Si le Canada est un pays avant-gardiste dans bien des domaines, force est de constater que l’écologie n’en fait pas partie. Depuis des années, plusieurs projets d’oléoducs et d’extraction du pétrole sont régulièrement dénoncés et la tendance n’est pas à l’amélioration.

Pourtant, à Paris en 2015, lors de la COP21, le pays était bien l’un des 195 états signataires de l’accord dont l’objectif est de réduire drastiquement le réchauffement de la planète. En effet, l’article 2 de cet engagement stipule que le but est de contenir le réchauffement « bien en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels », voir même de « limiter la hausse des températures à 1,5 °C ».

Mais face à cet accord qui fut dès le départ dénoncé par les écologistes, car non contraignant pour les pays signataires, ces derniers n’ont pas pris de mesure à la hauteur des enjeux et le Canada, qui pourtant était déjà en retard sur la question environnementale, ne fait malheureusement pas exception.

Aux États-Unis, le président Trump va même jusqu’à nier l’évidence, arguant que la vague de froid qui a frappé les États-Unis est une preuve que le réchauffement climatique n’existe pas, au dépit du consensus scientifique et de moult données factuelles. Le président américain ne semble pas comprendre que les dérèglements climatiques que nous connaissons ces dernières années et qui s’aggravent de plus en plus sont intimement liés à l’activité humaine et vont de pair avec le réchauffement de la planète. D’ailleurs, on peut déjà constater des records de chaleurs dans différentes régions du monde, incluant les États-Unis. L’Australie a même avoisiné les 50° Celsius par endroit.

Les villes en première ligne

Face à cette mauvaise volonté des états, les initiatives locales deviennent essentielles. Malheureusement, les efforts ne sont pas toujours là. Si le Québec, la Colombie-Britannique et l’Alberta ont développé une taxe carbone, d’autres provinces comme l’Ontario et la Saskatchewan y sont opposés.

Plusieurs villes de par le monde ont décidé de prendre des engagements et Montréal s’inscrit dans cette veine. Cependant, les mesures concrètes tardent à venir. Il faut de plus faire attention aux partenariats avec le privé et éviter les investisseurs appâtés uniquement par les subventions liées aux projets écologiques. On a pu dernièrement constater un exemple d’échec flagrant, matérialisé par le cas Téo Taxi, subventionné à coups de millions par le gouvernement provincial et Ottawa, pour finalement constater que le projet avait été mal préparé, les coûts d’entretiens, développement et maintenance ayant été largement sous-évalués.

Montréal peut pourtant s’inspirer de bon nombre d’exemples de villes de par le monde, dont Oslo en Norvège, désignée Capitale verte européenne 2019. Cette ville regorge d’inventivité, avec ses puits géothermiques, ses façades équipées de capteurs solaires et certains hôtels capables de recycler l’énergie des chambres froides et des ascenseurs. Oslo utilise aussi ses structures vétustes au profit de l’écologie, ce qui permet d’agir pour l’environnement tout en rendant la ville plus agréable. Ainsi, certains récifs artificiels sont créés pour préserver la faune sous-marine. De plus, d’anciens ponts où circulaient des voitures ont été piétonnisés et transformés en espaces verts.

 

Repenser les infrastructures de Montréal

Les changements climatiques mettent à rude épreuve des infrastructures qui à la base n’étaient pas prévues pour faire face à de telles conditions météorologiques.

Odile Craig, urbaniste et chargée de projets et développement au Centre d’écologie urbaine de Montréal, précise que l’un des problèmes majeurs est la “minéralisation des surfaces urbaines qui cause la perturbation du cycle naturel de l’eau. Les changements climatiques augmentent l’intensité et la fréquence des événements météorologiques extrêmes. Ces phénomènes combinés font en sorte que la pression sur nos infrastructures grises devient trop forte, ce qui occasionne débordements, refoulements, surverses dans le fleuve et inondations. Ces conséquences entraînent des coûts pour la Ville et les citoyens.”

Ainsi, pour madame Graig, “Montréal doit poursuivre ses efforts pour diminuer les surfaces imperméables, adopter des pratiques de gestion optimales des eaux pluviales, protéger les milieux naturels et encourager la déminéralisation d’espaces publics et à vocation communautaire.”

À titre d’exemple, elle cite le projet participatif Sous les pavés, initié par le Centre d’écologie urbaine de Montréal, visant à déminéraliser à la main des espaces publics et à vocation communautaire.

 

Des modes de consommation à revoir

©PHOTOMORPHIC PTE. LTD

Afin d’être à la hauteur des enjeux qui lui incombe, le virage écologique doit certes être fait par les gouvernements et municipalités, ou via des initiatives collectives, mais aussi individuellement.

De simples changements à nos habitudes de consommation peuvent contribuer grandement à réduire notre empreinte environnementale personnelle. Ainsi, bon nombre d’épiceries ont vu le jour sous le principe de suppression des emballages, générateurs de pollution. On y vient donc avec ses bocaux et sacs réutilisables et achète des produits non emballés. De plus, dans le but de favoriser les entreprises locales et de réduire l’impact écologique lié aux transports, ces épiceries proposent souvent des produits régionaux.

D’autres mesures individuelles permettent non seulement d’agir pour la planète, mais aussi de faire des économies. Les dépenses énergétiques en sont un bon exemple. Il est maintenant possible de consulter précisément sa consommation d’électricité journalière et d’obtenir des conseils dans le but de l’optimiser, sur hydroquebec.com.

Le travail s’annonce titanesque et le temps presse, car les experts sont formels, si l’on veut éviter un réchauffement climatique trop important, il est nécessaire de procéder à un véritable virage vert, et ce, dès maintenant.

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Échos Montréal

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