Au premier rang de tous les maires ayant inscrit leur nom et leur empreinte dans l’histoire de la ville de Montréal, un se distingue et nous vient bien sûr immédiatement à l’esprit : le maire Jean Drapeau, dont l’apport pour notre ville et les réalisations furent si nombreuses qu’il est d’ailleurs le seul à avoir été récompensé par sa statue en bronze grandeur nature, placée en face de l’hôtel de ville, sur la rue Notre-Dame.

Dernière photo à son bureau, novembre 1986 © Réjean Martel, Archives de la Ville de Montréal

Né à Montréal le 18 février de l’année 1916, Jean Drapeau, s’est d’abord fait connaître pour sa probité et son courage, dans le cadre d’une enquête sur le crime organisé au début les années ’50, tout juste après qu’il ait fondé le parti Bloc populaire. Le succès médiatique et judiciaire de cette enquête, ainsi que le franc-parler notoire de ce personnage plus grand-que-nature, qui deviendra un peu sa marque de commerce, permettront à Jean Drapeau de se construire une réputation de grande qualité et le propulseront à l’avant-scène politique. 

Fort de ces appuis populaires, il remportera alors son premier mandat à la Marie de Montréal, en 1954. Après un bref incident de parcours où la gouvernance de l’hôtel de ville lui échappera contre un certain Sarto Fournier, en 1957 dans une des élections les plus serrées de toute l’histoire de Montréal, il reprendra ensuite les rênes de la ville, pour ne plus les laisser pendant les 26 années suivantes, jusqu’à la fin de son dernier mandat, en 1986, après plusieurs problèmes de santé successifs.   

© Société du Parc Jean Drapeau

Au cours de la période faste des années ’60 où il a officié, beaucoup de projets ont vu le jour, transformant Montréal et l’amenant d’un simple statut de grande ville jusqu’à celui de métropole d’envergure internationale. On lui doit ainsi l’Exposition universelle de 1967, affublée en parallèle de toute une série de constructions & chantiers majeurs, dont notamment la construction du métro, le Stade olympique, la Place-des-Arts, la Place Ville-Marie, le tunnel Louis-Hyppolyte Lafontaine, le Pont Champlain, les grandes autoroutes, le stade Olympique etc… Dans cette continuité il fut aussi l’acteur majeur dans l’obtention à Montréal des Jeux olympiques de 1976. On oublie d’ailleurs souvent à ce propos que c’est également lui dans le contexte des Jeux olympiques, qui a réussi à obtenir une équipe de baseball pour la métropole, les Expos de Montréal! 

Ses quelques détracteurs diront de lui qu’il était trop dépensier ou qu’il avait une gouvernance un peu pharaonique. Mais un fait est indéniable, il aimait Montréal avec passion, il la voyait comme une métropole internationale au potentiel exceptionnel et il a toujours eu de grandes ambitions pour elle, oeuvrant sans relâche pour la faire connaître aux yeux de toute la planète. C’est une des nombreuses raisons, en plus d’une personnalité attachante et authentiquement altruiste, qui faisaient en sorte que ses citoyens montréalais adoraient leur maire et qu’ils honorent sa mémoire encore aujourd’hui. À ce jour, cet homme-orchestre détient d’ailleurs encore le record de longévité à la tête de Montréal, 29 années, un chiffre qui ne semble pas à la veille d’être battu! 

Pendant toutes ces années, le Maire Drapeau a su naviguer et survivre à travers plusieurs crises marquantes de l’Histoire même du Québec, incluant un attentat à la bombe sur sa maison en septembre 1969, puis à la mouvementée Crise d’Octobre l’année suivante. Anecdote intéressante mais moins connue à son sujet : c’est son idée de financer le déficit accumulé par Expo 67 via une loterie d’état qui inspirera le Gouvernement du Québec et donnera naissance à la Société d’état Loto-Québec en 1970.  À une époque où le cynisme s’est peu à peu emparé de la conscience collective citoyenne, transformant l’admiration d’autrefois à l’égard des politiciens en un certain dédain contemporain envers la classe politique, le nom Jean Drapeau continue à faire rêver la population. 

Bien sûr, quand le standard de base est aussi élevé que celui posé par Jean Drapeau, la comparaison ne peut que devenir un peu ingrate pour tous les maires qui suivirent. Et ça, c’est l’héritage Drapeau, le leg politique et humain durable d’un homme d’exception, qui a marqué non seulement une ville vouée à devenir magnifique, mais aussi toute une génération de citoyens, et dont les échos se font encore entendre aujourd’hui. 

Bannière principale: © Ville de Montréal

À propos de l'auteur

Vincent Di Candido

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