Il convient de se demander si le quartier historique n’est pas devenu un lieu privilégié pour le banditisme, sous le nez de la Ville de Montréal.

2e incendie meurtrier, angle des rues Bonsecours et Notre-Dame

Alors qu’autrefois c’était la drogue et l’alcool qui semblait être les chasses-gardées d’organisations criminelles, on dirait que c’est maintenant la venue touristique massive qui semble faire saliver la criminalité montréalaise, qui essaie donc de s’imposer de façon violente dans cette sphère d’intérêt, notamment via les lieux de divertissement (bars et discothèques) et le parc immobilier locatif, en l’occurrence via la location d’appartements Airbnb. Et on en arrive donc au tout dernier incident, tragique, survenu dans le Vieux-Montréal, dans la nuit du 3 au 4 octobre dernier. Un incendie, déterminé comme étant de nature criminelle, qui a brûlé l’immeuble situé au 402 Notre-Dame Est, où avait pignon un restaurant au rez-de-chaussée, et un hôtel dans les étages, faisant malheureusement deux victimes, une touriste française de 43 ans, et sa fille de 7 ans, en plus de deux blessés graves.   

Et ce n’est hélas pas un cas isolé. On se rappelle en effet de l’incendie qui avait ravagé un immeuble de la Place D’Youville en mars 2023, qui avait causé la mort de 7 personnes dans cet édifice transformé en Airbnb non seulement illégal, mais où les plus élémentaires des consignes de sécurité – telles que des avertisseurs de fumée en bon état, des fenêtres pour l’aération où même d’élémentaires sorties de secours – étaient  simplement absentes ou avaient été grossièrement ignorées par le propriétaire, tout ça dans le recherche  du profit maximum à moindre effort, et sans la moindre considération pour les vies humaines des locataires. Or il a été révélé que dans le cas de l’hôtel de la rue Notre-Dame… il s’agit en fait du même propriétaire.!. Mais au-delà du caractère extrêmement choquant (fâchant) de cette révélation au final pas si surprenante que ça – quand on apprend du même souffle que ce même proprio avait aussi reçu 4 constats d’infraction pour un autre édifice, sur la rue Prince, et avait été condamné à une amende ridicule de 2 700$ -, on peut surtout se questionner sur le laxisme et la lenteur de la première enquête pour qu’on n’ait pas été en position de prévenir ce deuxième événement tragique, qui laisse clairement transparaître une coordination criminelle à ces péripéties. D’autant plus quand on sait que les bureaux d’affaires du propriétaire des immeubles, Émile Benamor, situés la rue Berri ont ensuite été criblés de balles.

Il suffit de se rappeler ces dernières décennies tous les autres événements similaires. Comme lorsqu’un bar-discothèque la rue St-Jacques, le Tribe Hyper Club, avait défrayé les manchettes 2009 après qu’un jeune homme soit mort poignardé lors d’une bagarre. Ou en 2010 sur cette même rue St-Jacques, lieu funeste d’un règlement de comptes possiblement lié à l’assassinat de Nick Rizzuto Jr. à l’époque, et qui avait fait deux morts. Où les répétitifs incidents de rixes entre voyous sur la rue St-Paul, toujours à la sortie des bars. La rue de la Commune n’est pas en reste non plus, témoin de ponctuelles bagarres avec utilisation d’armes à feu et d’armes blanches, notamment proche du Quai de l’Horloge, qui semble en plus servir de refuge pour certains individus voulant se cacher de la Justice.  

2e incendie meurtrier, angle des rues Bonsecours et Notre-Dame © Échos Montréal © Échos Montréal

Soulignons que ces évènements ne sont cependant pas tributaires du seul Vieux-Montréal. De nombreuses infractions criminelles ont été répertoriées au Centre-ville, par exemple sur les rues Crescent et de la Montagne. À travers ce climat de violence, une enquête du Journal de Montréal informait que plusieurs réseaux criminels sont ainsi actifs à Montréal … pour n’en mentionner quelques-uns : parlons du Clan Celestin; de Arab Power; des Profit Boyz; ou encore du groupe issu de St-Léonard, le STL, qui fait dans la «sous-traitance» criminelle via l’extorsion et le meurtre ; tout comme le réseau criminel dirigé par un certain Atna Ohna, dont les ambitions d’après le Journal de Montréal serait de devenir le prochain parrain des gangs des rues à Montréal. 

Et tous apparemment tenterait de s’approprier la plus large pointe de tarte dans le gâteau à plusieurs étages du divertissement, de la restauration, et de l’immobilier, notamment celui à vocation touristique. Dont, conséquemment, un réseau potentiel d’inscriptions Airbnb. À mots couverts, on a aussi ponctuellement eu échos au fil des années de restaurateurs, ne désirant pas divulguer leur identité, mais faisant mention, d’avoir été par le passé approché par des individus, «insistants» dirons-nous, désireux de «s’associer» avec eux. Soit, on imagine, pour récolter une part des profits ou soit, peut-on penser, pour y trouver un levier idéal pour blanchir de l’argent illégalement (criminellement) acquis. Évidemment, bon nombre de ces infos s’apparentent plus à des rumeurs, ou à des ouï-dire. Mais clairement, cela laisse transparaître un schéma sous-jacent. 

Bien sûr, la police fait son possible. Mais elle n’est pas aidée en cela par la réduction de ses effectifs, conjuguée à un flagrant manque de mordant des règlements en place, ainsi que par des lois trop permissives et des amendes-bonbons, qui par exemple dans le cas des propriétaires de Airbnb leur permettent en toute impunité d’opérer pendant que les instances gouvernantes et administratives sont, elles, embourbées dans les méandres d’une bureaucratie imbécile et attentiste, et des délais de jugement aberrants. Comme c’est le cas justement dans l’incendie de la Place D’Youville. Plus d’un an et demi après les évènements, l’enquête «poursuivrait toujours son cours» et les familles des 7 victimes n’ont toujours pas pu avoir justice. Non pas que celle-ci puisse s’avérer particulièrement satisfaisante, si elle survient un jour, quand on réalise à quel point ladite justice se transpose en des amendes-bonbons ridicules et nullement dissuasives. 

2e incendie meurtrier, derrière le bâtiment, angle des rues Bonsecours et Notre-Dame © Échos Montréal

Au niveau de la criminalité, il va bien falloir que nos élus s’y attardent à un moment donné, mais dans le cas des locations Airbnb, un modèle touristico-locatif en déclin et qui ne rapporte pratiquement rien en revenus fiscaux pour le gouvernement, il est plus que temps que les élus responsables se sortent les mains du derrière, se secouent de leur torpeur et se décide enfin à agir avec fermeté, probité et sévérité. D’une part, il y a beaucoup trop d’inscriptions Airbnb qui pullulent, dans un contexte de problématique crise du logement et d’explosions exponentielles du coût des loyers à Montréal. C’est une réalité que plusieurs grandes villes ont comprise, comme New York qui interdit désormais aux propriétaires de louer pour moins de 30 jours, ou comme Barcelone qui elle a carrément décidé d’interdire dorénavant ce type d’inscriptions. Et plusieurs autres villes comme Paris, Madrid ou Stockholm s’apprêteraient à emboîter le pas.  

Et d’autre part, il est temps que le Québec, et Montréal, cessent d’être aussi gentillets Calinours en ce qui concerne les actions punitives telles qu’amendes et peines de prison. Quand une personne enfreint les lois, volontairement et en toute connaissance de causes, et que de par ses actions elle cause la mort d’autres personnes, la sentence se doit d’être réellement punitive et exemplaire.

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