Le mouvement des restaurateurs de la Place Jacques-Cartier ne faiblit pas ! Ceux-ci ont d’ailleurs créé un site internet, sous l’impulsion du propriétaire du Jardin Nelson, Robert Ruel, aidé par son directeur général Jean-Marc Lavoie. NONmonsieurlemaire.com, site au nom très explicite, énumère toutes les raisons pour lesquelles les restaurateurs accueillent froidement le projet de nouvelles terrasses.
D’entrée de jeu, le site affiche la couleur en affirmant que contrairement à ce que dit monsieur le maire Denis Coderre, ils n’ont pas été consultés. À ce titre, Jean-Marc Lavoie nous informe qu’il a bien été invité à une «réunion d’information» par la Ville, mais que celle-ci se serait transformée en fait en conférence de presse pendant laquelle Monsieur le Maire annonçait la mise en place du projet des terrasses.
Robert Ruel, souvent félicité pour l’esthétisme de la cour du Jardin Nelson et de sa terrasse fleurie ne comprends pas pourquoi le contribuable «dépenserait une somme de 2.8 millions de dollars quand il suffit de faire respecter les lois». Monsieur Ruel dit que sa terrasse est d’ailleurs souvent prise en toile de fond lorsque les touristes se photographient sur la Place Jacques-Cartier. Il nous avoue être d’accord avec Monsieur le Maire sur un point : «Certaines terrasses ne sont pas esthétiques». Cependant, le propriétaire du Jardin Nelson s’étonne «qu’on ne fasse tout simplement pas respecter le propre règlement mis en place par la Ville». En effet, il existe un cahier des charges bien précis expliquant les consignes et exigences à suivre concernant les terrasses de la Place Jacques-Cartier. Monsieur Lavoie ajoute que pendant des années, il y avait des inspecteurs qui vérifiaient que les directives soient appliquées. Cependant, depuis 10 ans, il n’y aurait plus autant de contrôles et ceux-ci seraient trop laxistes. À ce titre, monsieur Ruel argue : «La Ville se plaint de l’aspect de certaines terrasses, pourtant c’est bien elle qui chaque année délivre les permis…».
Ce qui étonne encore davantage messieurs Ruel et Lavoie, c’est que selon eux, ce projet de 2,8 millions serait non seulement inutile et coûteux, mais tout simplement un casse-tête pour la logistique. En effet, Monsieur Lavoie rappelle que la pente est inclinée à 8% et qu’ainsi, notamment en condition de sol trempé par la pluie, ceci n’est pas sécuritaire.
La réponse de la Ville
Du côté de la Mairie, on argumente que la Ville comprend le fait que les gens voient le changement d’un oeil critique. Anik de Repentigny, chargée de communication à la Ville de Montréal, mentionne aussi d’autres lieux de Montréal où les terrasses sont espacées : «C’est le cas rue Saint-Denis, dans le Quartier latin, où des trottoirs très achalandés séparent les portes des restaurants des cafés-terrasses, ainsi que place D’Youville, à l’ouest du Centre d’histoire de Montréal, où les serveurs traversent une voie de circulation. C’est une situation qui se vit également dans plusieurs villes européennes. Les discussions sur le mode d’opération avec les commerçants devraient permettre de déterminer les moyens de réduire les inconvénients».
Concernant le nombre de places diminué, la Ville assure viser «à respecter la superficie actuelle des cafés-terrasses lorsque cela est possible compte tenu du modèle de café-terrasse et du dégagement nécessaire au fonctionnement général de la place». Le projet de l’aménagement des terrasses y est aussi justifié par l’argumentaire selon lequel il s’agirait de «dégager les façades, pour les remettre en valeur afin que les visiteurs puissent découvrir et admirer toute la diversité du patrimoine architectural de la place», avant d’ajouter : «Le souhait de l’arrondissement est d’offrir une place qui soit occupée et animée toute l’année et qui puisse procurer aux visiteurs et aux Montréalais une expérience renouvelée dans un cadre historique authentique».
Les réponses de la Ville face aux préoccupations des restaurateurs semblent loin de faire l’unanimité pour le moment et il faudra certainement encore du temps autour de la table de négociations afin d’espérer une sortie de crise.