L’identité est forte, les apports, nombreux et prégnants : les communautés juives qui arrivèrent au Québec au cours du 20esiècles sont aujourd’hui bien enracinées. Mais pour celles-ci, principalement établies dans la métropole, cette aventure outre-Atlantique était avant tout les suites d’un déracinement douloureux, l’issue – possiblement heureuse, mais pleine d’inconnu – d’un exode obligé par les violences dont elles furent la cible. Montréal, d’abord, comme nouveau départ. Montréal, ensuite, comme lieu d’épanouissement.
« Pour de nombreux Juifs, les nouvelles communautés de la diaspora nord-américaine offraient l’espoir d’une plus grande égalité économique et civile et d’une réduction de la pauvreté » dit Morton Weinfield, professeur de sociologie à l’Université McGill et collaborateur de l’exposition Shalom Montréal – Histoires et contributions de la communauté juiveprésentée au Musée McCord jusqu’au 11 novembre. Ces attentes furent cependant refroidies par l’antisémitisme qui parcoure les sociétés occidentales dans l’entre-deux-guerres. Cette facette de l’histoire de la diaspora est justement abordée ; des segments de journaux et artefacts ouvertement xénophobes exposent cette période sombre du Québec.
À ces débuts difficiles, relatés dans la première partie d’un parcours historique se développant en deux temps, l’on pressent des jours meilleurs à venir, lendemains prospères.Au détour, des voix, fragments du quotidien, parviennent à l’oreille et laissent présager l’imminence de l’émancipation, ce rôle important mais méconnu que joueront désormais les Juifs de la métropole. « La contribution de la communauté juive au développement de Montréal est importante et multiple, et nous voulions la faire connaître des Montréalais de toutes origines », souligne Suzanne Sauvage, présidente et chef de la direction du Musée McCord.
L’ensemble est certes hétéroclite, mais non moins parlant. Noués autour de cinq grands thèmes –architecture, médecine, droits sociaux, commerce et culture – les apports, essentiellement rattachés à des figures marquantes, témoignent de l’affirmation d’une communauté aux visages multiples et dont l’enracinement dans la métropole ne laisse aucun doute.