Les habitués des promenades et autres loisirs qu’offre le Vieux-Port de Montréal auront difficilement pu passer à côté de la grève des employés qui fait rage depuis maintenant plusieurs mois. Bon nombre d’activités n’ont pas pu avoir lieu lors de la période estivale, soit la plus achalandée de ce haut lieu touristique de Montréal. La plage artificielle notamment, d’habitude si vivante l’été, a dû rester fermée.

En entrevue pour Échos Montréal, Konrad Lamour, président du Syndicat des employés du Vieux-Port de Montréal (SEVPM), reste confiant sur le fait de conclure une entente afin de permettre de satisfaire les 2 parties, “mais nous sommes encore loin du compte comparativement à nos revendications”, nous confie-t-il. “Nous avons reçu un mandat de nos membres de retourner à la table de négociations”. Monsieur Lamour tient à nous rappeler que le mouvement du salaire horaire minimum à 15 $ s’étend à l’échelle nationale. À l’heure d’écrire ces lignes, le service des communications du Vieux-Port n’avait pas encore répondu à notre courriel. Pour ce qui est de la position du fédéral, Emploi et développement social Canada nous annonce que “les médiateurs fédéraux sont en communication avec les parties. Notre gouvernement respecte l’intégrité de ce processus et n’émettra pas de commentaires sur ces négociations”.

À l’origine de ce mouvement, une question qui dépasse les frontières et qui anime de plus en plus de débats au sein de nos sociétés occidentales : Quel salaire minimum doit-on avoir ? Certains remettent encore en question l’idée même d’un salaire minimum.

Cependant, bon nombre d’économistes, autrefois contre l’instauration obligatoire d’un salaire minimum, deviennent pour, et sont même favorables à ce que celui-ci soit relativement élevé. Le chiffre de 15 $ de l’heure, salaire réclamé par les employés du Vieux-Port, est né aux États-Unis. Tous les experts ne s’entendent pas sur un montant précis, mais celui de 15 tend à être le plus populaire, non seulement car c’est un chiffre relativement facile à retenir, mais aussi, car il s’agirait d’une augmentation très conséquente. Au Québec par exemple, le salaire minimum est de 10,75$. On parle ainsi d’un gain non négligeable de 40%.

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Une question de bon sens

Monsieur Lamour précise aussi qu’avec 15 $ de l’heure, “les employés vont dépenser l’argent qu’ils gagnent en plus. Ils ne vont pas l’économiser. C’est ce que les experts, même les experts capitalistes, commencent à comprendre. Les gens vont aller le dépenser ne serait-ce que pour acheter des éléments de base qu’ils n’ont pas pu se procurer jusqu’à maintenant”. Ainsi, le salaire supplémentaire serait immédiatement réinjecté dans l’économie afin de soutenir la croissance. Ce serait donc une stratégie “gagnant-gagnant”.

En effet, les entreprises ont de premier abord tout intérêt à vouloir payer leurs salariés le moins cher possible. Si ce calcul est aisément compréhensible à court terme, il peut s’avérer être un bien mauvais choix à moyen et long terme, les employés n’ayant pas assez d’argent pour acheter les biens et/ou services offerts par l’entreprise elle-même. En entrevue le mois passé pour Échos Montréal, Amir Khadir rappelait que ce concept, ce bon sens, n’est pas nouveau. Henry Ford appliquait déjà cette stratégie économique dès 1908 dans ses usines automobiles où l’emblématique Ford T vit le jour. À l’époque, on parle d’ailleurs de “compromis économique et social vertueux”.

Monsieur Lamour nous informe aussi qu’une marche pour défendre un salaire minimum à 15 $ est organisée le samedi 15 octobre. Le départ aura lieu au Parc le Prévost, situé entre les stations de métro Fabre et Jean-Talon. Il s’agit là d’un réel sujet de société qui semble prendre de plus en plus d’ampleur.

Crédits Photos : Marc Daneau

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Échos Montréal

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