Atteignant une hauteur de 66 mètres et s’étalant sur presque 500 mètre le long du Vieux-Port. Ce monument extrêmement imposant est un symbole emblématique de l’âge d’or industriel de Montréal. Construit au début du XXe siècle, le Silo no 5 a joué un rôle crucial dans le commerce des céréales, faisant de Montréal le premier port céréalier mondial de l’époque.

Mis en activité en 1906, il a été agrandi à plusieurs reprises pendant 50 ans jusqu’en 1959, pour répondre à la demande croissante. La structure est composée de trois bâtiments distincts reliés par des galeries aériennes avec un total de 206 silos. Le Silo no 5 permettait le déchargement et le chargement simultané des navires sans toucher aux quais grâce aux élévateurs flottants, illustrant les prouesses technologiques de son époque.

Silo 5 © M.nelson

De la gloire au déclin 

Le déclin de Montréal dans le commerce mondial des grains durant les années 1980 a progressivement affecté le Silo. En 1991, seulement un des trois bâtiments était encore en service, avant la fermeture complète du site en 1994. En 1995, le Silo no 5 a été intégré aux limites à l’arrondissement du Vieux-Montréal, marquant ainsi son importance patrimoniale. En 2010, la Société immobilière du Canada (SIC) a racheté le site avec l’intention de le redévelopper dans le cadre du «Nouveau Havre de Montréal». Le Bureau d’examen des édifices du patrimoine du Canada a également reconnu son intérêt patrimonial, soulignant son rôle crucial dans l’histoire industrielle de Montréal.

Depuis sa désaffectation en 1994, le Silo no 5 souffre de vandalisme, d’un manque d’entretien et d’accès public. Plusieurs projets de réaménagement ont été proposés au fil des ans, dont la conversion en hôtel, centre de données, musées, ou même sa démolition. Une idée inspirée du High Line de New York a été suggérée pour transformer le site en une attraction touristique offrant une vue panoramique sur Montréal. Mais finalement aucune proposition n’a abouti, alimentant ainsi un débat vif sur son avenir.

Renaissance et espoir 

Abandonné depuis 25 ans, le site devenu la proie privilégiée des explorateurs urbains a continué de susciter l’intérêt des architectes et des urbanistes pour son potentiel de réutilisation créative. En 2019, la Société immobilière du Canada (SIC) a vendu le Silo no 5 et les terrains de la Pointe-du-Moulin au promoteur immobilier Devimco, après un long appel à projet lancé par le gouvernement fédéral. Le promoteur Devimco a acquis le site et propose des projets ambitieux, incluant la création d’une ferme urbaine verticale, des résidences, des hôtels, des commerces et des attractions touristiques. Mais avant de démarrer le projet, Devimco doit s’entendre avec la Ville de Montréal, en mettant les intérêts des Montréalais et la valorisation du patrimoine au cœur du développement.

Plus grande ferme verticale au monde

Le projet initial était de transformer le Silo no 5 en une ferme urbaine verticale de 20 000m². Le projet prévoyait la création de la plus grande ferme verticale au monde, produisant des légumes, herbes, champignons et algues. L’énergie nécessaire serait produite sur place grâce à des éoliennes, des panneaux solaires et une hydrolienne.

Stephan Ouaknine, PDG d’Inerjys, société en charge de ce projet, avait déjà signé des accords avec des producteurs pour les serres verticales. La ferme était censée réduire l’empreinte écologique et fournir des produits frais aux locaux et aux visiteurs du Vieux-Port.

D’autres projets en suspens

Outre la transformation en ferme urbaine verticale, le Silo no 5 était intégré dans un projet de revitalisation global mené par Devimco, incluant la création d’un observatoire offrant des vues panoramiques sur le centre-ville, ainsi qu’une ambassade culturelle et touristique autochtone. 

Il était prévu que le rez-de-chaussée de l’immeuble accueille un marché public, tandis qu’un restaurant et un espace événementiel soient aménagés sur le toit. Un hôtel et un parc public étaient également prévus, participant à la création d’un quartier mixte comprenant résidences, commerces et attractions touristiques. L’avenir du Silo no 5 demeure donc incertain. Inscrit au patrimoine industriel, il ne peut pas être détruit. Le site oscille entre une potentielle renaissance coûteuse et ambitieuse ou un abandon complet. Pour certains, il symbolise un précieux héritage de l’histoire industrielle de Montréal, tandis que d’autres le trouvent peu esthétique avec ses murs massifs et sinistres.

En raison d’une entente de confidentialité, ni la SIC ni la mairie de Montréal, contactées par la rédaction, n’ont émis de commentaire sur l’avenir du Silo no 5; les avancées du projet, les défis rencontrés et les coûts économiques. Le promoteur effectuerait actuellement une diligence raisonnable et les discussions progresseraient positivement.

Bannière principale: Silo 5 pointe du moulin © vieuxportdemontreal.com

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Échos Montréal

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