le Wall Street Journal, que Bombardier doit maintenant vendre une autre de ses divisions, pour éponger une partie de sa dette de 9 milliards $ US. On parlerait donc maintenant soit de liquider Bombardier Transport dont la valeur pourrait s’élever à 6 milliards $ US, ou bien Bombardier Aéronautique,  qui se chiffrerait à près de 7 milliards $ US.

Rappelons que ce n’est pas la première fois que les hautes administrations successives de Bombardier en démembrent ses composantes. Cela avait été entamé il y a plusieurs années alors que la famille Beaudoin avait décidé de privatiser sa division récréative. Puis cela s’était poursuivi par la suite dans le cadre d’une transaction affreuse et choquante dont tous les Québécois se souviennent encore tant elle nous est collectivement restée coincée dans la gorge, alors que Bombardier s’est départie gratuitement – gratuitement! – du contrôle de sa C Series au profit d’Airbus, sous l’approbation du Gouvernement Libéral de Philippe Couillard.

Or, voilà que l’actuel PDG Alain Bellemare, après un bilan quinquennal que l’on ne peut honnêtement que qualifier de médiocre, dévoile des résultats bien en deçà des attentes pour  l’exercice financier 2019, annonçant donc dans le même souffle la nécessité de se départir d’une autre filiale.

Et c’est ainsi qu’au cours de ses 5 ans à la direction, où il devait aider Bombardier à redresser la barre et à retrouver son essor financier, M. Bellemare a au contraire contribué à faire perdre presque 55% de sa valeur en bourse, qui est passée de quelque 2,70$ à 1,20$ l’action au moment de l’annonce du Wall Street Journal, pendant que le volume d’affaires lui, n’a non seulement pas augmenté, mais a au contraire connu une diminution de plus 21%! Ce sont quelque 4 milliards $ US, que l’on a ainsi perdus en volume d’affaires.

Ceci qui n’a pas empêché ce PDG pour le moins incompétent de faire fortune pendant ce temps, notamment en empochant un faramineux 10M$ en vendant des blocs d’actions de Bombardier, dans le cadre d’une opération qui laissait néanmoins un goût et un parfum amers puisque, curieusement, la cote en bourse de Bombardier chuta peu de temps après. Il est inexcusable que la Haute Administration de la multinationale n’ait pas eu des clauses salariales davantage tributaires de son rendement et de sa performance.

Car, en somme, au fil des années, Bombardier a permis à ses dirigeants de s’enrichir collectivement sur le dos des Québécois. En effet, ce sont 1,3 milliard $ via investissement Québec, auquel s’est rajouté un 2 milliards $ de la Caisse de Dépôt et placement du Québec, que nous avons collectivement investi dans cette entreprise. Prenez le temps d’y penser, de le calculer: 3,3 milliards $ de dollars, cela équivaut à plus de 330$ que Bombardier est venu piocher dans les poches de chaque Québécois, homme, femme et enfant, afin de permettre à ses dirigeants de mener au final la grande vie tout en démantelant peu à peu ce qui était autrefois objet d’une grande fierté pour le Québec.

C’est une véritable honte, Joseph-Armand Bombardier doit se retourner dans sa tombe.

À propos de l'auteur

Francois Di Candido

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