Alors que les différents partis politiques provinciaux préparaient déjà leur campagne, celle-ci fut officiellement déclenchée à la fin du mois d’août. Comme le veut la tradition, chacune des organisations politiques proposent des changements et font des promesses à la population afin d’attirer plus de votes. Dans ce cadre, Montréal représente le plus grand bassin démographique à séduire. Échos Montréal s’est entretenu avec certains députés pour connaître les promesses et les engagements de leur formation envers la métropole et présente les plateformes électorales des divers partis en matière d’enjeux propres à la métropole.
Continuer le travail: priorités de la Coalition avenir Québec
Du côté de la Coalition avenir Québec (CAQ), la ministre déléguée aux Transports et ministre responsable de la région de Montréal et de la Métropole, Chantal Rouleau, affirme que Montréal a des devoirs et responsabilités en fonction de son poids politique, économique, culturel et environnemental. Surnommé la «réelle bâtisseuse de l’Est de Montréal» par le Premier ministre Legault, Mme Rouleau souligne que la CAQ continuera à se pencher sur le dossier de Montréal en ciblant des enjeux spécifiques à la métropole.
Un des premiers sujets évoqués lors de l’entretien téléphonique est celui de la relance économique. À ce chapitre, Chantal Rouleau affirme que le «gouvernement caquiste n’a jamais été aussi proactif au niveau financier pour attirer des investissements pour que Montréal profite d’un développement équitable sur l’ensemble de son territoire». Ce développement est à prendre en compte simultanément avec l’environnement, selon la ministre pour qui ces deux facettes forment un tout. En ce sens, l’Est de la ville est visé par les divers projets structurants de mobilité et de transport en commun. «On a mis sur pied le prolongement de la ligne bleue et on veut connecter l’Est de Montréal avec le reste de la métropole pour faire profiter le développement dans ce secteur de l’île. Il faut continuer, on ne peut arrêter là», souligne Mme Rouleau.
La ministre caquiste tient également à rappeler que le REM à Montréal, et surtout dans l’Est, viendra retirer des milliers de tonnes de gaz à effet de serre en plus de participer à la création de milliers d’emplois dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre globalisée. «Il y a une réelle urgence d’agir. Les employeurs de partout, surtout dans l’Est, veulent embaucher des gens et ces infrastructures sont importantes pour le développement social, environnemental et économique. En étant interconnecté partout sur l’île grâce au REM, cela permettrait par exemple aux jeunes d’avoir accès à des zones de savoir telles les universités de Montréal», précise la ministre.
La députée de Pointe-aux-Trembles termine sur ces mots concernant la métropole: «Le centre-ville se démarque bien, et à travers le monde, on est des champions et les gens nous regardent positivement».
Faire mieux: priorités de Québec solidaire
Du côté locatif, la crise du logement est un problème auquel Alexandre Leduc et Québec solidaire (QS) porte une attention particulière. «Ce n’est pas normal qu’il y ait des lignes d’attente de 15-20 personnes pour signer un bail pour un logement moyen», considère l’élu d’Hochelaga-Maisonneuve. Pour remédier à la situation, Québec solidaire propose quelques solutions à mettre en œuvre dès leur arrivée en poste: «On voudrait faire un moratoire sur les rénovictions; il faut mettre fin aux flips immobiliers, parce que ça créé des surchauffes sur le marché locatif de certains quartiers. On veut aussi imposer un registre des loyers et même qu’en principe, il devrait déjà être imposé. Si ce registre relevait déjà du domaine public, légal et obligatoire, nous sommes confiants que ça obligerait les locateurs à être moins agressifs sur l’augmentation des loyers», juge-t-il. Un autre enjeu priorisé par QS est de s’attarder davantage aux organismes communautaires, délaissés par le gouvernement caquiste selon Alexandre Leduc. «Pendant la pandémie, le gouvernement a dit avec raison que le communautaire était nos anges-gardiens , spécialement les femmes des réseaux publics. Je faisais partie des gens qui voulaient donner un sérieux coup de barre de financement pour qu’on sorte de la logique des petits projets sans trop de valeur financière», révèle le député. En ce sens, QS propose de revoir le financement des organismes communautaires en donnant des plus gros montants échelonnés sur plusieurs années pour éviter de toujours faire des demandes de financement. «Les organismes communautaires sont toujours en train de faire des demandes de financement au lieu de se concentrer sur leurs missions. Nous on propose le financement à la mission de l’organisme, donc un gros montant sur plusieurs années qui permettraient aux organismes communautaires de pouvoir atteindre des objectifs terrains plutôt que financiers», explique M. Leduc.
Le député de QS termine avec ces mots: «On est forts à Montréal, et grâce à cette base et cette crédibilité, on peut commencer à s’étendre ailleurs que dans les quartiers plus centraux et aller plus vers le Sud-Ouest et vers l’Est. On pense pouvoir faire des gains à Montréal et se concentrer sur cet appétit dans la métropole».
L’immigration et l’économie: cœur des priorités du Parti libéral du Québec
Selon la plateforme électorale du Parti libéral du Québec (PLQ) de 2022, plusieurs enjeux relatifs à la métropole sont abordés, notamment ceux de l’immigration et de l’économie. Pour les Libéraux, une augmentation du seuil d’immigration est une des meilleures solutions à la pénurie de main-d’œuvre importante à laquelle la province est aux prises actuellement et prochainement. Selon sa propre plateforme électorale, le PLQ est «le seul parti qui prend la pleine mesure du problème et qui est apte à trouver des solutions efficaces et applicables» à la pénurie de main-d’œuvre.
Une manière d’y répondre est le maintien du seuil d’immigration à 70000 par année. Le Parti libéral reconnaît également les problématiques liées à une immigration s’installant majoritairement à Montréal, et veut remédier à cet enjeu en instaurant des programmes favorisant le déplacement des immigrantes et immigrants en région. Pour reprendre les mots de leur plateforme: «Actuellement, moins de 30% des immigrants s’installent à l’extérieur de la région métropolitaine de Montréal. Nous maintiendrons le seuil maximal de 70000 immigrants par année, soit le seuil prévu en 2022, le temps de nous permettre d’établir les ententes avec les régions sur leurs besoins […] C’est pourquoi nous proposons de conclure des ententes avec l’ensemble des régions du Québec afin qu’elles déterminent leurs propres besoins d’immigration pour tenir compte de leur capacité d’accueil et des besoins de main-d’œuvre dans tous les secteurs économiques».
Un environnement sain pour la langue française: le Parti québécois
Pour le Parti québécois (PQ), la langue française est, et devrait être, une priorité pour toutes les citoyennes et citoyens de la province. Selon sa plateforme électorale pour 2022, le PQ affirme que la situation du français au Québec est alarmante puisqu’en déclin, surtout dans la métropole. Pour citer sa plateforme: «Or, la pérennité de notre langue commune et officielle demeure fragile. Les données et les projections linguistiques annoncent un déclin important de la langue française au Québec, surtout dans la région de Montréal. Nous devons ainsi la soutenir, la porter et la fortifier pour consolider cet instrument singulier de cohésion sociale».
Pour ce faire, le Parti québécois propose une série de mesures pour favoriser l’utilisation du français dans tous les secteurs, autant au niveau public que privé. Cela vise particulièrement l’école, les lieux de travail et le domaine télécommunications où la priorisation du français permettrait d’assurer une pérennité de la langue officielle du Québec. Montréal est particulièrement visée puisque la majorité de l’immigration s’y concentre et la métropole demeure l’endroit où la communauté historique anglophone est la plus présente. La crise climatique est aussi un enjeu auquel s’attarde le PQ. Le développement durable fait partie de la stratégie péquiste pour un avenir où les ressources de l’État québécois seraient mises à disposition de manière responsable et écologique. À cela s’ajoute une crainte de la part de la formation politique de voir Montréal s’étendre aux dépends des régions, entraînant par le fait même une plus grande utilisation de pétrole.
Pour atteindre cet objectif, le Parti québécois propose une plus grande autonomie pour le Québec en matière de transports, autant au chapitre du transport de ressources que des personnes. Montréal est particulièrement visée par cette proposition puisque la métropole constitue le cœur économique de la province et l’endroit le plus peuplé sur le territoire. Selon le parti politique, une plus grande utilisation de moyens de transports verts et en commun pour les gens de la métropole permettrait d’atteindre plus efficacement les cibles de limitation d’émission de gaz à effet de serre et limiterait la pollution sur l’ensemble du territoire québécois puisque les Montréalaises et Montréalais se déplacent beaucoup en régions.
Quant au Parti conservateur du Québec (PCQ), il semble impossible d’affirmer qu’une stratégie montréalaise existe. Mis à part l’accent sur les référendums populaires sur des projets de transports structurants dans la métropole, le parti d’Éric Duhaime est davantage concentré sur la Capitale-Nationale et ses enjeux.