Les Montréalais et touristes l’attendaient de pied ferme, l’été est maintenant enfin à nos portes. Après un hiver rigoureux qui a semblé vouloir s’éterniser, le monde aimerait profiter pleinement de la belle saison, en festoyant à l’extérieur dès que l’occasion se présente. Comme à son habitude, Montréal sera hôte de plusieurs grands festivals avec, pour ne citer qu’eux, les FrancoFolies, du 7 au 16 juin, le Festival international de jazz de Montréal, du 28 juin au 7 juillet, Montréal Complètement Cirque, du 5 au 15 juillet, Osheaga, du 3 au 5 août, ou encore Île Soniq, les 10 et 11 août.

Description : MONTRÉAL COMPLÈTEMENT CiRQUE, © MONTRÉAL COMPLÈTEMENT CiRQUE, Tim Hussin

Or, cette année sera la première saison post scandales sexuels. Les allégations touchant diverses personnalités québécoises, conséquences directes de l’affaire Weinstein, ont permis d’épargner la programmation 2017. Toutefois, avec le fondateur, et propriétaire de l’époque, du Groupe Juste pour rire, Gilbert Rozon, mis en accusation par plusieurs femmes rapportant des allégations de harcèlement et même d’agressions sexuelles, l’image du festival Juste pour rire en a pris un coup. Au-delà de ce fait, c’est une culture misogyne et dénouée de morale ainsi que d’éthique qui est en voie d’extinction, les gens étant de plus en plus conscientisés à ce qu’on pourrait appeler un divertissement responsable.

 

Le défi des festivals du rire

Suite à la mise en cause de monsieur Rozon, emportée par l’initiative de Martin Petit, bon nombre d’humoristes québécois ont émis la volonté de créer leur propre festival d’humour. Si à l’origine, le nom proposé était le Festival du rire de Montréal, le projet étant maintenant sur la table depuis quelques mois, le nouveau festival s’appellera en fait Grand Montréal comédie fest.

Sur leur site, comediefest.com, on précise qu’il ne s’agit pas d’une business, mais bien d’un “organisme sans but lucratif qui souhaite partager et propager ce que la scène de l’humour québécoise a de mieux à offrir, pour le plus grand plaisir des fans du rire”. Fait à noter, comme l’indique son nom, le festival s’étendra sur les 2 rives grâce à une logistique permettant aux artistes de transiter en hélicoptère.

Juste pour rire ayant maintenant un nouveau propriétaire, l’américain ICM Partners, a décidé de faire appel à une autre agence de relations de presse qu’Annexe Communications en confiant le mandat à Thara Communications. Il appartiendra à cette agence de redorer l’image du groupe, basée sur une culture d’entreprise de Juste pour rire qui se devra d’être moralement irréprochable.

Aussi, il semble difficile de garder comme mascotte le petit bonhomme vert appelé Victor, celui-ci étant la caricature de son fondateur Gilbert Rozon. Victor, avec ses deux cornes et son rire machiavélique, en sachant qui il représente, prend ainsi une toute nouvelle signification fort péjorative qui n’est pas compatible avec un Festival se voulant bon enfant et joyeux pour les 7 à 77 ans. Le public aura probablement du mal à tourner la page si dans les moindres recoins du Festival Juste pour rire, cette mascotte est présente.

Si Grand Montréal comédie fest fut créé par des artistes qui ne voulaient plus s’associer à Juste pour rire suite aux allégations à l’encontre de monsieur Rozon, il apparait toutefois que les organisateurs n’auront pas souhaité rentrer en confrontation directe avec la prochaine programmation du Festival Juste pour rire, annoncée du 14 au 29 juillet 2018. En effet, Grand Montréal comédie fest se déroulera juste avant, soit du 1er au 15 juillet 2018. Ce nouveau festival n’a pas le droit à l’erreur pour sa première édition s’il veut jouir d’une visibilité et ne pas se retrouver noyé dans le foisonnement d’événements estivaux de la métropole.

 

L’éthique prend de l’ampleur

Même si les différents scandales sexuels de l’automne 2017 ont directement impacté Juste pour rire, c’est bien une remise en question sociétale qui est nécessaire et chaque organisateur doit dorénavant agir selon un réel code moral et éthique. La population, résidente ou touristique, se sent de plus en plus concernée par ces valeurs.

Ainsi, lors du Grand Prix de Formule 1 de Montréal, qui se déroulera du 8 au 10 juin prochain, il n’y aura plus sur la ligne de départ de “grid girls”, ces fameuses mannequins peu vêtues. C’est le nouveau propriétaire du Championnat du monde de F1, Liberty Media, qui en a fait l’annonce en précisant que cela “ne correspond pas aux valeurs défendues par notre marque et est totalement en contradiction avec les normes sociétales actuelles”.

Dans un tout autre ordre, le festival Torchefest, organisé le 28 avril dernier par l’Arrondissement de Mercier – Hochelaga-Maisonneuve visait à sensibiliser les résidents à la propreté des rues, incluant le ramassage des déjections canines ou encore le respect des horaires de collecte pour l’entreposage des ordures.

Nul doute que ces prises de conscience n’altèreront en rien la bonne humeur et l’esprit festif qui règne sur Montréal, particulièrement durant la saison estivale. Au contraire, elles risquent même de rendre l’expérience beaucoup plus agréable, où chacun pourra vivre pleinement et en toute quiétude ces moments proposés par les divers festivals et événements qui se dérouleront dans la métropole.

 

Bannière : Ile Soniq – jeune jouant dans l’eau ; Crédit : TM – Madore – Daphné CARON

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Échos Montréal

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