Antoine Aubert

La dernière pièce de l’année 2015 présentée au théâtre Jean-Duceppe part d’une situation banale qui permet à chaque spectateur de rentrer très facilement dans le vif du propos. Par un beau samedi matin Michel, bourgeois du Mile-End, aspire expressément à ne pas être dérangé, le temps de profiter d’un petit plaisir de la vie : l’écoute d’un disque de jazz rare – intitulé, avec ironie, « Me, Myself and I » – déniché dans une boutique du Vieux-Montréal.

Cette heure de tranquillité si attendue, que Michel va jusqu’à décrire comme l’avènement du bonheur parfait, n’arrive jamais. Sa femme, sa maîtresse, sa mère, son fils, son plombier, son voisin et son meilleur ami ont tous décidé de réquisitionner l’attention de cet homme pas vraiment doué pour l’altruisme et l’empathie.

De manière convenue, le ressort comique de l’écoute musicale avortée à la dernière seconde se répète tout au long de la pièce. Il encadre les révélations et les moments rocambolesques de la pièce. La sauce prend, les dialogues sont efficaces et les acteurs semblent s’en donner à coeur joie.

Toutefois, on regrette que la pièce, écrite par l’auteur français Florian Zeller, montée à Paris, et «québécisée» par l’équipe du Jean-Duceppe, manque parfois de mordant. On est ici dans un humour classique, peu dérangeant, alors que le contexte s’y prête. Si le personnage principal est un énergumène doté d’un égoïsme souvent sidérant, on aurait pu espérer une réflexion plus profonde sur la famille, les autres personnages manquant de nuance pour atteindre cet objectif.

Il n’empêche, « Une heure de tranquillité » remplit son rôle premier : le public rit à gorge déployée, oubliant pendant 90 minutes les soucis du quotidien. Le genre de satisfaction que ce diable de Michel aurait bien voulu connaître.

La pièce est présentée au théâtre Jean-Duceppe jusqu’au 6 février.

Crédit Photo : Marie-Claude Hamel

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Échos Montréal

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