La dernière élection qui a eu lieu en novembre a vu le Gouvernement Libéral de Justin Trudeau être reconduit à la gestion du Canada, mais dans le cadre d’un Gouvernement minoritaire et qui plus est avec un pourcentage du vote populaire moindre que celui de son opposant principal, le Parti Conservateur d’Andrew Scheer.
Face à cette réalité nouvelle, les Libéraux n’ont d’autre choix que de créer des alliances.
Soit avec le NPD de Jagmeet Singh, qui tient impérativement à son programme ambitieux sur le climat, soit avec le Bloc Québécois, qui est redevenu la 3e force au Parlement en faisant élire 32 députés et dont le chef François Blanchet – qui a été très clair sur le fait qu’il représentera et défendra d’abord et avant tout les intérêts québécois -, exige de Justin Trudeau qu’il n’intervienne pas dans la mise en place de la Loi 21 au Québec, requérant la neutralité et la Laïcité pour toute personne exerçant une fonction gouvernementale ou un rôle d’autorité dans la fonction publique.
Pour compliquer davantage la tâche du chef Libéral, la pression se fait très forte en provenance de l’Ouest, particulièrement des riches provinces pétrolifères des Prairies, en l’occurence l’Alberta et la Saskatchewan, qui n’ont élu aucun député libéral et le Manitoba avec une très faible députation, et qui sont en sérieuse grogne face à ce qu’ils considèrent comme un manque d’appuis pour le projet de trajet en pipeline de leur pétrole, avec notamment le Québec qui en refuse carrément le passage sur son territoire.
Assez paradoxalement, Justin Trudeau a également souffert d’une large baisse de ses appuis en Colombie-Britannique, une province où l’environnement a une grande importance pour les électeurs, entre autres justement à cause de son appui au projet de pipeline ! On reproche aussi au Premier Ministre Libéral de toujours paraître disposé à faire un paquet de concessions à l’endroit du Québec, un modus operandi qui ne semble pas vouloir se transposer à l’endroit de la Colombie-Britannique. Et finalement, dans l’ensemble du pays, monsieur Trudeau et son parti ont été vraiment mis à mal par la louche et lamentable saga SNC-Lavallin.
Cette ambiance hautement revêche et inflammable force donc les Libéraux à la plus grande prudence, ne voulant pas mettre de l’huile sur le feu. C’est dans ce contexte que s’inscrit aussi la décision de Justin Trudeau d’écarter le fondateur d’Équiterre Steven Guilbeault du poste pressenti de Ministre de l’Environnement. Les nombreux contacts de monsieur Guilbeault dans les causes environnementales de même que le récurrent dossier houleux de pipeline transcanadien auraient rendu sa tâche intenable à accomplir.
D’une manière plus globale, cette situation géopolitique au sein même d’un Canada fracturé reflète bien toute la difficulté périodique qui marquera le parcours du Gouvernement Libéral minoritaire et instable. On anticipe d’ailleurs que, dès que les coffres électoraux seront renfloués, l’Opposition tous azimuts se fera un plaisir de jeter des bâtons dans les roues libérales, voire même de les défaire en Chambre, forçant ainsi le pays vers un nouveau processus électoral précipité, une perspective que plusieurs jugent d’ores et déjà probable dans un délai d’environ un an. Nul doute qu’entretemps, les coups d’éclats ne manqueront pas.
Je termine en vous remerciant tous chers lecteurs, annonceurs et commerçants, pour à nouveau votre appui au cours de cette année, où Échos Montréal a célébré déjà son 26e anniversaire, et pour vous souhaiter à tous de très Joyeuses Fêtes au nom de l’équipe du journal, ainsi qu’une année 2020 sous le signe de la meilleure santé, du bonheur et de la prospérité…
Bonne fin d’année, et on se reparle en 2020 !