Sorte de prédécesseur des musées contemporains, les cabinets de curiosités sont des regroupements d’objets rares et exotiques rassemblés par des nobles du 16e siècle et du 17e siècle, qui cherchaient à impressionner, émouvoir et faire rêver. Quelques siècles plus tard, Pointe-à-Callière tentera de susciter le même genre d’émoi avec l’exposition Dans la chambre des merveilles, du 13 février 2019 au 5 janvier 2020.
Plus de 1000 objets insolites provenant des quatre coins de la planète ont été réunis afin de recréer l’univers fascinant des cabinets de curiosités, ces assemblages touffus et pêle-mêle d’objets empilés du plancher jusqu’au plafond. Si l’exposition cherche à décortiquer le concept, son but premier est néanmoins de provoquer l’émerveillement. « Il y a aura peu de texte, souligne Ève Dumais, chargée de projet pour l’exposition. On veut avant tout immerger les visiteurs dans différentes ambiances. »
En effet, chaque zone de l’exposition sera consacrée aux objets typiques des cabinets d’antan, tels les naturalias, les éléments de la nature. « Il y aura des oiseaux extraordinaires, des animaux légendaires qui n’existaient pas, des défenses de narval qu’on présentait comme des cornes de licornes, une énorme dent de mastodonte qu’on faisait passer comme une dent de géant. On n’était pas dans l’esprit scientifique, on voulait impressionner. »
Il y aura aussi une section consacrée aux éléments issus des cultures étrangères, à ceux provenant de l’Antiquité et à une ribambelle d’objets étranges. Selon Ève Dumais, cet attrait pour le bizarre est propre à la nature humaine. « C’est plus fort que nous! Lorsque quelque chose est difficile à expliquer, rare ou jamais vu, ça suscite automatiquement une émotion. Notre but au musée est donc de créer cette fascination avec nos décors et une profusion d’objets. Quand on préparait l’exposition, nous nous sentions nous-mêmes comme des enfants! »
Les visiteurs auront également droit à une réinterprétation moderne du cabinet de curiosités, comme si le musée était lui-même propriétaire d’un cabinet en 2019 et qu’il voulait en mettre plein la vue. La dernière partie mettra en lumière le besoin de collectionner, alors que des collectionneurs contemporains d’épées, de poupées et de petites autos ont été interviewés de façon légère et sérieuse sur leur passion.
Basée sur un concept original du Musée des confluences de Lyon, l’exposition mise sur plus de 500 pièces de la collection lyonnaise, elle-même issue des plus réputés cabinets d’antan, en plus de mettre en valeur de nombreux objets trouvés dans les collections privées et publiques canadiennes, afin de bonifier le tout. Le Musée Canadien de la nature, le Musée de la civilisation de Québec et le Musée de la nature et des sciences de Sherbrooke font partie des institutions avec qui PAC a collaboré. « Notre sélection est très artistique. On a essayé de se remettre dans l’esprit de l’époque en cherchant des éléments curieux, comme un orignal albinos, des armures de samouraï et plusieurs objets antiques impressionnants. Le projet a demandé des recherches poussées et assez intenses. »