Philippe Schnobb a Montréal de tatouée sur le cœur. Après des années passées à Hull, Rimouski, Régina et Edmonton, l’ex-journaliste et actuel président de la Société de transport de Montréal (STM) a fait de la métropole son point d’ancrage depuis bientôt trois décennies. Le temps d’une entrevue, il partage les jalons de sa vie montréalaise.

Philippe Schnobb est né à l’Hôpital Sainte-Justine de Montréal, mais c’est en Outaouais qu’il a passé son enfance et son adolescence. Il a néanmoins senti très jeune qu’il reviendrait vivre dans le lieu de sa naissance. «Quand j’étais petit, je prenais l’autobus pour visiter mon oncle et ma tante qui vivaient à Montréal. J’étais fasciné par la grande ville. Avec l’école, j’avais aussi visité Radio-Canada. J’imaginais que je pourrais peut-être faire carrière dans ce domaine-là.» Son hypothèse s’est transformée en réalité, lui qui est devenu journaliste aux quatre coins du pays, avant de s’établir dans la ville de ses rêves. «Professionnellement, Montréal, c’était là où les choses se passent. C’était un objectif d’y travailler.»

Objectif atteint en 1991, lorsqu’il s’est amené dans les bureaux de Radio-Canada de la métropole. Après des années à couvrir les affaires municipales, il a décidé de franchir un nouveau pas dans sa carrière en lorgnant la politique. Plutôt que de viser un rôle de député provincial ou fédéral, il a voulu œuvrer au municipal en se présentant pour l’équipe de Denis Coderre aux élections de 2013. «Je trouve que c’est le palier de gouvernement qui représente le plus un service public directement lié aux citoyens, avec des décisions qui ont des impacts directs sur eux. Le faire à titre d’élu m’aurait beaucoup plu. Finalement, je n’ai pas gagné mes élections, mais je me trouve quand même dans une situation, à la tête de la STM, où j’ai l’occasion de contribuer à l’amélioration du quotidien des gens.»

Station de métro Outremont © Joanne Brien

Les transports collectifs sont d’ailleurs à ses yeux l’un des meilleurs moyens de prendre conscience de l’une des forces de Montréal: son côté cosmopolite. «Si on prend le métro de Laval jusqu’à la station Côte-Vertu, en regardant les gens qui montent et qui descendent du métro, on voit la ville se transformer au fur et à mesure qu’on avance. En quelque sorte, on peut faire le tour du monde à Montréal. Contrairement à d’autres villes de la planète, dont les réseaux de transport sont davantage fréquentés par certaines classes sociales, la clientèle du réseau montréalais est ultra diversifiée. Tout le monde se côtoie ici.»

S’il aime la diversité de la métropole, il affirme cependant que la grandeur de son territoire peut devenir un obstacle. «C’est parfois difficile de faire les bonnes et les mêmes interventions partout avec les mêmes résultats. Par exemple, dans les transports collectifs, il y a des secteurs plus difficiles à desservir. Ça prend une masse critique pour déployer notre réseau.» Il croit aussi que le sentiment d’appartenance à la ville n’est pas aussi fort qu’il devrait l’être. «On a essayé de créer une mentalité montréalaise avec le projet Une île, une ville, pour que les gens ressentent une fierté de vivre dans cette métropole qui a une grande réputation sur la scène internationale, une ville qui occupe une plus grande place dans l’univers que bien des villes de même taille, mais qui sont moins intéressantes. Sauf que parfois, les gens sont davantage tournés vers nos réalités sectorielles. Il y a un sentiment montréalais dans plusieurs coins, mais je ne suis pas sûr qu’on l’ait développé suffisamment à la grandeur de l’île.»

Quand on le questionne sur son domaine en particulier, Philippe Schnobb commence en parlant de la place enviable de Montréal dans les grandes organisations internationales, dès qu’il est question de transports en commun. Puis, il précise qu’il a été témoin d’un grand virage depuis son entrée en poste il y a plus de six ans, à l’automne 2013. «lorsque je suis arrivé, on demandait de l’argent pour entretenir notre réseau et on était bien content d’en avoir, sauf qu’on ne parlait pas de développement. Les gouvernements ne pouvaient pas se le permettre. On investissait 300 millions de dollars en travaux annuellement, alors que cette année, on parle plutôt d’un milliard de dollars! Il n’y a jamais eu autant de projets en même temps dans les transports collectifs. J’ai eu la chance d’assister au début d’une période de développements considérables. Dans dix ans, le paysage va avoir change complétement.»

Bannière principale © Joanne Brien

À propos de l'auteur

Samuel Larochelle

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