Ensemble Montréal a désigné sa cheffe en vue des prochaines élections municipales : Soraya Martinez Ferrada. L’ex-ministre fédérale du tourisme sera la candidate du parti d’opposition dans la course à la mairie de Montréal, prévue pour novembre prochain. Dans une entrevue avec Échos Montréal, elle revient sur son parcours et dévoile sa vision pour l’avenir de la ville.

Soraya Martinez Ferrada © Facebook
Pourriez-vous nous présenter votre parcours?
Oui! Je suis une maman de deux enfants, qui ont 22 et 24 ans. Je suis aussi une immigrante, étant arrivée à Montréal à l’âge de 8 ans, après avoir fui la dictature au Chili avec mes parents et mes grands-parents. Je viens d’une famille très activiste et militante pour les droits humains et la démocratie. Comme tous les immigrants, nous avons eu un parcours de résilience, et avons dû trouver notre voie dans un nouveau pays, en laissant tout derrière. J’ai appris le français ici, je ne parlais pas la langue quand je suis arrivée. Et puis la politique a été un accident de parcours, ce n’était pas une ambition personnelle. Je me suis laissée porter la première fois par les organismes communautaires de Saint-Michel, qui m’ont demandé de me présenter comme conseillère municipale [en 2005]. Ils cherchaient quelqu’un qui avait la volonté et l’engagement communautaire pour défendre les intérêts de Saint-Michel […]. Alors, c’est comme ça que je résumerais ma vie en quelques mots.
Vous avez par la suite eu une carrière au fédéral, en tant que députée pour le Parti libéral du Canada à partir de 2019, et comme Ministre du Tourisme à partir de 2023. Pourquoi revenir à la politique municipale?
Parce que je suis une fille de Montréal. J’ai fait le choix de revenir ici, même si j’avais une carrière qui allait très bien au fédéral. J’étais députée dans Hochelaga, où j’aurais probablement été réélue […]. J’ai ensuite eu le grand privilège d’être nommée ministre. C’était donc une carrière extrêmement intéressante, notamment dû au fait d’être une députée progressiste dans le contexte mondial de la montée de la droite. Mais Montréal, c’est dans mon ADN. J’ai voyagé partout au Canada, j’ai aussi vu plusieurs villes dans le monde, et je sens que Montréal a besoin qu’on s’en occupe […]. C’est pour ça que j’ai choisi de revenir.
Justement, quels sont les enjeux que vous jugez prioritaires à Montréal?
C’est sûr que l’enjeu principal quand tu veux t’occuper d’une ville, c’est le logement […]. C’est la pierre angulaire du développement d’une ville comme Montréal, qui est une grande métropole. Ensuite, la question du développement économique. Nous vivons dans une situation mondiale faite de nombreux changements. Les tarifs [douaniers annoncés par l’administration Trump] vont avoir un impact immense dans le monde, mais aussi à Montréal, qui est le cœur économique du Québec. Enfin, je dirais la question de la sécurité et de la propreté. Je pense que les citoyens vivent des moments difficiles, justement au niveau économique. Et ils s’attendent à ce que les services qu’on leur offre soient efficaces et à la hauteur des taxes qu’ils payent.
Concernant le logement, quelle est votre perspective sur la crise que traverse Montréal?
Ce qui m’inquiète énormément, c’est que depuis les quatre dernières années, les mises en chantier à Montréal ont complètement diminué. Quand on regarde les chiffres, notamment ceux de l’Institut de développement urbain de Montréal, on se rend compte qu’en 2023 on était autour de 7 000 mises en chantier, tandis que nous sommes aujourd’hui rendus autour de 4 000. C’est une diminution vraiment importante […]. Donc je pense qu’au niveau de l’habitation, si on veut s’assurer de vraiment construire les logements, il faut arriver avec des incitatifs […]. Il faut revoir l’ensemble des taxes liées à la construction, puis il faut qu’on devienne compétitifs pour que les entrepreneurs et les constructeurs reviennent à Montréal […].
Il y a une autre crise à Montréal, c’est celle de l’itinérance. Quelles solutions voulez-vous y apporter?
L’itinérance est un dossier extrêmement complexe, avec des enjeux de santé, de toxicomanie, de santé mentale, et de logement […]. Je pense qu’il faut s’asseoir à la table avec les partenaires et les différents paliers de gouvernement, afin d’établir un plan de match et trouver des solutions concrètes. Je pense qu’il y a un leadership que Montréal doit prendre à ce niveau-là, et c’est un peu ça que je déploie. Il faut être dans un mode collaboratif, et travailler ensemble à trouver des solutions qui, peut-être, ne seront pas parfaites, mais qui devront être beaucoup plus rapides.
Au niveau de la mobilité, quels projets de transports en commun souhaitez-vous prioriser à Montréal?
Je pense qu’il faut s’occuper de l’Est de Montréal, où ça peut parfois prendre jusqu’à deux ou trois autobus pour arriver à l’école ou au travail […]. On sait que Québec s’en vient avec un projet de tramway, mais d’ici là, il faut quand même voir ce qu’on peut faire pour mieux desservir les quartiers excentriques.
Votre concurrent dans cette élection est Luc Rabouin, dernièrement élu comme chef de Projet Montréal. En quoi vous distinguez-vous de son programme et de celui de son parti?
M. Rabouin fait partie de l’administration Plante depuis maintenant cinq ans. Pour moi, c’est la même administration qui se présente devant les Montréalais. Nous, [à Ensemble Montréal], on veut présenter l’alternative, en travaillant pour tous les Montréalais. Je déplore que l’administration Plante ait polarisé les débats, comme celui entre les vélos et les automobiles. Montréal est tout ça à la fois. Montréal, ce sont les piétons, les cyclistes et les automobilistes. Montréal, c’est les quartiers complètement excentriques, mais aussi le Centre-ville. Montréal, c’est les citoyens qui veulent faire du logement abordable et social, mais aussi les entrepreneurs qui sont prêts à venir donner un coup de main. Et donc, il faut leur parler. Je pense que Montréal est un Montréal pour tous. On veut donc s’assurer que tous les Montréalais se sentent écoutés, et que quand on fait une consultation publique et qu’il y a des recommandations, on les écoute et on les applique. Je pense que ça va être la grande différence entre nous et l’administration de Projet Montréal.
Vous dites que Valérie Plante a brisé le plafond de verre en devenant la première femme élue à la tête de Montréal, et que vous souhaitez à votre tour briser le plafond de verre pour les personnes immigrantes… En quoi c’est important?
Je n’y vais pas pour ça, j’y vais parce que je veux offrir toute ma détermination et mon engagement à travailler pour Montréal. Mais c’est vrai que je suis une immigrante. Mon nom, ce que je suis, je ne le changerai pas. Et je pense que c’est important que les gens se sentent représentés et écoutés. Et je pense que la place des femmes dans les hautes sphères politiques, comme celle de la plus grande ville du Québec, est importante.
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