Pour les centaines de millions téléspectateurs dans le monde qui ont veillé tard dans la nuit, et pour tout le monde ce matin au réveil du mercredi le 09 novembre, la stupéfaction est totale en constatant que cette Amérique et Première puissance mondiale aura à sa tête un homme que l’on décrivait comme arrogant, raciste, menteur, instable, sexiste, xénophobe et irrationnel, et n’ayant aucune des compétences exigées pour l’exercice de ces fonctions de la plus haute importance.
C’était d’autant plus imprévisible que cet autoproclamé milliardaire, qui s’était déjà aliéné tout autant les médias que les immigrants, la communauté afro-américaine, les femmes et le monde des affaires ; s’était aussi mis à dos les membres de son propre parti ! Les relations de celui que l’on doit désormais appeler Président Donald Trump avec Wall Street seront au plus mal.
Bien sûr, au lendemain de sa cuisante défaite, il faudra aussi se questionner sur les stratégies électorales très mal avisées de la détestée Hillary Clinton, alors qu’elle et son équipe ont choisi de ne pas trop concentrer d ’efforts dans des états-clés tels le Michigan, le Wisconsin, la Floride et la Caroline du Nord, considérant ces bastions électoraux comme déjà acquis sans problème. Cette condescendance lui aura coûté cher. Mais cela ne justifie pas que ce « moron » de la politique, si peu apprécié par les chefs d’État dans le monde que seuls les dictateurs ou les terroristes chantaient ses louanges, ait réussi à déjouer tous les pronostics, faisant aussi la honte des firmes de sondage qui donnaient toutes Hillary gagnante sans exception.
Cette élection signera pour les quatre prochaines années une cassure et une division profondes des États-Unis. C’est aussi un clivage marqué de la société américaine, alors que l’écrasante majorité rurale a voté républicain, tandis que les centres de pouvoir décisionnel et les grandes villes sont demeurés démocrates. C’est donc aussi la victoire de ceux qui ont moins d’éducation, d’ordinaire laissés pour compte mais qui cette fois viennent de faire un gigantesque pied-de-nez à toutes les élites : l’élite politique à Washington, l’élite des affaires à Wall Street, l’élite médiatique partout au pays, les “grandes vedettes” d’Hollywood qui ont tenté d’influencer le vote.
Il n’en demeure pas moins qu’on se retrouve avec un président américain qui aura les coudées franches comme jamais auparavant, avec une écrasante majorité également au Sénat et à la Chambre des Représentants. Or, les changements annoncés par Donald Trump tout au long de sa campagne sont majeurs et inquiétants. Une de ses velléités les plus fermes concernait les traités de Libre-Échange, auxquels il veut mettre fin en revoyant tous les échanges commerciaux. Rappelons aussi que monsieur Trump ne croit pas aux changements climatiques et il désire donc renier tout engagement à ce sujet. Évidemment, la controversée Obamacare, qui avait déjà subi de sérieuses ratées cette année, est dans son giron. Persistera-t-il aussi avec son aberrante promesse d’ériger un mur entre le Mexique qui n’est pas sans rappeler le Mur de Berlin ?
L’Amérique aux deux visages vient maintenant d’afficher son côté sombre, et relègue aux bancs d’école son autre moitié, celle dont la face était tournée vers l’avenir, et qui sera assurément sujette à de grandes confrontations, non seulement aux États-Unis mais aussi dans le monde, en proie à un protectionnisme xénophobe qui ne devrait plus avoir sa place dans notre ère moderne. En attendant, on constate déjà les effets économiques pervers de l’élection sur la bourse américaine. Une prochaine période noire vers l’inconnu est à nos portes.