Le drame de la pollution plastique

Après la pollution de l’air, le monde a le grand défi de s’attaquer à aux plastiques. Dont l’Inde, qui semble présentement servir de pays poubelle, elle qui produit/utilise déjà une quantité effarante de plastique, dont entre 40% et 70% ne serait pas recyclé, et qui accepte par surcroît de recevoir les déchets plastiques provenant d’autres pays, économie oblige. Juste dans la décharge à ciel ouvert d’Okhla, un des trois sites d’ampleur que compte la capitale New Delhi, mégalopole de 20 millions d’habitants, on estime que la montagne composée principalement de déchets plastiques a atteint en 2023 une hauteur de 50 mètres!

À l’échelle mondiale, ce sont 350 millions de tonnes de déchets plastiques qui sont ainsi générés chaque année. De nombre, seulement 9% seraient apparemment recyclés et 19% seraient incinérés, tandis qu’une proportion astronomique de près de 50 % serait simplement enfouie. Quant au quart qui reste, il se retrouve tout bonnement dans l’environnement. Or, on estime ce chiffre déjà désastreux pourrait croître exponentiellement jusqu’à un milliard de tonnes de déchets annuellement si rien n’est fait pour immédiatement endiguer cette crise environnementale massive. 

De nombreux pays ont tiré la sonnette d’alarme. En Europe et en Afrique, une coalition présidée conjointement par la Norvège et le Rwanda et regroupant une cinquantaine de pays dont la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne, et plusieurs autres nations du Moyen-Orient et de l’Union européenne, a établi une série de propositions soulignant l’urgence de la situation, avec comme objectif ultime la fin de la pollution plastique d’ici à 2040. Car urgence il y a. Le constat visuel clair que l’on fait déjà des nombreux dépotoirs tous azimuts ne représente qu’une partie des séquelles environnementales de notre activité industrielle sur la planète.

À cela s’ajoute la pollution des eaux et l’extrême danger de l’empreinte toxique de nos industries sur la biodiversité. On calcule ainsi à près de 6 millions de tonnes les déchets plastiques qui sont cavalièrement rejetés dans les milieux aquatiques chaque année, dont le tiers sont entraînés ultimement dans les mers et les océans par les cours d’eau. Or, cet empoisonnement lent de l’élément qui est véritablement le plus indispensable à la vie est une calamité dont les effets dramatiques s’étendent à tout le spectre de la chaîne alimentaire. Aussi incroyable que cela puisse sembler, on pense, selon des calculs pourtant prudents, que chaque individu consommerait maintenant en moyenne jusqu’à 5 grammes de plastique par semaine, sans le savoir. Cela est l’équivalent d’ingurgiter une carte bancaire, sur une base hebdomadaire! 

Il faut comprendre que, outre sa toxicité sur l’environnement et la santé, le plastique est par ailleurs un matériau extrêmement résistant à l’usure du temps. Certains fragments de macroplastiques et de microplastiques, comme ceux pour les bouteilles d’eau par exemple, peuvent prendre jusqu’à mille ans avant de se décomposer. À elle seule, la production annuelle en tant que telle du plastique, qui à l’origine est un dérivé de la transformation des matières fossiles (pétrole), représente près de 18 milliards de tonnes de CO dans l’atmosphère et constitue une des principales émettrices de gaz à effet de serre, d’après des infos compilées par le Journal Le Monde. 

Parmi les principaux coupables se retrouvent évidemment les gourmandes compagnies pétrolifères, dont une des principales sources de revenus provient justement de la transformation de l’or noir. Mais malheureusement, dans ce créneau de pollution extrême, toute velléité environnementale de changement écologique se heurte à la dure réalité des intérêts économiques. À commencer par ceux des États-Unis, premier consommateur mondial de plastique; ceux de la Chine premier producteur mondial de plastique; et par la coalition des pays arabes producteurs de pétrole et menée par l’Arabie Saoudite. 

L’argent faisant foi de tout pour les élites gouvernantes, ces trois importants acteurs de la scène mondiale – et contributeurs majeurs de la pollution environnementale globale – sont en opposition à toutes obligations globales, et préférerait une simple participation volontaire, complètement inefficace depuis des années. Et bien sûr, ils s’opposent également aussi fortement à toutes formes de mesures punitives ou restrictives, une prise de position que ne manque pas de souligner – et de dénoncer, bien que diplomatiquement – Hugo-Maria Schally le porte-parole de l’Union Européenne. 

Les mers et les océans rejette chaque jour des tonnes de plastique sur les plages du globe. Et ça, c’est en plus de ce qui se retrouve dans les eaux marines et sur les planchers océaniques. On parlait de l’Inde précédemment, à elle seule elle génère plus de 4 millions de tonnes annuelles de plastique, dont plus de 50% ne sont pas recyclés. 

Mais pendant ce temps, non seulement pas grand chose n’est effectué pour s’attaquer à ce sérieux problème, mais en fait on continue plus que jamais d’encourager et de financer la consommation de matières fossiles et d’énergie impropre à l’assainissement de l’environnement. Comme par exemple le Groupe Total Energie, grand producteur/consommateur de pétrole, et dont le Président Patrick Pouyanné indique qu’il souhaite investir massivement pour sa production pétrole dans les dix prochaines années, ce qui inclurait également le dossier du gaz fossile. 

Encore là, c’est une position vivement dénoncée par de multiples associations écologistes et environnementales, de même que par l’astrophysicien Jérôme Guillet, qui se fait le porte-parole d’une quinzaine de scientifiques renommés pour implorer le Gouvernement Français d’intervenir. On le répète: ce n’est pas de l’alarmisme, c’est un constat scientifique, qu’il est important d’assimiler à nos comportements collectifs. 

Dans le cas contraire, on se dirige non pas vers le proverbial mur, mais plutôt vers une planète dont les icebergs auront fondu, dont les côtes terrestres seront inondées et disparaîtront, dont les zones de sécheresse se seront développées à l’exponentiel pendant que la faune et la flore se seront graduellement amenuisées.