Monument de la musique, à la fois star internationale et figure sibylline, Leonard Cohen est l’artisan d’une œuvre qui a traversé les époques et solidarisé les cultures. Un an après sa disparition, le Musée d’art contemporain de Montréal propose une exposition retraçant le parcours mythique de l’un de ses plus illustres citoyens. Mais cet hommage posthume est bien plus qu’une édification biographique muséifiée : au contraire, et avec l’aval de Cohen lui-même, l’exposition prendra la forme d’une expérience immersive et créatrice s’inspirant de thèmes chers à l’homme.
« Dès le départ, cette exposition a été pensée comme l’exploration de l’œuvre d’une vie par l’art contemporain et en ce sens, Cohen était particulièrement honoré de pouvoir inspirer d’autres artistes par son art » souligne John Zeppetelli, directeur général et conservateur en chef du MAC. Le décès de Leonard Cohen, survenu en novembre 2016, vient cependant donner un sens nouveau au projet d’envergure tarabiscoté depuis plus deux ans. Pour Zeppetelli, il « devient aussi un hommage à cette icône planétaire ». Tout comme le propos sensible et cru de Cohen relie et rassemble les générations, l’exposition fera donc le pont entre la vie de l’homme et l’œuvre, manifestement intemporelle.
Une œuvre investie par l’art contemporain
Au long d’une carrière qui s’est déployée sur plus de cinquante années, l’auteur-compositeur interprète, foncièrement humaniste, a abordé de manière récurrente des thèmes universels : lumière et noirceur, religion, politique, amour, désir et intimité. C’est de cette palette riche de sens que s’érigeront divers ouvrages artistiques inédits, tels que des productions cinématographiques immersives, des projections et installations multimédias ou encore la reprise de chansons, notamment par Ariane Moffatt et l’Orchestre Symphonique de Montréal. Une approche multidisciplinaire qui selon les instigateurs saura épouser l’essence de l’œuvre de Leonard Cohen.
Montréal, ville inspirante
Le natif du quartier Westmount, qui logea sur le boulevard Saint-Laurent, tout près de la place du Portugal, fit de Montréal un bassin d’inspiration, une terre de laquelle émergea des angoisses cisaillantes, mais aussi des aspirations lumineuses. « Leonard Cohen était un vrai Montréalais et il a toujours porté notre ville près de son cœur. Montréal a été la ville de sa naissance ; la ville où il est devenu un homme ; la ville qui l’a inspiré et où il a puisé sa créativité ; et la ville de son dernier repos » soutient Victor Shiffman, commissaire invité du MAC. Inscrite dans la programmation officielle des activités du 375e anniversaire de Montréal, l’exposition rend ultimement hommage à un homme qui a autant enchanté une ville que celle-ci peut l’avoir façonné.
Une brèche en toute chose / A Crack in Everything. Du 9 novembre 2017 au 9 avril 2018, au Musée d’art contemporain de Montréal.