L’impensable est arrivé : Donald Trump est Président du plus puissant pays au monde, les Etats-Unis d’Amérique !
En tant que blogueur-éditorialiste, il conviendrait de peser mes mots, de balancer le pour et le contre, de faire des savantes analyses pour expliquer le pourquoi et étudier le comment. Mais ça, c’est que je ferais sur un prochain article. Pour l’instant, je me défoule. Alors je vous avertis d’avance et je m’en excuse, mais ce billet sera un peu vitriolique.
J’ai toujours défendu les Américains, un peuple généralement généreux, optimiste, persévérant, qui se laisse rarement abattre par les coups du sort. Je les ai défendu moralement malgré diverses aberrations qui caractérisent leur comportement : un puritanisme des plus hypocrites, une propension à la méfiance xénophobe, un goût immodéré pour la violence et les armes à feu.
Mais l’élection présidentielle 2016 elle, qui couronne l’ascension à la présidence de ce bouffon mégalomane, menteur, misogyne et raciste nommé Donald Trump, est impardonnable.
Je ne mettrai pas de gants blancs, l’électorat américain a voté de manière extrêmement stupide. Et quand je parle de l’électorat américain, nommons les choses telles qu’elles sont : je parle de cette portion de l’électorat moins éduquée, moins scolarisée.
Si on voulait être méchant on pourrait être tenté de parler du vote des « Illettrés », on s’imagine des paysans, qui n’ont presque plus de dents dans la bouche et qui aiment boire des grosse canettes de bière à 10% d’alcool». Mais ce serait à la fois trop rude et trop simpliste.
Il n’empêche que le clivage électoral est marqué au fer blanc par cette élection. Dans tous ces états qui appartenaient aux démocrates et/ou que le clan Clinton pensait aller chercher facilement, Hillary ne sera parvenu à conserver que les grands centres urbains, les grandes villes, là où se trouvent les principaux lieux de savoir et de développement économique. Le tsunami Trump a emporté tout le reste, toutes les communautés rurales, les banlieues, là où le niveau de scolarité est moindre, là où l’attention médiatique est généralement beaucoup moins présente.
Ce n’est donc même pas tant la victoire des Républicains contre les Démocrates que plutôt l’éclatante victoire d’une majorité silencieuse, des cols bleus, des laissés-pour-compte, contre tout ce qui représentait « L’establishment ». Dès le début de sa campagne politique, Donald Trump s’est distingué par son franc-parler, son refus absolu de se plier aux convenances.
Avec Trump, pas de filtre, peu importait que cela soit grossier, ordurier ou insultant. Cela sonnait vrai, authentique, décomplexé de tous les codes sociaux ou moraux habituels. Or, en dépit des mensonges de Trump, de la bassesse morale de ses propos – ou plus prosaïquement, grâce à eux – une chose extraordinaire se passait : Trump accroissait l’attention médiatique à son égard et occupait de plus en plus de place sur l’échiquier politique, au grand dam de tous les bien-pensants. Il allait à contre-courant de tout ce qui avait été fait en politique jusqu’alors.
De sorte qu’en Donald Trump, ses supporters ont ainsi trouvé l’occasion de se faire entendre et d’adresser un gigantesque « fuck you » à toutes les élites de la société : l’élite politique des grands décideurs, qui méprisent le petit peuple ; l’élite médiatique & intellectuelle des médias et des grands penseurs, qui les traitent de haut; même l’élite hollywoodienne, qui croule sous l’argent et l’opulence, mais se permet de faire la leçon aux gens normaux.
En votant pour un Président Trump, cette majorité silencieuse a donc trouvé un exutoire rageur à son impuissance, à toutes les vexations accumulées pendant des décennies. Ces Américains se sont reconnus, ils ont trouvé un levier cathartique à leur frustration collective.
Le premier hic, c’est que, en corollaire, grâce à cet homme-teflon, sur qui aucune controverse ne semble coller, une frange mésestimée de l’électorat a aussi trouvé la légitimité de pouvoir exprimer ses propres penchants xénophobes ou misogynes.
Le deuxième hic, c’est qu’ils ont choisi pour ce faire un bien piètre porte-parole. Non seulement, l’homme septuagénaire a-t-il à plusieurs reprises démontré ses déviances racistes et sexistes, son impulsivité juvénile, sa tendance au mensonge et à la fabulation ; mais idéologiquement, il n’en a carrément rien à faire de ce même électorat qui vient de le porter au pouvoir. Bien que le contenant soit diamétralement différent de tout ce qui avait jusqu’à présent constitué la politique américaine, le contenu Trump lui fait partie de la même bourgeoisie élitiste tant décriée.
Le troisième hic et il est d’importance, c’est que, en raison de l’influence mondiale des Etats-Unis aux niveaux sociopolitique et économique, cette élection Made in USA n’affecte pas que l’Amérique, c’est la planète entière qui devra en pâtir.