Lorsqu’il y a près de 30 ans, le Canadien Pacifique a fermé ses dernières usines Angus dans l’est de Montréal, le géant ferroviaire a laissé derrière lui un quartier à l’économie moribonde, des immeubles désaffectés et des sols contaminés. «Le taux de chômage, à l’époque, était au-dessus de 20%», précise Pierre Choquette, le vice-président des communications et des affaires publiques de la Société de développement Angus (SDA), un OBNL d’économie sociale créée il y a 25 ans pour faire face à ces enjeux.

Ce portrait historique frappe notre œil contemporain; grâce à la SDA, ce quartier jadis agonisant est, aujourd’hui, en pleine effervescente économique et immobilière. «Avec le Technopole Angus, il y a 3000 bons nouveaux emplois qui ont été créés dans le quartier en 20 ans», soutient Monsieur Choquette. Dans l’esprit de sa mission de revitalisation urbaine, la SDA s’est lancé dans le défi ambitieux d’achever la construction à Angus d’un écoquartier urbain certifié LEED ND Platine d’ici 7 à 10 ans. «On avait déjà développé un quartier plus vivant, avec des entreprises qui créent de l’emploi. Mais on s’est rendu compte que pour avoir un véritable écoquartier, il fallait miser sur la mixité en développant des bâtiments résidentiels et des commerces de proximité, tout en offrant des services à la population et peut-être même des éléments culturels», explique Pierre Choquette. 

Pierre Choquette, vice-président des communications et des affaires publiques de la Société de développement Angus. © Courtoisie

Accueillir les familles

L’une des intentions qui guident le développement de l’écoquartier est d’offrir à des familles la chance de vivre en ville, dans un quartier caractérisé par la proximité des commerces et des services. «À la Société de développement Angus, ce qui nous rend le plus fiers, c’est d’avoir construit un quartier qui intéresse les familles et les attire dans un milieu urbain, freinant ainsi l’exode vers les banlieues», confirme Monsieur Choquette. Pour illustrer ce succès, Monsieur Choquette confirme que la majorité des unités résidentielles situées dans l’écoquartier ont été vendues à un prix abordable à des familles. «Dans un contexte de pénurie de logements, de forte spéculation immobilière, c’est, pour nous, une grande réalisation!», ajoute-t-il. 

Les premières unités résidentielles devraient être livrées d’ici décembre et, déjà, les nouveaux habitants pourront bénéficier de la proximité de restaurants, de commerces ou encore d’un CLSC. 

La construction d’un deuxième projet d’unités résidentielles doit débuter dès le printemps prochain et d’autres commerces et services s’ajouteront, au fil des ans, à la dynamique de ce nouveau quartier. Outre une garderie, un groupe de médecine familiale ou encore une résidence étudiante, Monsieur Choquette annonce également la construction de logements sociaux, en partenariat avec l’organisme Vivre en Ville. «Depuis ces trois dernières années, nous travaillons sur un projet d’école primaire publique, mais on n’a pas encore eu l’aval du Ministère de l’Éducation», regrette-t-il toutefois.

La pandémie risque d’impacter le développement futur de l’écoquartier. Par exemple, «Il était projeté de construire un autre bâtiment à bureaux sur le terrain de l’écoquartier, mais, plus on avance avec la pandémie, plus on voit que les besoins changent. On est donc en train de réévaluer la situation pour s’ajuster aux circonstances», admet Monsieur Choquette.

La boucle énergétique

L’écoquartier Angus se distingue par une innovation technologique audacieuse: la boucle énergétique. «C’est un système souterrain de tuyauterie qui permet de faire une redistribution de l’énergie», résume Monsieur Choquette. 

Par exemple, la chaleur qui est produite le matin par les habitants lorsqu’ils se lavent et se préparent pour aller travailler pourra ensuite être redistribuée dans les bureaux et les commerces. Inversement, la chaleur générée par les unités commerciales durant la journée pourra être redistribuée dans les résidences le soir. Cette redistribution d’énergie permettra une importante réduction de la consommation d’énergie et une réduction de 26% des émissions de gaz à effet de serre par rapport au même projet sans l’utilisation de la boucle. «Si cette technologie fait école et se retrouve dans d’autres projets, c’est toute la société qui va mieux s’en porter! On ne sera pas jaloux, on va être bien fiers qu’une technologie comme celle-là, qui fonctionne pour nous et qui a été développée avec nous, puisse avoir des effets bénéfiques ailleurs. Ça va juste faire notre bonheur!» s’enthousiasme Monsieur Choquette. 

D’autres innovations viennent renforcer les caractéristiques écologiques de ce projet comme l’enveloppe extérieure des bâtiments qui permettra également de diminuer leur consommation énergétique ou encore le système de récupération de l’eau de pluie et de la fonte des neiges pour alimenter, notamment, les toilettes. 

Ces avancées environnementales ont joué un rôle important lors du processus d’acquisition des unités. «On s’est rendu compte, avec joie et plaisir, que beaucoup des clients partageaient les valeurs écologiques du site et que c’était un argument important pour les familles et les personnes qui ont acheté les unités», confirme Monsieur Choquette.

Informer pour inspirer

Outre le développement d’un écoquartier urbain, la Société de développement Angus s’est lancé un autre défi: éduquer et de sensibiliser la population aux enjeux liés à la revitalisation urbaine. 

C’est dans cette optique qu’en septembre 2019, la SDA a développé le balado «La Ruée vers l’Est» disponible en ligne, une autre manière de vivre la revitalisation urbaine!

Photo bannière principale: © Courtoisie

À propos de l'auteur

Coralie Beaumont

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