Les locaux de la radio communautaire CIBL, anciennement situés dans Hochelaga, se trouvent aujourd’hui en plein cœur du quartier des spectacles à Montréal, entre les tours de verre, les touristes, les sans-abris et ces gens qui font des affaires. Les curieux peuvent même jeter un coup d’œil à travers la grande baie vitrée du 22-2 rue Saint-Laurent au croisement de Sainte-Catherine pour voir et écouter l’émission du moment en direct. Les plus courageux peuvent même se lancer et proposer une idée de programme.
Une radio pour tous les Montréalais
Jeanne Doré, présidente du conseil d’administration, fait de la radio depuis qu’elle a 14 ans et en aura 70 le mois prochain. Elle a sillonné l’est du pays avec son micro Radio Canada pendant plus de 10 ans. Lors de son retour à Montréal, elle dirige une entreprise d’économie sociale au sein du quartier Hochelaga-Maisonneuve et c’est là qu’elle découvre CIBL.
Pour Jeanne Doré, la radio est un « médium extraordinaire » ; aujourd’hui à la retraite, elle fait du bénévolat dans ce média local. Marc André Robertson, qui habite Hochelaga, a été recruté par Jeanne Doré pour devenir vice-président du conseil. Lui aussi est un passionné de radio qui a fait ses preuves sur les ondes de CISM, un des médias de l’Université de Montréal. Il est lui aussi bénévole à CIBL, tout comme 200 autres collaborateurs qui font vivre cette radio communautaire en offrant leur temps, leurs idées et leurs efforts aux gens qui les écoutent.
Même s’ils sont heureux d’être au cœur de la ville, les deux regrettent un peu les locaux sur Pie IX. Sur St Catherine, c’est « moins un point de rendez-vous que ce l’était dans Hochelaga ». Jeanne Doré ajoute : « Tout était là, il y avait même une discothèque ! » Ce n’est pas pour autant que la grille est moins passionnante, il y en a pour tous les goûts. Pour Marc André, il est très important que CIBL reste une « radio vraie, qui parle à de vraies personnes, loin des radios d’opinion ». CIBL est une radio qui donne la possibilité à n’importe quel passionné avec une idée de s’essayer sur les ondes.
Selon Marc André, c’est aussi « une radio-école » avec de nombreux animateurs qui sont passés par le micro de CIBL avant d’aller travailler à Radio Canada ou ailleurs. C’est ainsi que CIBL reste proche de son public, des gens qui l’écoutent et qui la font vivre.
Un média qui sait se réinventer
La crise des médias, qui sévit depuis 2013 selon Mme Doré, n’est pas terminée et a fait fermer de nombreux journaux et stations communautaires. En 2018, CIBL, au bord du gouffre, a dû licencier tous ses effectifs salariés et se contenter de ses bénévoles à cause de l’état de ses finances. Heureusement, Maurice Bolduc, qui s’occupe de l’aspect technique de la radio et qui est en poste depuis plus de 30 ans, a pu récupérer sa place depuis. Depuis 2018, les finances vont mieux, ils ont assaini les finances et en 2023, la radio a revu son modèle d’affaires avec des gens de l’économie sociale afin « d’avoir une approche avec quatre sources de revenus ». Jeanne Doré insiste sur le fait que ce ne sont ni les subventions ni les publicités, même si ça « aide », qui font survivre CIBL. Ils se sont notamment associés avec la Caisse Desjardins Solidaires, avec qui ils partagent des valeurs, pour mener à bien cette transformation. Quand bien même la crise des médias est loin d’être terminée, CIBL est sur la bonne voie pour demeurer un média au cœur de Montréal.