Quand j’ai appris la triste nouvelle, je ne voulais que me remémorer ce qu’il y avait de meilleur en toi. Alors, il y a tellement à dire !. 

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Tu voulais tant aider les gens qui souffraient de dépendances que tu en as fait une cause qui te survit. Tu savais à quel point, toute forme de dépendance (alcool, drogues, jeux de hasard) est nocive et destructrice. Alors, tu as créé la Maison qui porte ton nom et qui depuis de nombreuses années vient en aide à ceux et celles qui veulent s’en sortir et qui y réussissent tout comme toi.

Pour soutenir cette œuvre magnifique, tu as enchaîné généreusement 13 téléthons. Tu as fait valoir cette cause durant ton mandat de sénateur au Sénat du Canada où ta lutte n’a pas connu le succès qu’elle méritait. Pour te moquer des bien-pensants, tu leur disais: «On ne fait pas que dormir au Sénat, on chante aussi.» Et pour le leur prouver, tu entonnais joyeusement un air avec de tes camarades sans oublier de continuer à batailler pour cette cause qui te tenait vraiment à cœur.

Tu m’as souvent fait rire aussi quand, entre autres, à la fin de ton spectacle, tu quittais le rôle de chanteur-humoriste pour passer le balai, sur la scène.  Et cela, en tes mots, devenait «les grands balais canadiens» sans que tu te moques de l’organisme culturel reconnu que sont les Grands Ballets canadiens.

On t’a donné de grands rôles au cinéma et tu les as joués simplement et magnifiquement. Je ne pourrai oublier celui de l’ouvrier syndicaliste Clermont Boudreau, arrêté de façon arbitraire durant la Crise d’octobre 1970, et à qui il est interdit injustement de sortir de prison pour assister aux funérailles de son père car les autorités carcérales attendent, lui disent-ils: «les ordres».  Ces deux mots souvent répétés furent donnés comme titre du film par le réalisateur Michel Brault qui avait remporté le prix de la mise en scène au Festival de Cannes.

Quant aux vrais-es emprisonnés-es, non seulement de manière arbitraire durant de nombreuses semaines pendant la Crise d’octobre, et ceci, sans aucune accusation formelle ni procès officiel et impartial, leur cause fut portée, à l’époque devant Amnistie Internationale – siège social de Londres, en Angleterre. Pour les emprisonnés-es à qui on promettait de les fusiller au sous-sol de leur célèbre geôle s’ils ne dénonçaient faussement de pseudo-criminels, et tous.tes les autres victimes qui ont osé témoigner malgré le laps de temps qui avait passé, Amnistie Internationale avait publié, en son temps, un rapport dévastateur qui concluait à des actes répréhensibles de «TORTURE PSYCHOLOGIQUE», ce qui peut forcément laisser des séquelles qui ne s’effacent jamais.

Tu as aussi su interpréter au petit écran le rôle marquant d’un ex-Premier Ministre du Québec, honni des Québécois qui avaient choisi de sortir de l’époque de la «grande noirceur» et d’opter pour l’équipe politique du tonnerre.  Tu as rendu ce Maurice Duplessis, dans ses travers d’alcoolique, d’égocentrique, de dictateur, de hâbleur, plus vrai que vrai. Si crédible et si intéressant comme personnage de télésérie que tu as su captiver de nombreux téléspectateurs.  Je me suis procuré la série en DVD afin de pouvoir admirer encore et encore ton immense talent de comédien dramatique qui nous servait une page d’histoire magistrale.

Quant au vrai Maurice Duplessis, la militante syndicale des droits des travailleuses du textile, Madeleine Parent avait été, à son époque, accusée insidieusement d’activité «séditieuse». Elle a tenu tête à Duplessis et a dû se défendre seule, en prenant note de son crayon de tout ce qui lui était faussement reproché. Concernant les militantes du droit de vote des femmes dont Mmes Simone Monet-Chartrand et Thérèse Forget-Casgrain, filles et épouse de juges, elles se sont heurtées pendant des décennies à des fins de non recevoir. C’est finalement l’adversaire de Duplessis, M. Adélard Godbout, devenu alors Premier Ministre du Québec qui accorda le droit de vote des femmes, au Québec, en 1940 alors que les Canadiennes l’avaient déjà obtenu, en 1918.

Jean, tu m’as bercée aussi avec «C’est dans les chansons…» Les artistes ne devinent pas assez à quel point, leurs multiples talents nous procurent du réconfort, au moment opportun. Tu as fait œuvre utile de tout ce à quoi tu as touché et c’est un très grand héritage, pour nous. Alors qu’il est potentiellement question de funérailles nationales, sache que tu les mérites amplement et que des larmes couleront encore d’abondance avec une pensée particulière pour ceux et celles qui auront été tes proches.

Comme tu ne craignais pas la mort et même que tu te prédisais un grand party à ton arrivée au paradis avec tous ceux et celles que tu as aimés et qui t’ont aimé, il s’agit d’un départ attendu, même si lors d’une entrevue, en janvier 2022 avec Patrice Roy de Radio-Canada, tu avais affirmé: «Je ne me sens pas vieux pantoute!» Car 86 ans c’est en core jeune, de nos jours, mais plus sage qu’à 6.

Enfin, pour ma part, je ne peux que t’envelopper des magnifiques paroles du poète François Villon: «Ce sont amis que vent emporte car il ventait devant ma porte. Ces amis que j’avais de si près tenus et tant aimés, le vent les emporta.» 

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Échos Montréal

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