Amoureux fou de Montréal, Meeker Guerrier a vécu près de vingt ans dans Parc-Extension, avant d’enchaîner les appartements dans Côte-des-Neiges, Rosemont, Le Plateau, Centre-Sud et Hochelaga. Il a pris un moment pour réfléchir à sa ville avec le journal Échos Montréal, entre son animation quotidienne à la matinale de Rouge FM et ses débuts comme animateur de la nouvelle émission Le Fil week-end sur Noovo. 

© Courtoisie

Fasciné par l’histoire de Parc-Ex, l’animateur parle avec enthousiasme de l’évolution de son ancien quartier «C’est un quartier de transition pour la plupart des nouveaux arrivants qui s’y installent pendant quelques années. Dans les années 1940-1950, les Italiens y ont vécu en grand nombre, avant de s’établir à Saint-Léonard. Puis, les Grecs ont suivi, avant de se déplacer vers Laval. Encore aujourd’hui, on retrouve des racines grecques un peu partout avec des parcs, des églises et des commerces aux noms grecs. Depuis le début des années 2000, on voit surtout des Indiens. C’est un quartier riche de toutes ses communautés.»

Il est toutefois conscient de la réputation négative du secteur de son enfance et de son adolescence, qui a longtemps été le quartier le plus pauvre au Canada. «Je me souviens qu’à Halloween, les clôtures étaient barrées entre Parc-Ex et Ville Mont-Royal, un endroit à l’opposé économiquement, afin d’empêcher les jeunes de mon quartier d’aller faire du porte-à-porte là-bas pour avoir des bonbons… Parc-Ex est un quartier mal-aimé, mais je l’ai adoré. C’est important pour moi de dire que je viens de là.» Même s’il sillonnait les rues de Parc-Ex jusqu’à connaître le quartier presque par cœur, l’animateur prenait aussi plaisir à découvrir le reste de la métropole avec son père entrepreneur. «Je l’accompagnais un peu partout en ville pour rencontrer ses clients. C’est grâce à lui si je connais bien Montréal.» Il affirme d’ailleurs être comme ses parents: un Montréalais à la vie à la mort.  C’est hors de question pour nous de déménager hors de l’île de Montréal. Je dis toujours que je suis d’abord Montréalais, puis Québécois d’origine haïtienne. Mes racines sont ici.»

Après environ deux décennies dans Parc-Extension, la famille Guerrier a déménagé dans Côte-des-Neiges. Puis, à 22 ans, Meeker Guerrier a loué son premier appartement sur l’avenue Papineau, entre Bellechasse et Rosemont. «Je me souviens encore très bien de la murale, près du Lebeau Vitres d’autos, que des artistes étaient en train de peindre quand je suis allé visiter l’appartement. Ça représente l’époque de mon indépendance et de mon émancipation. Et c’était la première fois que je vivais à l’Est du boulevard Saint-Laurent. Avant, je me tenais surtout dans CDN, Outremont, Parc-Ex, Ville Mont-Royal et Ville Saint-Laurent. Je ne pensais jamais vivre dans l’Est.»

Pourtant, il a longtemps vécu dans Rosemont, avant de multiplier les appartements situés quelques rues au Sud. «Je suis allé vivre sur le Plateau comme toute personne un peu in qui voulait une vie sociale divertissante. J’étais en début de carrière. Je sortais tout le temps et je dépensais beaucoup trop d’argent.» Il a également savouré la joie de vivre dans Villeray près du Marché Jean Talon, avant de retourner dans Rosemont. «J’ai habité dans le plus bel appartement de tous les temps sur la rue Drolet, entre Beaubien et St-Zotique. Je pensais que ce serait mon dernier appartement.»

Ses amours l’ont toutefois amené à déménager dans Hochelaga, un quartier dont il avait une perception très négative depuis longtemps. «Durant mes années d’université, je ne voulais rien savoir de Hochelaga. Quelques-uns de mes amis y vivaient, mais je me disais: “no fucking way que je vais habiter là”.» Cependant, quand il a rencontré son amoureuse et future mère de ses enfants, les choses ont changé. «Elle vivait dans Hochelaga. Quand on marchait dans le quartier, on rencontrait plein d’amis. Quelque chose me rappelait beaucoup Parc-Ex, puisque Hochelaga est aussi un quartier peu fortuné à la base. J’aime la vie de quartier.»

L’aspect convivial de Hochelaga et de Montréal en général est l’un des éléments qu’il préfère dans sa ville. «On dit souvent que les gens ne se parlent pas à Montréal, mais quand on prend le temps de leur parler, ils sont super ouverts. Je connais tous mes voisins. J’ai leurs numéros de téléphone. Une fois par année, j’organise une fête avec une centaine de personnes et je les invite. On s’entraide. Je connais aussi tous les commerçants du coin.» Il contredit également un autre cliché à propos de la violence ambiante. «Montréal est une ville méga sécuritaire, surtout si on la compare à la plupart des grandes villes du monde. En ce moment, on met en lumière des problèmes de violence, avec raison, car il faut en parler. Mais de façon générale, je me sens en grande sécurité.»

Quand on le questionne sur les faiblesses de la métropole, il pense tout de suite aux transports en commun. «Notre système de transports est déficient comparé à des villes de taille similaire. C’est difficile de se déplacer à Montréal. Oui, on doit moins utiliser nos voitures, mais si ça prend plus de temps de faire le chemin entre Hochelaga et Bordeaux-Cartierville que d’aller au IKEA de Saint-Bruno, ça n’a pas de maudit bon sens. Si on veut que les familles vivent en ville, il faut faciliter leurs déplacements et leur donner le goût d’être là.»

En ce moment, il n’a pas l’impression que le citoyen ordinaire est consulté par les instances municipales. Il craint également l’augmentation folle du prix des maisons et le manque d’accessibilité aux logements. Et par-dessus tout, Meeker Guerrier déplore la dynamique sociale dans les quartiers qui s’embourgeoisent. «Il manque de discussions et de rencontres entre les “nouveaux” résidents avec un peu plus de moyens et ceux qui vivent là depuis longtemps. À mon avis, on gagnerait tous à créer de liens entre les citoyens de différentes classes économiques.»

À propos de l'auteur

Samuel Larochelle

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