En septembre 2020, Julie Jodoin a pris la direction par intérim d’Espace pour la vie, en remplacement de Charles-Mathieu Brunelle, pendant son mandat à la direction générale adjointe de la Ville de Montréal. Arrivée en pleine pandémie, ses premiers mois ont été marqués par la grande réouverture du Biodôme, un hiver durant lequel la population montréalaise rêvait d’avoir accès au Jardin botanique, les pourparlers pour ajouter la Biosphère au complexe muséal et les préparatifs pour rouvrir l’Insectarium. Rien pour s’ennuyer!
Quelles étaient vos expériences avant d’accepter l’intérim?
Après mes études en gestion, management et développement d’organisations à HEC-Montréal, j’ai travaillé durant cinq ans – en deux phases – à la TOHU, la cité des arts du cirque, dont la mission et les valeurs ne sont pas très éloignées de celles d’Espace pour la vie. Les deux organisations ont à cœur le développement social, communautaire et environnemental. À la TOHU, je m’occupais du financement public et des partenariats. Avec ma famille, j’ai aussi vécu en Asie et au Moyen-Orient, ce qui a ouvert mes horizons. En 2013, je suis arrivée à Espace pour la vie et j’ai gravi les échelons, en passant de conseillère à cheffe de division, avant d’être directrice de l’exploitation de tous les musées. J’avais donc une vue d’ensemble sur les activités et les opérations. J’accompagnais M. Brunelle depuis des années.
Comment vous êtes-vous sentie en acceptant l’intérim en pleine pandémie?
D’abord, j’ai vu la nomination comme une immense marque de confiance de la direction générale de la Ville. Je l’ai accueillie avec beaucoup d’humilité et de détermination. La gestion de crise apporte beaucoup de défis. Quand nos musées étaient fermés, j’avais à cœur de maintenir nos opérations et de prendre soin de nos équipes. Ça nous donne l’occasion d’apprendre à vitesse grand V. Je suis la capitaine d’un grand navire avec une belle équipe d’experts dans leur domaine et une équipe de direction très soudée.
Comment le public s’est-il réapproprié le Biodôme depuis le 31 août 2020?
La réouverture était très attendue! Durant le premier mois, on était complet, avec 2 000 visiteurs par jour! Je pense que la pandémie a exacerbé notre désir d’être en contact avec la nature et notre envie d’en prendre soin. Évidemment, on a senti fortement l’absence des touristes dans notre achalandage. Peu après, on a refermé en suivant l’évolution sanitaire à Montréal. Le 8 février, on a rouvert à capacités réduites, avec 50 visiteurs à l’heure, pour une moyenne de 450 personnes par jour. Les billets sont généralement vendus un mois à l’avance; c’est dire l’intérêt des gens!
Comment avez-vous géré la pression du public qui voulait avoir accès au Jardin botanique durant l’hiver et la Santé publique qui a longtemps refusé?
On a senti que les Montréalais étaient fortement attachés au Jardin. Ils nous ont envoyé un signal d’amour et d’attachement véritable qu’on apprécie. Toutefois, le Jardin botanique n’est pas un parc, mais un musée. On était donc tenu de respecter les conditions prévues à cet effet. En hiver, généralement, on ne prévoit pas de préposés pour moduler l’achalandage et le respect des règles sanitaires.
Néanmoins, des milliers de Montréalais confinés exigeaient un espace vert de plus et des mesures exceptionnelles.
En effet. On a travaillé en étroite collaboration avec le Ville et la Santé publique, en leur faisant parvenir nos recommandations. On reconnaissait l’appel des visiteurs. Dès qu’on a eu l’autorisation d’ouvrir, on a appelé des employés pour nous aider à rappeler les mesures sanitaires à l’entrée et éviter les rassemblements, en plus d’ajouter de la sécurité. Durant les beaux week-ends de l’hiver, on a reçu jusqu’à 6 000 personnes par jour! C’est immense.
Pourquoi le Musée de l’environnement de la Biosphère a-t-il été inclus dans Espace pour la vie?
Les deux organisations ont beaucoup en commun: principalement une mission d’éduquer et de sensibiliser les visiteurs aux changements climatiques, en les poussant à passer à l’action pour protéger l’environnement et la biodiversité. Avec l’ajout de ce cinquième musée, situé au cœur du Parc Jean-Drapeau, on forme désormais le plus grand complexe musée en sciences de la nature au pays. On se réjouit de l’investissement conjoint des trois paliers de gouvernement qui appuient de façon très claire le milieu muséal, environnemental et scientifique pour lui donner un nouvel essor. Durant les cinq prochaines années, 30 millions $ serviront aux opérations et 15 millions $ à la rénovation et au maintien des infrastructures. Si tout se passe bien, on aimerait rouvrir la Biosphère à la fin de l’été 2021.
Du côté des quatre autres musées, quels sont les projets à venir?
L’Insectarium rouvrira lui aussi plus tard cette année, après avoir subi une métamorphose importante, à la suite d’un concours international d’architecture. La superficie sera deux fois plus grande qu’avant. On renouvelle l’expérience des visiteurs, en offrant entre autres la possibilité de percevoir le monde comme un insecte et en créant une section avec des insectes en liberté à l’année. Au Planétarium, on prévoit renouveler l’offre des spectacles, avec un film de l’ONF, et repenser les espaces d’exposition à long terme. Au Jardin botanique, on entrevoit de renouveler l’expérience du Jardin des lumières avec une meilleure mise en lumière du Jardin des Premières Nations. Au Biodôme, on poursuit le renouvellement de nos salles d’expositions.
Comment entrevoyez-vous le retour de M. Brunelle à la direction?
On l’attend! Il demeure mon patron. Nos contacts sont constants et quotidiens. Mon objectif est de poursuivre son œuvre. Il a été un véritable mentor pour moi. Il m’accompagne de près depuis ma sortie de l’université. S’il revient demain ou dans les prochains mois, ce sera un plaisir de travailler à ses côtés.
Bannière principale: Espace pour la vie – Planétarium © Raymond Jalbert