Dernièrement, on fait malheureusement état d’un nombre élevé et croissant de comportements criminels dans le Métro de Montréal. Et la situation commence à être inquiétante.

Station Berri-UQÀM, coins Ste-Catherine et Berri
À commencer par un phénomène apparemment en explosion, celui des fraudeurs de droits de passage, c’est-à-dire ceux qui se croyant un peu le nombril du monde décident qu’eux n’ont pas à payer leurs tickets comme le reste de la population et choisissent donc tout simplement d’escamoter le passage aux tourniquets. Et le phénomène a pris tellement d’ampleur et de récurrence que la police de Longueuil a fort justement décider de sévir.
Quelque 15 agents se sont ainsi habillés en vêtements civils pour ne pas être repérés par ces fraudeurs de pacotille, puis ils ont attendu de prendre les contrevenants sur le fait. Or, en l’espace d’une seule matinée, sans même avoir à particulièrement se forcer, ils ont pu émettre près d’une soixantaine de constats d’infraction. Il y en a même eu – ceux parmi ces mauvais payeurs dont l’égo meurtri ne pouvait accepter de s’être fait prendre en défaut – qui ont retenté le coup une deuxième fois… pour se retrouver à être interpellés une deuxième fois!
Plus satisfaisant encore est le cas de ceux qui ont tenté de s’échapper, pour être aussitôt cueillis par le nombre d’agents sur place. Car dans ce cas non seulement ces délinquants trop gâtés qui pensent que tout leur dû dans la vie se ramassent-ils à payer l’amende de 234$ plutôt que les 3,25$ ou 4,75$ que leur aurait coûté leur passage, mais en cas de résistance ou fuite ils se retrouvent également avec un dossier criminel. Il faut souligner qu’on ne parle pas simplement d’itinérants ou de sans-abris ici, qui ne sont qu’une minorité des infractionnistes. En fait pour la majorité, il s’agit de jeunes, auxquels s’ajoutent un nombre malgré tout surprenant d’adultes et d’hommes d’affaires en apparence fortunés, ayant simplement décidé qu’ils n’avaient pas envie de payer ces tarifs.
On tient à saluer les forces policières de s’attarder enfin à ce genre de dossier, en ajoutant cependant que : pour que cette mesure soit efficace, elle doit impérativement être menée en permanence, sur une base régulière et pérenne. D’autant plus que lorsqu’il y a des augmentations tarifaires en raison du nombre d’abus, ce sont tous les passagers qui sont touchés par les hausses. Du même souffle, il est plus que temps de se consacrer à résorber sensiblement, voire endiguer complètement si possible les autres actes criminels, qui comme on le disait ont connu une hausse fulgurante depuis une décennie, au point où beaucoup d’usagers ont déclaré ne plus sentir en sécurité dans le métro. Plusieurs stations sont devenues en effet des points chauds. Que l’on pense aux stations Berri ou Beaudry, lieux d’ancrage de plusieurs batailles entre sans-abris ces dernières années. On se rappelle également du saccage de mobilier, comme des toilettes publiques, à la station Papineau. La vente et à la consommation de drogues à l’intérieur des stations de métro ou à proximité de celles-ci, comme à la station Berri encore une fois, mais aussi aux stations Mont-Royal et Honoré-Beaugrand.
On peut aussi mentionner une présence itinérante devenue endémique et omniprésente, au point d’en être dérangeante. Ce n’est pas juste le fait de se faire constamment quêter de l’argent, c’est aussi toute une floppée de troubles psychologiques qui vient fréquemment avec ce type de «clientèle» plus spécifique, allant des problèmes d’alcoolisme, de consommation et de toxicomanie aux problèmes de santé mentale.
Mais il ne faut pas croire qu’il s’agit simplement des sans-abris. Une augmentation de la présence de bandes criminalisées de jeunes a également pu être constatée ces dix dernières années. Les stations St-Henri et Lionel-Groulx en ont été de ponctuels exemples. D’ailleurs, parlant de Lionel-Groulx, deux incidents violents y ont fait les manchettes en 2024.
Dans le premier cas, une jeune femme, la fille du chroniqueur du Journal de Montréal Richard Martineau, a été frappée au visage par une pure inconnue.
Et dans le deuxième cas, plus grave encore, un sans-abri a carrément été poignardé, par une bande de cinq jeunes dont la police estimait qu’ils pourraient être liés à la vente de stupéfiants.
Et on ne parlera même pas des exemples d’incivilité et d’impolitesse qui pullulent maintenant depuis trop longtemps dans les wagons de métro et les autobus; ni non plus du capharnaüm sonore de ceux qui écoutent leurs tablettes ou téléphones à plein volume comme s’ils étaient seuls (ou probablement pour tenter de se faire remarquer). Pas plus qu’on ne s’attardera sur l’état de délabrement de certaines stations, ni sur l’état de malpropreté inacceptable du réseau tous azimuts, comme par exemple ponctuellement aux stations Mont-Royal, Laurier, Rosemont ou Beaubien; ou encore celles desservant le Vieux-Montréal, à savoir Place D’Armes, Champ-de-Mars ou Square-Victoria.
Et cela s’en ressent dans tous les sondages d’opinion effectués ces dernières années chez les usagers du transport en commun montréalais, particulièrement auprès de la clientèle féminine. Elles sont plusieurs à souligner ne plus se sentir autant en sécurité que par le passé lorsqu’elles doivent prendre le métro seules en soirée.
La Ville de Montréal ne peut plus se contenter d’intervenir seulement quand les problèmes surviennent, cela fait trop longtemps que la situation se détériore. Elle doit agir en amont, offrir à la STM les moyens d’avoir des agents permanents en bien plus grand nombre, et augmenter en parallèle le budget afférent à la rénovation et à la maintenance (propreté) des stations de métro existantes… à condition évidemment que ces budgets ne se transforment pas simplement en bonus pour les dirigeants! Avoir également une politique et des directives plus claires pour assurer la sécurité des voyageurs et empêcher tout attroupement, incident violent ou acte de vandalisme.
Bref, mettre un frein aux petits criminels d’opérette et autres anarchistes de pacotille et empêcher ces derniers d’instaurer dans le métro une loi du Far West. Les Montréalais, tout autant que les touristes – très important de ne pas les oublier – ont le droit de se sentir en sécurité et en confiance dans un métro propre et efficace.