C’est un samedi soir d’été comme les autres dans le Vieux-Montréal. Sur la place d’Armes, des dizaines de touristes s’affairent à croquer de leurs petits appareils la façade des bâtiments historiques qui ceinturent le parc dallé, dont celle, majestueuse, de la Basilique Notre-Dame. Sur le parvis, les badauds s’agglutinent. Les plus chanceux, munis de billets, pénètrent l’enceinte et prennent place dans la large nef tripartite. La salle oblongue, à pleine capacité, est plongée dans l’obscurité. Inopinément, un jet de lumière transperce l’hémicycle, comme l’éclair lézarde un ciel nocturne. S’amorce alors une séance tout son et lumière, un agencement numérique grandiose qui embrasse et embrase voûtes, rosaces, colonnes et sculptures, transportant l’esprit du spectateur au carrefour du passé et de l’avenir.
AURA, c’est le nom de cette nouvelle création de l’entreprise québécoise Moment Factory qui depuis le printemps dernier, et pour les dix prochaines années, animera le joyau d’architecture néo-gothique que constitue la Basilique Notre-Dame. Pendant plus de deux ans, le fleuron du multimédias a œuvré à conceptualiser, puis mettre en application cette expérience unique, un défi à la fois technique et artistique étant donné l’ampleur et la complexité ornementale des lieux. L’œuvre, éminemment sensorielle, se décline ainsi : d’abord, le parcours libre de la Basilique, suivi du spectacle immersif en tant que tel. L’ensemble révèle en outre la richesse du bâtiment, toute veinure, toute cavité étant sciemment dévoilée par des rayons lumineux de facture numérique. Flanquée d’une trame sonore originale, fruit de la collaboration de 32 musiciens et de 20 choristes, AURA revêt ultimement un caractère symbolique : pour une cinquantaine de minutes, les lieux sont réinvestis d’une certaine sacralité, les nouveaux fidèles faisant communion dans cette enceinte que l’on désigne comme étant l’église mère de Montréal. Une façon singulière de tendre une main sereine au patrimoine religieux.