Fondé en 1877, l’organisme montréalais à but non lucratif aide les hommes et les femmes les plus démunis, 365 jours par an. 90 employés, dont des intervenants spécialisés, et 200 bénévoles lui permettent de mener à bien ses missions.

Fiona Crossling © Courtoisie

«Chaque personne qui vient nous voir a son histoire, sa raison d’être dans la rue, des besoins propres pour s’en sortir. Elle a un chemin à faire et nous sommes là pour l’accompagner», déclare Fiona Crossling, la directrice générale de l’Accueil Bonneau. 

De nouveaux profils frappent à sa porte, comme 10% de femmes, un nombre croissant de gens atteints de troubles de santé mentale et avec des problèmes de consommation. La moitié des personnes qui viennent manger aujourd’hui à l’Accueil Bonneau ont un logement. L’organisation a dû s’adapter au fil du temps. 

En place depuis 50 ans, le programme de fiducie aide des personnes avec des défis à gérer leur argent. «Elles peuvent facilement perdre leur logement et se retrouver en situation d’itinérance, informe la dirigeante. Il faut faire de la prévention et assurer leur stabilité résidentielle». 

Autour d’un bon repas

Les intervenants de milieu ont effectué 4000 interventions dans la rue en 2022. Quand le matin les refuges ferment leurs portes, leurs occupants sont invités à rejoindre le Centre de jour de l’Accueil Bonneau. Sur place, ils peuvent avoir accès au café pour se restaurer, à des salles multimédias, un salon de coiffure ou prendre une douche.

Dans la salle à manger, où sont servis 400 repas en moyenne par jour, les membres de l’équipe de l’Accueil nouent un premier contact avec eux. 

Des prestations diversifiées

D’autres services viennent ensuite se greffer comme l’accompagnement vers le logement, des interventions psychosociales ou une clinique d’impôts.

«Quand une personne est dans la rue, si elle ne peut pas présenter une carte d’identité ou si elle ne fait pas de déclaration d’impôt, elle ne peut faire une demande pour avoir accès à un logement subventionné», poursuit Mme Crossling.

Daphné Mailloux-Rousseau © Courtoisie

Le bénéficiaire doit avoir la volonté d’être suivi, et cela peut prendre du temps. «Le jour où l’étincelle apparait, il peut faire avec nous une demande de logement, se soigner ou consulter une de nos cliniques. Quand on a faim, qu’on ne sait pas où dormir, il est impossible de se projeter plus loin», explique Daphné Mailloux-Rousseau, directrice de la Fondation Accueil Bonneau.

140 consultations de santé sont réalisées par an, non couvertes par la RAMQ, comme des soins infirmiers, des pieds, dentaires ou en optométrie. Le Vestiaire distribue 60 000 vêtements et biens par an. Un marché solidaire de produits alimentaires a vu le jour début avril. En hiver, une halte à chaleur peut accueillir 50 personnes par nuit. 

L’importance d’un toit stable

L’Accueil Bonneau mise beaucoup sur l’accompagnement au logement avec le programme Logement d’abord. «Plus une personne passe du temps dans la rue et dans les hébergements d’urgence, plus sa réinsertion sociale est difficile», indique la directrice générale. L’accueil Bonneau cherche à défaire le cercle de dépendance continuel d’urgence.

«L’approche de Logement d’abord, c’est de dire qu’un individu n’a pas à réussir quoi que ce soit pour avoir un logement, tout le monde mérite un logement, soutient la directrice générale. Après cela nous pouvons travailler sur les autres problèmes». 

L’Accueil Bonneau opère ainsi 132 logements via des Maisons d’accueil, où les résidents sont des locataires à durée indéterminée. Le taux d’occupation y est de 95%. Le plan stratégique de l’association prévoit de doubler le nombre de ce type de logements d’ici 2026, pour passer à 300 puis à 600 unités.

De belles réussites

Un des fidèles résidents s’est occupé du projet de jardins communautaires. Il a verdi tout son parc à logements et participe aux BBQ entre voisins. «Une fierté pour nous, se souvient Mme Crossling. Je trouve cela doux et apaisant de voir que quelqu’un peut trouver la paix et la stabilité, sortir d’une personnalité très marginalisée». 

Des bénévoles et employés recherchés

L’Accueil Bonneau accueille des intervenants bénévoles. Mais le bénévolat d’expertise est aussi très apprécié. Un comptable a fait gracieusement plus de 500 déclarations d’impôts en 2022.

Face à la pénurie de main-d’œuvre qualifiée, recruter des employés spécialisés sera un défi de taille pour accompagner son expansion. Pour consulter les offres d’emploi: accueilbonneau.com/a-propos/carriere

Un grand plan à l’échelle de la métropole souhaité

«Tous les paliers gouvernementaux doivent vite s’entendre pour mettre fin à l’itinérance à Montréal, en prenant exemple sur des villes comme Helsinki en Finlande», prévient Mme Crossling. 

UNE RICHE HISTOIRE 

L’association caritative a été fondée par Joseph Vincent, avec le concours des Sœurs grises de la Société Saint-Vincent de Paul et l’Hospice Saint-Charles, en 1871. Après la fermeture dudit hospice, le Vestiaire des pauvres ouvrira ses portes. Il sera rebaptisé en 1971 l’Accueil Bonneau, en hommage à l’une de ses anciennes responsables, sœur Rose-de-Lima Bonneau. Sa fondation existe depuis 2011 et organise des campagnes de financement qui ont rapporté 2,6 MCA en 2022, soit 51% des revenus. Les subventions représentent 26%.

Le livre Ces femmes qui ont enfanté Bonneau, écrit par France Poirier avec Sœur Nicole Fournier est sorti en septembre 2022 aux éditions Wilson & Lafleur. Il retrace l’épopée de l’institution.

Pour en savoir plus: accueilbonneau.com

Bannière principale: Accueil Bonneau © Courtoisie

À propos de l'auteur

Lilian Largier

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