Michèle Bouchard
Collaboration spéciale

Elodie Bouchard
Collaboration spéciale

 

Pour bien commencer l’année, oublions l’inflation, les statistiques et les taux d’intérêt, Parlons nature!

Nous devons beaucoup à la nature, même dans nos constructions, nos maisons et nos villes. Pour se rappeler de s’en occuper et contrer le changement climatique, parlons d’inspiration architecturale par les animaux et les insectes. De plus, notre passion pour l’immobilier va au-delà du marché et des transactions, elle englobe aussi l’architecture, l’équilibre rural et urbain, et plus encore. Pour faire changement, quelques numéros cette année seront consacrés à des sujets alternatifs comme la Nature. 

© Loria Mariae Keulemans

Je vous présente le premier: c’est le jardinier de MacGregor. Cet oiseau, de 26 cm environ, semblable à un merle, habite en Nouvelle-Guinée. Pour accomplir sa parade nuptiale et attirer une femelle, il consacre plusieurs années à construire une tour en bois pouvant atteindre 1,50 mètre environ, tout seul et sans sous-traitants. C’est son immobilier personnel. Ça fait cliché, mais on dirait que la taille compte pour les femelles. En fait, la raison est plus basique. Si le mâle est capable de construire et d’entretenir une tour pareille, c’est qu’il a de bons et forts gènes.

Notre architecte bâtisseur va choisir, comme mât, un arbuste de 95-105 cm de hauteur et de 2-4 cm de diamètre entouré d’autres jeunes arbres qui serviront au mâle de perchoirs pour accéder à son mât; ça remplacera les échafaudages pour la construction. Ensuite il se met à empiler des brindilles (feuilles de bambou, fougères, morceau de lichen blanc…) en commençant par la base et en les entrelaçant autour de l’arbuste (le mât). Le jardinier de MacGregor peut consacrer plusieurs années pour accomplir ce travail titanesque.

Notre architecte bâtisseur est aussi décorateur puisqu’il décore la base de sa tour avec des éléments qui s’harmonisent avec la couleur de son plumage qui est brun olive : baie brune ou noire, morceau de charbon de bois, fleur séchée, petit champignon collé avec de la sève de plante, c’est comme aller chez IKEA mais au naturel. Au pied de la structure, il confectionne un tapis de mousse circulaire d’un mètre de diamètre délimité par une bordure et un manchon entourant la base du mât, ledit tapis de mousse étant l’arène où la danse nuptiale aura lieu quand il aura attiré une femelle.

Ensuite, chez les insectes, le termite, pas plus gros qu’un grain de riz, présent sur 4 continents, est un maçon exceptionnel et un ingénieur en climatisation apparu avant les humains. Dans la savane du désert    de Kalahari au sud du continent africain, il construit des tours pouvant atteindre 10 mètres de haut avec des briques d’argile pour mettre à l’abri la reine qui va être le cœur de la colonie au cours des 40 ans de son règne. Apparu il y a environ 300 millions d’années, cet insecte construit de véritables villes, une termitière peut héberger plusieurs millions de termites. À l’échelle humaine, ces tours sont l’équivalent de gratte-ciel atteignant 1800 mètres et peuvent dater de plusieurs siècles. Les termites construisaient des Griffintowns et des Tour des Canadiens bien avant nous.

Il a conçu un système ingénieux de climatisation pour aérer les galeries de sa cité souterraine. Il construit une colonne centrale avec des orifices latéraux pour faire circuler l’air. Cela permet aussi d’assurer le maintien d’une température de 27 degrés quand il fait 0 degré la nuit et 40 degrés le jour. Le termite boussole lui, construit en fonction des 4 points cardinaux du champ magnétique pour avoir la meilleure exposition au soleil pour régulariser la température.

Quand une brèche est faite dans la tour par un prédateur, les réparations sont effectuées en quelques heures, définitivement plus vite que les nids de poule dans nos rues. Le termite descend à plusieurs dizaines de mètres pour aller chercher de l’eau et en remontant il fabrique des briques avec sa salive en mastiquant de l’argile. Les briques ainsi fabriquées servent à boucher les trous.

Dans le nord du Brésil en 2018, on a même découvert un immense réseau de termitières de 230 000 km2, soit la superficie de la moitié de la France. Ce site exceptionnel est même visible avec Google Earth. La quantité de terre déplacée sur 3800 ans pour réaliser cette gigantesque mégalopole est équivalente à 4000 pyramides de Gizeh.

Cherchez cette année le prochain numéro surprise avec la thématique nature. 

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Michèle Bouchard

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