Hannah Claus carbure aux rencontres. Pour l’artiste multidisciplinaire de descendance mohawk et britannique, elles ne pourraient d’ailleurs être fortuites ou s’avérer oiseuses. C’est que l’échange qui s’impose au contact des corps et des idées, au frottement des objets et des symboles produit une hybridation vivifiante. Un sens nouveau au centre de cette exposition du Musée McCord intitulée c’est pas pour rien qu’on s’est rencontré, dernière édition du programme Artiste en résidence.

Hannah Claus, ©Elias Touil

« Cette résidence se résume à la discussion et à la rencontre », déclare Hannah Claus. Tirés des larges tiroirs de la réserve du musée, les objets glanés sont soumis à la sensibilité de l’artiste visuelle. Une rencontre préliminaire avec des artefacts aux accents coloniaux – manuscrits, tasses, étoffes –, ces témoins d’une époque qu’il serait naïf de croire entièrement révolue. « Les collections du musée sont vastes et éclectiques, poursuit Hannah Claus. Ça m’intéressait de rentrer là-dedans et d’y retirer les histoires plus individuelles, plus particulières que celles universelles. J’explore et j’interprète l’idée de mémoire, de communauté, et les cultures autochtones, en particulier celle Mohawk ».

Rentrer là-dedans. Les mots sont justes, puisque le rapprochement est effectivement frontal. Les matériaux rapaillés – et le sens qu’ils revêtent – sont a priori scellés. Sublimant cette origine mohawk, Claus les décapsule, un remodelage symbolique réconciliant l’histoire avec cette vision du monde autochtone innervée d’interdépendance et de réciprocité. L’artiste propose le terme de relationalité pour décrire cette posture holistique, « un principe aucœur des cultures autochtones que je voulais mettre en évidence dans l’exposition », précise-t-elle.

Parmi les œuvres découlant de la démarche créative, il y a cet ensemble de tasses de thé et de feuilles au ton ambre, un dispositif en cercle concentrique au fond très personnel. « J’ai grandi avec la collection de tasses de thé de ma mère, dévoile l’artiste visuelle. Dans les réserves, j’ai trouvé des tasses au caractère colonial faites de porcelaine, ce qui m’a inspiré à les mettre en relation avec la culture autochtone du thé aux vertus médicinales et dont les bienfaits sont reconnus encore aujourd’hui ». Fait de cire d’abeille – une substance naturelle reconnue pour ses propriétés curatives – l’ensemble confectionné par Claus (pastichant l’assortiment familial) injecte une nouvelle sensibilité revisitant les perceptions du temps, de l’espace et de la mémoire. Ultimement, Hannah Claus veut ouvrir le dialogue entre le présent et le passé.

 

L’expositionc’est pas pour rien qu’on s’est rencontréest présentée au Musée McCord jusqu’au 11 août 2019.

 

Crédit photo bannière : ©Marilyn Aitken

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Échos Montréal

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