Depuis son retour à la Maison Blanche, l’actualité a été chaque jour massivement accaparée par les nombreuses et incessantes déclarations insensées – et souvent contradictoires! – de Donald Trump. Et surtout en l’occurrence la guerre commerciale et l’imposition de tarifs qu’il désire faire à des pays tous azimuts, à commencer par ses voisins & alliés historiques, le Canada et le Mexique.
Mais à travers ce maelström chaotique et kafkaïen d’annonces, de réglementations et d’augmentations tarifaires, immédiates un jour, puis mises en pause le lendemain par le Président américain et son Parti Républicain dont l’amateurisme démontré jusqu’à présent – en mois de dix semaines au pouvoir! – a quelque chose d’un peu sidérant, un constat s’impose: le Canada réagit admirablement bien.
D’emblée bien sûr, on pense à la hausse tarifaire annoncée par Justin Trudeau, un 25% en augmentations de droits de douanes sur des marchandises et produits américains soigneusement et méthodiquement ciblés d’une valeur de 30 milliards de dollars, une salve initiale à laquelle s’ajoutera très prochainement quelque 125 milliards, pour un total de 155 milliards de dollars d’exportations américaines à destination du Canada qui seront ainsi sévèrement tarifées.
Des marchandises choisies pour induire une pression énorme sur les budgets des compagnies américaines, et des particuliers, là où ça fait mal. L’alcool américain; les vêtements, les souliers; les ordinateurs, téléphones et autres bidules électroniques; les voitures, etc… Et déjà, on sent bon nombre d’industries américaines commencer à paniquer, au bord de la crise budgétaire. À commencer par les constructeurs automobiles américains, qui non seulement ne parviennent plus à vendre leur inventaire – mais ont été obligés d’augmenter drastiquement le prix de celles-ci, en raison de la raréfaction d’approvisionnement qu’engendre la politique tarifaire républicaine. Ils ont même supplié – et obtenu du volatile Donald Trump – un sursis d’un mois pour tenter désespérément de s’adapter, eux dont les étapes de production d’un véhicule peuvent nécessiter jusqu’à 7 passages douaniers… et donc une tarification douanière septuple!
En parallèle, Justin Trudeau avant son départ a tenu toute une série d’excellents discours à la Nation, pour inciter notamment les Canadiens à consommer beaucoup plus local, et à restreindre drastiquement leurs envies de voyages chez nos voisins du Sud. Et la population canadienne a répondu avec fracas et détermination. Un boycott généralisé des produits américains s’est établi au sein de la population d’un océan à l’autre. Quant au tourisme des Canadiens à destination des États-Unis, le U.S Travel Association a beau tenter d’y aller de sous-estimations modestes (grossières) en avançant une baisse possible d’achalandage de 10% des voyageurs canadiens, mais les chiffres réels concernant les voyageurs canadiens boycottant les USA avoisinent plutôt les 40%-50%. Et selon plusieurs, il n’est pas impossible que cela puisse même atteindre les 60% - 75%. En pertes sèches de revenus, ce sera plus que les 2,1 milliards de USD $ initialement estimés que perdrait ainsi l’industrie touristique américaine, mais plutôt dans les 10 milliards $, occasionnant par ricochet des pertes d’emplois massives entre 200 000 et 500 000 chez les travailleurs américains de l’industrie touristique.
Et tout cela, ce n’est en fait que la pointe de l’iceberg. En effet, les couloirs diplomatiques canadiens fonctionnent à plein régime depuis janvier 2025, alors que le Gouvernement du Canada – mené par un Justin Trudeau qui dans les dernières de son règne libéral aura, et de loin, accompli son meilleur boulot depuis son avènement au pouvoir – a multiplié les consolidations politiques et les nouvelles alliances pour se dissocier de l’influence américaine. Par exemple, avec l’Europe du Président français Emmanuel Macron, chacun reconfirmant son engagement et sa volonté de conserver une politique de libre échange commercial fluide, dans une série de résolutions auxquelles le reste de la Communauté Européenne a emboîté le pas, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, etc., sur toute une variété d’exportations et d’importations canadiennes, allant des produits de luxe aux céréales; en passant par les produits d’alimentation, l’industrie textile, vêtements et souliers; l’industrie pharmaceutique; les ordinateurs et autres produits technologiques; et bien sûr… les voitures!
Et justement, dans ce dernier cas non seulement le Canada va-t-il maintenant élargir ses ententes automobiles avec toute l’Europe et l’Asie, mais en corollaire, on boycotte aussi massivement les voitures américaines, à commencer par la filiale d’Elon Musk et ses voitures électriques Tesla, dont la valeur en Bourse a fondu de plus de 50%, une dépréciation de plusieurs centaines de milliards de dollars! Dans cette même foulée le Canada a aussi conclu de nouvelles et excellentes ententes commerciales avec la Chine, tout autant pour leurs voitures électriques, devenues plus fiables que les Tesla tout en étant beaucoup moins chères, que sur toute une gamme d’autres produits et marchandises.
Et bien sûr, il y a les exploitations gazière, pétrolifère, électrique et minière du Canada, hautement prisées, et pas seulement aux USA mais partout dans le monde. Devant l’hostilité américaine, le gouvernement canadien opte d’ores et déjà pour diminuer massivement ses exports aux États-Unis, et a plutôt, en quelques semaines à peine, conclu une série d’accords avec d’autres pays, incluant l’Union Européenne, la Chine et l’Australie, notamment pour le précieux gaz naturel canadien. Le Canada récolte d’ailleurs les bénéfices de ses excellentes décisions passées, à savoir la vaste modernisation de ses infrastructures, de ses moyens logistiques et de ses politiques, tout autant pour la production, que pour le raffinage et le transport de ses ressources énergétiques.
Sans oublier les nombreuses richesses minières du prolifique sol canadien, dont les États-Unis ont toujours été friands mais au sujet desquelles ces derniers vont devoir se serrer la ceinture, le Canada étant là aussi en train de négocier une multiplicité de nouvelles alliances. Ce qu’il ne faut pas oublier à ces sujets, c’est que, outre ses infrastructures vastes et modernes, qui lui permettent de produire/transporter des quantités de ressources énergétiques de grande qualité et à tarifs économiques intéressants pour les autres pays, le Canada dispose aussi d’un avantage géographique absolument majeur: l’accès à non pas un, ni même deux mais trois océans, le Pacifique, l’Atlantique et même l’Arctique.
Idem par ailleurs, en ce qui concerne beaucoup d’autres champs d’intérêts commerciaux, où le gouvernement canadien entame/prévoit des discussions globales pour continuer d’asseoir son indépendance envers nos voisins du Sud, comme en communications et en technologies par exemple, notamment avec l’Inde qui est devenue depuis deux décennies un des chefs de file en matière d’informatique. Ou alors question Tourisme, où il semble que des rencontres/discussions se trament déjà officieusement avec divers ministères et industries touristiques d’autres pays, pour générer des ententes de facilitation touristique mutuellement bénéfiques.
Bref, le Canada est présentement en train de se repositionner à vitesse Grand V et de manière exceptionnelle sur l’échiquier commercial et politique de la planète, nous faisant réaliser que c’est quelque chose qui était même souhaitable depuis longtemps. En ce sens, paradoxalement, l’agressivité commerciale du gouvernement Trump et ses velléités conquérantes malsaines d’annexation à l’égard des territoires canadiens se seront peut-être au final avérées un point très positif, soit le coup de pied au derrière dont le Canada avait besoin sans le savoir…